En général, quant on devient trentenaire c’est un cap difficile. On peut dire que le cas se présente pour Final Fantasy avec ce 15e opus. Des années d’attentes pour tristement constater que Final Fantasy XV n’est « que » un bon open-world AAA parmi tant d’autres.
Le titre exhibe sa détresse face à sa mutilation. Devant un tel saccage de narration, point de miracle : bon nombre de personnages sont mal construits au point qu’on peine à s’émouvoir de ce qu’ils leur arrivent. Et c’est là qu’on rage car le casting était vraiment prometteur. Le quatuor dirigé par Noctis sauve le désastre industriel mais les héroïnes (Luna, Gentiana, Aranea, Iris et Cindy) sont complètement snobées et n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Malgré toute cette négativité, le jeu a une bonne note car il a de nombreuses qualités qui m’ont permis d’y rester plus de 100 heures. Dans ce massacre orchestré, on arrive à extirper parmi les rescapés l’univers cohérent d’Eos : c’est un vrai miracle quant on sait que ça a été construit sur les cendres fumeuses de la mythologie Fabula. Après la cohérence de son monde, le symbolisme très présent (et réussi dans son traitement) fait office de second sauveur pour le scénario. Ce dernier parvient à garder son cap malgré son agonie de souffrance tant les mutilations sauvages à coups de poignards ont été nombreuses. L’OST de Shimomura est belle à pleurer ( Apocalypsis Aquarius, Hellfire en phase III, Stand your Ground, Omnis Lacrima…) et les invocations d’une puissance à tomber. Même le méchant est une sincère réussite tant il est manipulateur et détestable. Le road-trip à l’américaine est plus vrai que nature avec sa gestion de la Regalia (plus qu’une voiture, c’est un personnage à part entière cette caisse.), de l’XP à récolter durant son sommeil et surtout la bouffe, aux assiettes incroyablement appétissantes. C’est le premier RPG qui m’ait donné envie de compléter les recettes de cuisine. Le système de combat dynamique fait le job sauf que la magie inutile et la gestion désastreuse de la caméra l’empêche de bien prendre son ampleur.
Les donjons sont nombreux avec un level design très bien cogités pour certains d’entre eux : Pitioss va surement entrer dans l’histoire, de part la mythologie qu’il essaie de raconter à travers tout le symbolisme qu’il habite et sa manie de rendre fou n’importe quel joueur ayant tenté son exploration. Finissons cette liste de qualités par l’une des meilleures du jeu : l’alchimie parfaite entre Noctis et ses trois potes. J’étais sceptique, le pari était risqué mais il a été rempli. Le professionnalisme impeccable du doublage français y fait beaucoup.
Final Fantasy XV reste un condensé d’émotions extrêmes où l’amertume prédomine finalement. J’estime qu’une seule fin n’est plus d’actualité en 2017 pour une telle licence. Certes, je vais encore prendre The Witcher III comme exemple mais il est temps que le joueur décide désormais de lui-même de la destiné à choisir parmi plusieurs fins disponibles. En gros, Final Fantasy est un champion senior un peu usé sur certains points malgré des idées efficaces et une DA toujours étonnante.
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