C'est fidèle à mes habitudes qu'il a fallu attendre jusqu'au 16 septembre de cette année (soit l'an de grâce 2017 et presque un an après la sortie initiale du jeu) pour que je mette enfin la main sur le très controversé Final Fantasy XV. Un délai qui aura été l'occasion pour les développeurs de nous sortir deux DLC majeurs ainsi que tout un tas de patches et de mises à jours censées améliorer l'expérience de jeu. Décrié par une partie (bruyante) des joueurs, Final Fantasy XV jouit d'une assez mauvaise réputation et certains ne se privent pas pour crier à qui veut l'entendre qu'il s'agit là d'un des plus mauvais opus de la série. Après une trentaine d'heure de jeu, il se révèle que la réalité est plus nuancée que ça.
Final Fantasy XV vous fait suivre l'histoire de Noctis Lucis Caelum, prince de son état, parti en voyage avec ses compagnons Ignis, Gladiolus et Prompto dans le but de préparer son mariage avec l'Oracle : Lunafreya Nox Fleuret. Effectivement Noctis est le Roi Élu : celui qui, selon la légende, libérera la Terre des Ténèbres. De ce fait son alliance avec l'Oracle, seule personne capable de communiquer avec les Dieux, est essentielle à l'accomplissement de sa destinée et à son obtention de la grâce des Six Astraux. Mais de plus le mariage entre Noctis et Lunafreya (car c'est bien ce qui est sous-entendu par "alliance") est censé sceller un futur traité de paix entre le Lucis et le Niflheim, royaume ennemi du Lucis.
Toutefois, il se révèle rapidement que la cérémonie de signature du Traité de Paix entre les deux royaumes ennemis n'était qu'un leurre et que le Niflheim profite de leur arrivée à Insomnia, capitale du Lucis, pour lancer une attaque éclair (relatée dans le film Kingsglaive) tuant le Roi Regis, père de Noctis et prenant le contrôle à la fois de la capitale et du Cristal : un artefact millénaire donnant à la lignée des Lucis Caelum leurs pouvoirs si spéciaux. C'est donc à la fois en voyage et en cavale que Noctis traversera la contrée d'Eos, dans le but de re-réclamer son trône et défaire les machinations du Niflheim.
En réalité, et malgré ce synopsis, une grande partie de Final Fantasy XV semble beaucoup plus se concentrer sur son aspect "road-trip" que sur la dimension géopolitique de son intrigue, au point que celle-ci semble passer au second plan durant la majorité de l'aventure et empêche à la bonne compréhension des tensions et alliances entre les différents pays du continent d'Eos. De manière plus générale et malgré ce souci, Final Fantasy XV réussit à raconter une histoire intéressante avec des personnages tout aussi intéressants et attachants mais semble avoir une réelle difficulté a concilier la scénarisation habituellement assez lourde des Final Fantasy avec son choix de l'open-world. Cette difficulté est parfaitement résumée par la dernière partie du jeu, de son chapitre 12 jusqu'à sa fin, qui contraste totalement avec le reste du jeu tant elle est dirigiste et couloir; et malgré une très belle conclusion il est dommage de voir le jeu arrêter d'essayer de conter une histoire au sein de son open-world pour plutôt forcer totalement le joueur à suivre son rythme.
Cela n'empêche toutefois pas Final Fantasy XV d'être un très bon jeu dont l'univers et les mécaniques de combats sont certainement les deux plus gros points forts. Annoncé dès le départ par son slogan "A Fantasy based on reality" ("Un récit fantastique fondé sur la réalité" en VF) le monde du jeu semble témoigner d'une tentative de "crédibilisation" du lore de la série, et il faut dire que cela marche étonnamment bien ! Les magies, objet magiques, et autres éléments fantastiques si connus des fans semblent tous avoir un sens dans cet univers et ne pas être là uniquement "parce que c'est magique". L'univers du jeu de manière générale fait extrêmement plaisir à voir, premièrement parce que le jeu est magnifique tant au niveau de ses graphismes, de ses choix de couleurs ou de ses animations et ensuite parce que les environnements qu'il nous fait traverser sont à la fois variés, assez réalistes ET fantastiques pour tous trouver leurs places dans cet univers.
Pour leurs parts, si les combats du jeu peuvent parfois se révéler brouillons et bien moins techniques que ce que nous avaient promis les développeurs, ils réussissent tout de même à posséder une certaine dose de technicité apportée notamment par le fait que chaque ennemis possède des faiblesses, prenant alors plus de dégâts contre certaines armes ou éléments et forçant le joueur à adapter son arsenal à ses cibles. Des cibles d'ailleurs extrêmement diverses, partagées principalement entre daemons, animaux et soldats magiteks. Si ces derniers font surtout office de minions à dézinguer à la pelle, la diversité du bestiaire d'Eos est sans aucun doute l'un des gros points forts du jeu, tant ses animaux comme ses monstres viennent dans des tailles et des formes extrêmement différentes les unes des autres mais toujours dans un environnement qui leur semble habitable (les crapaud géants dans les marais par exemple).
Les combats seront de plus l'occasion d'observer Noctis et ses amis attaquer en groupe, ces derniers pouvant lancer des combos en duo ou quatuor en certaines occasions. Et là est un autres des points forts de ce Final Fantasy XV : le fait que le jeu nous fasse ressentir les liens qui unissent nos quatre personnages principaux par son scénario mais également par son gameplay, le tout afin de renforcer cette idée de road-trip entre amis et de permettre au joueur de s'attacher à ses personnages avec lesquels il aura tant d'occasions d'interagir.
Cela dit, le jeu n'est pas exempt de défauts, les plus gros se trouvant notamment dans ses quêtes dont un nombre beaucoup trop important ne consiste qu'en de vulgaires aller-retours pour aller chasser un monstre ou récupérer un item. Un nombre conséquent de quêtes ne revêtent aucun intérêt réel, cela sans compter les longs déplacements en voiture (certains trajets pouvant cependant être coupés et remplacés par de tout aussi longs temps de chargement). De même, le fameux Chapitre 13 du titre semble tout droit sorti d'un autre jeu tant son ambiance et son gameplay semble aux antipodes de tout ce que celui-ci construisait jusqu'alors. Ce chapitre et ceux qui suivront sont un parfait exemple et une trace évidente d'une équipe qui a eu tout le mal du monde à créer une histoire cohérente et logique au sein d'un système ouvert, système dans lequel le joueur à l'habitude d'aller pêcher (mission secondaire) entre deux guerres (missions principales). Pour remédier à ce souci, la solution a visiblement été de limiter les déplacements du joueur pour qu'il n epuisse faire que ce qui était attendu de lui. Dommage...
Cela dit, l'on ressent un réel plaisir à suivre Noctis, Ignis, Gladiolus et Prompto dans leurs aventures. C'est un plaisir de les voir évoluer, de voir leur relation et personnalités s'affirmer. C'est un plaisir de découvrir la contrée d'Eos et les lieux parfois étrangement familiers, parfois atypiques qu'elle présente.
Final Fantasy XV réussit à être dépaysant, à être accueillant et chaleureux, froid plus tard et même triste vers sa fin. Final Fantasy XV est peut être un jeu où l'univers dépasse les personnages, dans un parallèle parfait avec le personnage de Noctis, lui même dépassé par un rôle et une destinée qui lui sont imposés, et c'est peut être là la plus belle réussite du jeu.