Schizophrénique
FFXVI est un jeu schizophrénique capable de souffler le chaud comme le froid d'une heure à l'autre. Pour une fois, les bonnes comme les mauvaises critiques sont légitimes, et les exagérations...
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le 5 juil. 2023
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Introduction
La série Final Fantasy semble se chercher depuis la fin de l’ère PS1, sans jamais réellement se trouver. Après un FF X, dernier grand jeu tour par tour selon moi de la saga, la série a progressivement divergé vers des spin-off plus ou moins douteux ou des opus principaux controversés, je fais volontairement l’impasse sur les opus MMO que je n’ai pas touché. FF XII ? Probablement un des opus qui me parle le moins. FF XIII ? Un grand jeu, que j’ai pris longtemps à apprécié. Une flopée de suites inutiles à cet opus, et l’arlésienne FF XV sortait après 10 ans de développement chaotique.
C’est que vous comprenez, le RPG, le tactical, la stratégie, tout ça ne fait plus vendre. Dans une ère digitale où tout doit aller de plus en plus vite, il faut que là aussi, dans le JRPG, le jeu succombe aux sirènes du jeu d’action. Alors progressivement FF s’est tourné vers l’action couplé RPG, avec des titres plus ou moins réussis, comme Crisis Core, Stranger of Paradise (très bonne surprise) et FF XV. A mon sens le gameplay de FF 7 remake en 2020 était le meilleur émissaire de l’avenir de Final Fantasy, en couplant la barre ATB avec l’action ( le fait de frapper votre ennemi la fait monter plus vite).
Mais un homme a décidé que ce n’était pas suffisant. Un développeur, Naoki Yoshida, le sauveur de FF XIV, a demandé qu’on lui octroie la totalité du développement d’un opus principal de la saga, et a décidé que le jeu serait le premier véritable action-RPG de la saga. Exit le tour par tour, exit l’ATB, bienvenue dans le beat them all pur. Quitte à se mettre à dos les derniers fans restants de la saga, Yoshi-P a fait de FF XVI une anomalie.
Quand j’ai vu les premières images du jeu, je n’étais pas emballé. Sans être dégoûté, l’univers médiéval dans les FF, c’est pas trop mon truc. Je préfère de loin la SF. Et pourtant, au fur et à mesure que le jeu s’est dévoilé, que j’ai vu que le jeu serait tourné purement action avec quasiment rien de RPG, que j’ai vu l’histoire, les personnages, les musiques et que j’ai vu la démo, j’ai tout de suite compris que j’avais probablement devant moi l’un des Final Fantasy les plus ambitieux, les plus réussis depuis au moins FF XIII.
Après 60H de jeu, avec la totalité des quêtes secondaires effectuées, je peux enfin me prononcer et parler de ce Final Fantasy qui est à mon sens, le premier FF moderne qui m’a vendu du rêve avant et pendant l’expérience de jeu, au contraire du XV qui m’avait déçu manette en main.
1) Contexte et Univers : Clive et Valisthéa
Le jeu débute sur une introduction parfaitement maitrisée, qui rappelle les meilleures heures de la saga ( le VII et le VIII notamment). On y incarne un énigmatique personnage, Wyverne, mercenaire esclave envoyé pour assassiner l’émissaire de Shiva. On comprend rapidement que le personnage a vécu un drame personnel qui l’a traumatisé. La perte de son royaume de Rosalia, dont il était un des princes héritiers, la mort de son frère, émissaire de Phénix, tué par un primordial de feu, Ifrit.
Le jeu s’inspire énormément de Games of Thrones, et ce n’est pas pour déplaire. Trahison, violence, rien n’est épargné au personnage. Dès lors, ce dernier ne vit que pour la vengeance. Jusqu’à sa rencontre (un peu téléphoné) avec Cid, un anarchiste émissaire de Ramuh, qui veut changer le monde de Valisthéa où les pourvoyeurs sont persécutés ( comprenez les personnes, comme Clive qui peuvent utiliser la magie sans cristaux) et discriminés.
