Il y a beaucoup à dire, mais je crois que c’est le premier jeu qui m’ait énervé émotionnellement. Il ne m’a pas enragé dans le sens où je peux m’agacer sur un moment difficile ou bien sur une injustice dans le jeu. Il m’a énervé quand j’ai eu la vision de ce qu’il était et surtout de tout ce qu’il aurait pu être. FFXV est assurément l’un des plus grand gâchis de l’histoire du jeu vidéo.
FFXV avait commencé pour moi avec Kingsglaive qui avait su introduire avec brio les événements déclencheurs de notre périple ainsi que les bases géopolitiques et les personnages qui peuplent cet univers. Après toute la communication maladroite qui avait été faite autour du jeu, je me voyais déjà un peu plus rassuré, surtout que la dernière démo semblait corriger pas mal d’erreurs techniques qui faisaient craindre le pire à la origine.
Me voilà plongé dans les premiers chapitres de FFXV et immédiatement le jeu a su m’emporter dans son monde ouvert, visuellement plutôt cohérent mais aussi parsemé d’environnements magnifiques et variés. J’ai aimé parcourir les routes et les chemins d’Eos dans ma benz benz benz avec mes bro. J’ai aimé découvrir des donjons peuplés de monstres de niveau plus ou moins élevés au détour d’une quête. J’ai aimé les quatre protagonistes avec lesquels j’ai traversé champs et marécages pour aller triompher de monstres sanguinaire ou de paisibles girafes.
Certes les systèmes de combat et d’évolution manquaient de profondeur mais j’ai pris plaisir à combattre quelques boss et ennemis uniques éparpillés au travers des donjons. La caméra n’était pas parfaite mais bien meilleur que tout ce qui était à craindre.
Tout allait bien… et ce, jusqu’au chapitre 9. Internet avait déjà vendu la mèche, ce chapitre marquait le tournant de l’histoire. Histoire qui s’achevait au chapitre 15. Histoire qui n’avait pas encore réellement commencée. En huit chapitres je ne m’étais battu qu’uniquement pour récupérer ma caisse qui avait été volée par le vilain empire et récupérer deux ou trois power up dans des donjons (armes fantômes et invocations), vois le niveau de l’avancée dans le scénario.
Après un combat de boss brouillon, le chapitre 9 se finit sur un tournant émotionnel qui était supposé faire briller nos yeux de tristesse et nous mettre à terre (en PLS comme disent les jeunes). Le problème c’est que rien n’a encore été installé dans le jeu, on observe les événements avec détachement, l’équipe du jeu ayant oublié qu’avant de nous rendre triste pour la mort d’un personnage, il faut nous le présenter.
Mais finalement ce n’est pas le pire en comparaison des chapitres suivant. On se retrouve propulsé à bord d’un train avec un Ignis devenu aveugle (sans voir ce qu’il s’est passé), qui se bat aussi bien que lorsqu’il voyait mais par contre incapable d’avancer à plus de 2km/h parce que tu comprends le trauma tout ça. Bref on rentre dans le ridicule, les problèmes de script, de narration. Toute l’histoire sera maintenant une ligne droite représentée par une belle ligne de chemin de fer sur la carte, plus jamais on ne s’écartera d’elle. On enchaîne sur de courtes séquences où les trous béants dans le scénario sautent aux yeux et où le rafistolage est purement amateur. On croise par la fenêtre du train une ville où on aurait dû combattre l’empire, une montagne où on serait allé chercher Shiva et surement tout une deuxième partie de l’open world prévu à la base par les développeurs.
Je passe sur le chapitre 13 où on essaye de nous faire pleurer sur une voiture cassée et sur son inutile passage d’infiltration où l’on apprend limite par mégarde que l’empereur s’est transformé en démon et que c’est lui que l’on affronte dans les couloir de la citadelle. Tout par en couille, on se retrouve propulsé 10 ans dans le futur parce que le méchant est tellement méchant que tout ce qu’il veut dans la vie c’est affronter notre héros au maximum de sa puissance. Un plan qui ne se déroule évidemment pas sans accrocs.
Rien n’a putain de sens dans cette seconde moitié, tout est bâclé, impossible de recoller les morceaux sans essayer de reconstruire dans sa tête la vision originale des auteurs, l’œuvre en 3 opus qu’avait prévu ce trop ambitieux Nomura. Le jeu se termine sur une séquence au coin du feu qui aurait pu être magnifique, un moment intense mais c’est trop tard la production a assassiné le jeu.
Au final je m’attendais tout sauf à ça, je m’attendais à une purge technique à cause d’un développement sur deux générations chaotique et à un scénario au poil travaillé sur dix longues années. J’ai eu complètement l’inverse. FFXV est un immense gâchis, un jeu que je voulais aimer, un jeu qui avec un an de plus aurait pu être un grand jeu.