Il y a environ 10 ans, en 2007, je me lançais dans une grande aventure. Ayant loupé le coche de l’épisode X, je me lançais à corps perdu dans Final Fantasy XII et découvrait Ivalice, Rabanastre, l’empire d’Archadia, …
Comme je l’ai déjà dit dans d’autres critiques, on peut mesurer l’impact d’un jeu à la fois par ses qualités intrinsèques, mais aussi par son articulation avec notre vécu. Pour le coup, ma relation avec FFXII est intimement liée à ma vie personnelle, puisque j’avais laissé l’aventure initiale de côté en raison, à l’époque, de profonds changements – plutôt heureux – dans ma vie personnelle. FFXII, l’un de mes favoris, était devenu par la force des choses, également l’une des grandes frustrations de ma vie de joueur : un titre non fini, dont je n’avais pas vu la fin, et que je n’avais pas eu le courage de reprendre, considérant le temps que j’avais laissé passé avant de m’y remettre.
C’est donc en remerciant les bons dieux du jeu vidéo que j’apprenais la sortie du portage / remaster sur PS4. Un espoir large, également doublé d’une crainte. Celle que le souvenir soit sublimé. Un peu – il faut bien l’admettre – comme celui de FFVII, ce jeu que je considère aujourd’hui comme mon BGE, mais auquel, je pense, je serais incapable de rejouer actuellement. J’avais peur que FFXII, qui avait d’ailleurs été pas mal décrié dans son appréciation, ait vieilli, soit devenu obsolète. Je sentais que ses éventuels défauts pouvaient aujourd’hui me sauter aux yeux et fissure ce souvenir fort d’il y a 10 ans.
Fort heureusement, ce ne fut pas le cas !
Je sors de mon run de The Zodiac Age avec un double contentement. Tout d’abord celui d’avoir fini un titre démarré il y a plus de 10 ans, et d’avoir donc bouclé un cycle. Il est d’ailleurs amusant de voir que j’était à l’époque assez proche de la fin du jeu, puisque plus très éloigné du phare … Autre satisfaction : le jeu est toujours resté aussi moderne et avant-gardiste dans son approche, et en y jouant aujourd’hui, je trouve qu’il a posé les jalons de certains éléments de gameplay qui sont entrés depuis dans nos habitudes.
FFXII, c’est déjà une histoire globalement intéressante et mature, puisant avec intelligence dans un contexte riche et dense. Sorti à la même époque que la Trilogie 1-2-3, l’influence de StarWars me semble très apparente (c’est particulièrement frappant lors de la cinématique d’introduction), et on y retrouve cette construction solide, basant le développement de l’histoire avant tout sur un univers cohérent et vivant, donnant l’illusion d’être infini dans ce qu’on peut y découvrir.
Ce sentiment est d’ailleurs appuyé par le concept d’exploration qui commence à être mis en avant dans ce titre. On atteint bien sur pas le niveau de Xenoblade Chronicles et surtout de son petit frère spirituel « X » mais on touche joliment ce concept et cette envie de découvrir les nouvelles contrées d’Ivalice et les détours cachés de certains lieux. Magique et captivant.
Le système de combat, intelligent et dynamique, n’a pas pris une ride. C’est certes un peu passif, mais on se prend au jeu de la configuration de nos gambits, pour rendre notre escouade toujours plus efficace contre les divers ennemis. Je vais reprendre ici une observation très pertinente qu’il me semble avoir lu dans une autre critique : l’ajout de la possibilité de créer des sets de gambits différents, entre lesquels on aurait la possibilité de switcher pour s’adapter aux caractéristiques de certains ennemis aurait vraiment été la bienvenu, mais ce n’est pas là un point rédibitoire.
L’aventure se parcours avec envie et le plaisir d’être confronté à un univers sans doute pas très original mais d’une grande cohérence, empli de magie, de lieux mystiques, de villes vivantes et intelligemment construites. La ligne droite est possible (mais à mon avis un peu compliquée considérant le niveau requis pour abattre les derniers boss) mais les détours nombreux, en particulier grâce aux différentes quêtes de chasse aux monstre. Le tout bien enrobé grâce à une mise en scène efficace et des musiques déjà bonnes au début, mais ici bien réarrangées pour le plaisir de nos esgourdes.
Cerise sur le gâteau, ce Remaster est pour nous autres pauvres Européens l’occasion de découvrir la version International Zodiac Job System, sortie je crois initialement et uniquement au Japon, et qui permet d’affecter des « professions » à nos différents personnages permettant d’orienter leur développement sur certaines spécialisation, comparable aux jobs développés historiquement dans la saga (FFT en est un bon exemple). Précisons que le nouveau choix de construction de cette version, quoique très intéressante, n’est pas dénuée de défaut : le principal est selon moi celui de vous faire choisir un job très très tôt dans le jeu, sans que vous puissiez vraiment apprécier ce vers quoi ce choix va vous mener. Du coup, sans se référer à des documents présents sur le Net, difficile de faire véritablement des choix pertinents en toute connaissance de cause. J’aurais préféré un système plus proche de celui de Final Fantasy Tactics, avec la possibilité de changer à tout moment de job, moyennant la nécessité pour chaque choix de redémarrer le développement de certaines techniques ou aptitudes.
Je suis peut-être un vieux con du jeu vidéo, peut-être trop influencé par la nostalgie, mais je trouve véritablement que cet épisode de Final Fantasy prouve par cette nouvelle sortie sur PS4 son statut d’œuvre majeure du RPG. Il était avant-gardiste à l’époque, il reste aujourd’hui particulièrement moderne et agréable à jouer, même 10 ans après.
Personnellement, la boucle est bouclée. Et FFXII s’impose grâce à ce Remaster comme l’un des jeux les plus importants de mon histoire de joueur.
Faram.