Au fur et à mesure de sa rencontre avec Cid, puis Jill son amie d’enfance ( et love interest) et son chien loup Talgor, Clive va s’ouvrir aux autres, apprendre progressivement la dure vérité sur son passé et devenir un héros. On peut considérer clairement que ce final fantasy possède un tutoriel l’un des plus longs de la saga. Vous vous souvenez du tuto de FF XIII de 20H ? J’ai eu la même sensation ici. Mais ce n’est pas pour autant que j’ai trouvé ça mauvais.
Au contraire, ce FF prend le temps de poser l’évolution physique et mental du personnage qu’on va suivre sur une période de ces 15 ans, puis à 28 ans et enfin à 33 ans. On pose les personnages, notamment Cid qui est le meilleur de toute la saga, en terme de charisme, ou encore Benedikta qui est la première antagoniste rencontrée dans cet opus ( et l’un des deux trois meilleurs personnages féminins de cet opus, avec Jill, Annabella et Mid).
J’ai apprécié l’histoire qu’on m’a raconté, et surtout j’ai ressenti l’inspiration FFVI sur la manière dont se déroule le scénario, avec des rebondissements, des sauts dans le temps, l’évolution du personnage. Le monde de Valisthéa, régit notamment par des conflits géopolitiques, m’a semblé bien plus intéressant que le monde d’Eos du XV, et surtout semblait parfois être un reflet de notre monde actuel.
Pour aller rapidement dans le détail du scénario, le jeu traite une nouvelle fois, comme le XIII, de la lutte entre les humains et un dieu, en l’occurrence Ultima, pour vivre dans un monde voué à un destin tragique. Malgré le caractère imparfait de l’être humain, le fait qu’il dispose d’une volonté le pousse à continuer à vivre coûte que coûte en homme libre, alors qu’Ultima n’aspire qu’à effacer une humanité qu’il juge imparfaite et couverte de pêchés. J’ai adoré chacun des antagonistes du jeu, que ça soit Hugo Kupka et sa liaison amoureuse tragique avec Benedikta, ou encore Barnabas le roi fou, et particulièrement Annabella Lesage, la mère de Clive, très fortement inspirée d’une Cersei Lannister.
J’ai aimé l’écriture des personnages amicaux secondaires, comme Jill Warrick, qui brille peu avant le time skip et qui ensuite prend beaucoup de consistance dans sa relation avec Clive, la scène de la plage est une digne descendante de la scène du balcon de FF 8 et du bal. J’ai aimé la relation de Clive avec Byron son oncle, j’ai aimé la relation qu’il a avec Joshua son frère, j’ai aimé le traitement du personnage de Dion Lesage, qui est le premier personnage LGBT présent dans un Final Fantasy. Je me suis remémoré le XV et sans l’ombre d’un doute, les personnages du XVI atomisent en terme d’aura, en terme de présence, la totalité des personnages du XV.
Le premier bon point de Naoki Yoshida, c’est qu’il a su conserver selon moi l’essence d’un Final Fantasy, avec beaucoup de clins d’œils aux anciens opus ( j’ai relevé selon moi des références au IV, au V, au VI, VII,VIII, IX, XII), tout en musclant la maturité ,qui cependant n’est pas encore à mon sens suffisamment développée. On sent encore de temps en temps le coté niais d’un FF, le côté Shonen adolescent. Mais on est clairement sur du mieux par rapport à un FF 7 remake, c’est le jour et la nuit.
2) Gameplay et monde ouvert : ça passe ou ça casse ?
Parlons du cœur du jeu, ce qui va vous occuper pendant longtemps, le système de combat. A mon sens, c’est le meilleur système de combat orienté « Action » que j’ai vu dans un « Jrpg ». C’est mieux que Tales of Arise pour faire une comparaison. C’est d’une fluidité impeccable, le flow de jeu ne s’arrête quasiment jamais et vous pousse tout le temps, tout le temps à faire des combos pour achever plus vite vos ennemis.
