Schizophrénique

FFXVI est un jeu schizophrénique capable de souffler le chaud comme le froid d'une heure à l'autre. Pour une fois, les bonnes comme les mauvaises critiques sont légitimes, et les exagérations positives comme négatives peuvent s'entendre.

Plutôt qu'une analyse descriptive, voici quelques points qui illustre la dimension ambivalente du jeu :

- A priori, l'univers est relativement "pauvre" visuellement : des environnements assez génériques, pas plus inspirés et inspirants que ne le sont ceux des AAA occidentaux caricaturaux à première vue. Et pourtant, pour des raisons d'échelle de grandeur, de colorimétrie, de panorama et parfois même de bon choix de level design (le désert) on se surprend à trouver aux différemment biomes un charme certains (ou un certains charme...) qui leur permet, malgré une direction artistique "réaliste", d'avoir une identité propre, qui ne manquera pas de marquer beaucoup des joueurs

- Le choix d'avoir un hub et d'un retour mappemonde à la fin de chaque zone : cela brise grandement la sensation de voyage. Une zone, une cutscene, un retour à la map soit pour aller dans la prochaine soit pour retourner au hub... C'est déroutant, sans être incompréhensible ou un mauvais choix; compte tenu de l'attachement que vous allez avoir avec le hub, son ambiance et ses protagonistes, je pense que c'était un "mal" nécessaire et voulu. Mais je m'attendais vraiment à une proposition à la FFXII ou Arise pour un jeu plus récent, c'est malheureusement (malheureusement ou non, je ne sais toujours pas) pas le cas

- La mise en scène de l'annexe, avec le champ contre champ que je trouve vomitif et laborieux, qui est contrebalancée par la mise en scène des évènements principaux du récit, notamment les fameux combats de chimères, maîtrisés d'une main de maître du début à la fin

- Toujours concernant l'annexe : passer d'un combat titanesque à la recherche d'une tulipe sacrée à cueillir pour sauver ton PNJ random favoris, ça ne fait aucun sens selon la fameuse règle de la cohérence "ludo-narrative", en plus d'être redondant. Mais pourtant, ils arrivent toujours à justifier ça, et le tout prendra une autre dimension avec les dernières annexes du jeu, globalement importantes ou offrant une belle conclusion aux "arcs" propre aux acolytes du hub.

- Le scénario : team on est très gentil ici, et on veut sauver le monde, versus team on est méchant et on veut le détruire. Sans parler de l'effondrement de certains personnages clés (mon plus gros reproche je pense)... ET pourtant, le jeu a plus subtilités au niveau de son récit qu'il n'y parait, il y'a déjà pas mal d'analyses (que ce soit sur le fond et même "meta") de qualité qui trainent un peu partout sur le net. A noter que le second couteau du méchant principal (l'équivalent de Seymour ou de Gabranth) est sans doute le meilleur second couteau qu'on aura vu depuis longtemps : en creusant le lore, on comprend rapidement que tout ce qu'il fait a un sens, et qu'il en est récompensé par une scène que j'ai trouvé mémorable.

- Le gameplay : c'est bien mais, plus que tout le reste, c'est très éloigné de la logique FF tpt, et même du ARPG. On est plus sur un BTA-lite RPG, qui ne manque pas de charme ou de profondeur, à condition d'avoir débloqué au moins les 3-4 premiers pouvoir, qui vont mettre du temps à arriver (au moins 20h selon votre rythme)... C'est sympa et plaisant, mais personnellement ce n'est pas ce que je désire pour la suite.

8/10, qui devait d'abord être le meilleur 7/10 jamais donné pour ma part, mais j'en retire globalement beaucoup de satisfaction, une expérience bizarre, étrange, inconstante, une sensation que je pourrais rapprocher de celle de Nier...

Au final, peu importe la note.

FFXVI est un jeu marquant mais pas de la manière qu'on aurait nécessairement voulu. C'est le jeu de tous les paradoxes, un FF, mais pas un JRPG, puis pas un FF, mais un JRPG, aux inspirations marqués (GoT) mais qui finalement n'ont strictement rien à voir. Reste alors l'interprétation finale, la dimension meta que j'évoquai plus haut : le début d'une chose, mais la fin d'une autre.

FFXVI est une expérience unique qui mérite d'être vécue.