Le jeu propose trois types d’ennemis. Les mobs basiques (des gobelins, des loups…) que vous pouvez tuer facilement avec des combos à l’épée ou en les achevant au sol. Les mid-boss, les ennemis qui possèdent une barre d’endurance jaune (comme dans FF 13). Cette barre d’endurance peut descendre grâce aux compétences des primordiaux que vous allez obtenir dans le jeu au fur et à mesure du jeu (Clive pouvant absorber, par une pirouette scénaristique, les pouvoirs des primordiaux).
Et c’est là que l’aspect stratégique (l’unique présent dans le jeu malheureusement) fait son entrée. Vous allez pouvoir construire une build de palette de coups qui se déclenchent avec R2 + carré ou R2+ triangle (on peut porter 3 primordiaux, donc 6 compétences). Certains font des dégâts physiques, d’autres font plus des dégâts de « break », sur la jauge d’endurance. Ajouter à ça que à la moitié de la jauge d’endurance brisée, l’ennemi est étourdi quelques minutes, que le primordial Garuda permet par exemple d’attraper son ennemi pour le ramener vers soi, et bien dans le cas d’un boss, vous pouvez le faire chuter à terre et ainsi prolonger son étourdissement, pour derrière l’enchainer, le faire tomber en déstabilisation (barre jaune à 0%) et l’enchaîner derrière avec un multiplicateur de dégâts.
Les compétences se rechargent toutes seules (coucou l’ATB), votre personnage peut esquiver aussi bien en l’air que à terre, quand un ennemi vous met au sol, une simple pression sur R1 permet à Clive de se remettre sur le sol via une pirouette, on peut tirer des salves de magie (simples ou chargés), on peut contrer les ennemis via la compétence bouclier de Titan, on peut faire des Zantetsuken avec Odin… Bref pour moi, malgré le côté ultra répétitif, et ultra bourrin de ce Final Fantasy, j’ai trouvé le système de combat incroyablement fun et plaisant à jouer. Même en mode action, quand tu as compris le truc, que tu compris quelle palette de coups était la plus appropriée, que tu as certains accessoires qui te permettent de faire plus de dégâts ou de recharger la compétence plus rapidement, ça devient fun à jouer.
Les effets visuels lors des combats sont excellents, ça ne rame quasiment jamais, c’est fluide, c’est fun, c’est dynamique, c’est le meilleur système de combat action RPG auquel j’ai joué dernièrement. Par contre très clairement, tout a été simplifié au point de ne plus prendre en compte les dégâts élémentaires. Ou les états alternatifs (poison, muet…). Tout ça c’est quasiment terminé, hormis pour les ennemis qui peuvent se lancer un sort bouclier ou bravoure. Ça ne plaira clairement pas à tout le monde.
Pour ma part, en tant que grand fan de FF, j’ai aimé cette proposition de gameplay, je ne souhaite pas forcément que si XVII il y a, qu’il soit repris à l’identique, mais pour un jeu, à l’échelle de la saga, franchement ça m’a fait plaisir de jouer à FF purement action.
Parlons des combats de primordiaux très rapidement, ils sont le money shot du jeu, ils sont très fun à jouer (sauf le combat contre Titan déchaîne que j’ai trouvé un peu too much) et voir même plus dynamiques que les combats avec Clive, car Ifrit peut effectuer des combos aériens bien plus facilement que Clive.
Parlons maintenant de la structure du jeu et du monde : le jeu est une ligne droite. Ça ne vous a pas dérangé avec FF X et FF XIII ? Vous n’aurez pas de problème avec ce jeu. Vous voulez un open world comme le XV ? Vous ne l’aurez pas. Vous enchaînez des couloirs plus ou moins ouverts, avec des combats, une cinématique, des combats, une cinématique. De temps en temps, un coffre par ci-par là.
Même chose sur la partie semi-monde ouvert, l’exploration a le mérite d’exister, est-ce qu’elle sert à grand-chose ? Honnêtement non. C’est dommage. Est-ce pour autant je dois défoncer le jeu, et dire que c’est pas bien ? Non. J’ai pris plaisir à me ballader dans le monde de FF XVI, car les paysages sont justes magnifiques. De la forêt, en passant par les déserts, j’ai voyagé. Maintenant le fléau noir permet une nouvelle pirouette scénaristique, d’empêcher la visite (sauf dans le prologue) des lieux rongés par l’éther. Du coup c’est tellement dommage de se dire que les îles de fer, on les visite pas tant que ça, ou encore le royaume de Barnabas, paraît bien vide. C’est clair que le monde de FF XV faisait mieux que FF XVI, ou tout est dirigiste avec un peu de liberté octroyée par moment. Est-ce que ça m’a gêné ? A partir du moment où l’histoire m’emporte, et le gameplay est bon, c’est pas gênant. Je m’attendais à pire que ça même pour ainsi dire.
3) Les défauts du titre
Faisons un point rapide des défauts de Final Fantasy XVI. Ils sont à mon sens au nombre de 2 principalement. Primo, sa technique défaillant en mode performance. Le jeu est très beau, mais par moment, en mode performance, le drop de FPS est impressionant. On se rend compte aussi que le rendu in-game du moteur, fait très ère PS3 par moment, dans l’animation des personnages. Par contre dès qu’on est dans une cinématique, là ça déchire.
Le second point négatif c’est le rythme du jeu, gâché par moment, à cause des quêtes secondaires qui sont franchement pas très qualitatives, hormis quelques unes. Certaines sont directement intégrées au scénario principal ( le moment de Mid, où tu dois construire le bateau, on t’envoie parler à tel bonhomme puis tel bonhomme puis aller chercher tel ingrédient…), d’autres sont facultatives. Cela perturbe l’expérience de jeu, et on sent que c’est là pour étirer le scénario principal qui aurait duré moins longtemps.
Voilà ce que je reproche principalement au titre, et évidemment, le côté RPG trop réduit au minimum qui aurait pu, je pense, être allégrement mieux pensé, le fait par exemple que l’on contrôle que Talgor c’est pas ouf. Et c’est limité à son maximum, ça sert pas à grand-chose.
Conclusion
Ce Final Fantasy m’a vendu du rêve. Et manette en main, j’ai eu ce rêve. Qu’est-ce que c’était bien. Pour moi il est clairement au dessus du XV, ça m’a donné envie justement de refaire le XV en édition royale sur PS5 pour juger s’il est en dessous ou au dessus. Mais pour moi, clairement, on est au dessus du XV largement. Il bat le jeu à plate couture de partout.
Meilleur Gameplay, Meilleure histoire, meilleurs personnages, meilleur univers. La musique du XVI est excellente, avec un nouveau compositeur qui fait honneur aux précédents, sans atteindre toutefois leur maestria. Certes beaucoup de défauts à ce jeu, mais qu’est-ce que je l’ai aimé.
Je lui reprocherai toutefois sa fin, encore une fin une deuxième fois d’affilée où le héros meurt et se sacrifie. Autant cette fin a marché sur moi dans le XV, et pour moi même cette fin relevait le niveau du jeu, autant après avoir eu un univers ultra sombre, un personnage Clive Rosfield ultra torturé, qui a subit de lourds traumatismes tout au long de sa vie, ne pas lui offrir un happy ending, j’ai trouvé ça dommage.
On tue le personnage pour tuer le personnage, pour espérer faire comme Final Fantasy X. Sauf que ça ne marche pas. Du moins ça marche moins. J’accepte cette fin, mais en soi, je la trouve un peu décevante. Clive Rosfield n’avait pas à mourir, on aurait au moins pu laisser une fin ambiguë.
Quoi qu’il en soit, un grand merci à la Business Unit 3, à Square Enix, aux équipes de Yoshi P qui livrent un grand jeu. Si la série Final Fantasy s’arrête sur cet opus, c’est presque parfait. Ça valait le coup d’acheter une PS5 pour jouer à cette pépite. C’est pas le meilleur opus de la saga, mais clairement il fait désormais partie de mon top 5 FF.
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Créée
le 16 août 2023
Critique lue 32 fois
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