Fire Emblem: Shadow Dragon
6.9
Fire Emblem: Shadow Dragon

Jeu de Intelligent Systems et Nintendo (2008Nintendo DS)

Voici donc le deuxième remake de FE1, et la seule façon légale de découvrir l’aventure de Marth en occident. À titre personnel, ce jeu fut également ma toute première expérience avec la série.


En termes de narration et de mise en scène, je dois dire qu’on était en droit d’attendre plus de ce remake. Il y a quelques illustrations bien sympathiques et un prologue complètement inédit, mais hormis cela, pas grand-chose. Il y avait pourtant matière à rendre le scénario plus poignant, mais le potentiel n’a pas été exploité. Il y a même de nombreux exemples où Marth ne répond même pas à son interlocuteur ; c’était compréhensible sur NES, mais là c’est juste bizarre.

Concernant le prologue, il est sympa, mais c’est vraiment dommage qu’il ne soit disponible qu’en mode Normal. Je ne vois pas ce qui les empêchait de nous donner le choix de le faire ou non en mode Difficile, comme pour l’histoire de Lyn dans FE7 par exemple.


Les musiques sont dans l’ensemble oubliables. On retiendra tout de même certaines nouvelles compositions comme Footsteps of Fate ou Clash of two Virtues, et côté remix, j’apprécie beaucoup le thème de Gotoh et la musique du dernier chapitre.


Graphiquement, c’est dégueulasse. Il n’y a pas vraiment d’autres mots pour décrire la bouillie graphique que représente ce jeu. Clairement, c’est pas du tout agréable à regarder et très peu attractif. On finit par s’y habituer, et maintenant je trouve même que les graphismes ajoutent un certain charme un peu rustique, mais bon, ça reste laid.

Au niveau de l’interface, on peut noter que le double écran de la DS est bien mis à contribution pour offrir un confort de jeu optimal ; en revanche, l’écran est bien trop zoomé, ce qui fait que l’on manque un peu de visibilité.


Bon, maintenant attaquons le gros morceau : le gameplay. Si vous n’avez pas joué au premier FE et que vous pensez que ça ne sert à rien car ce remake existe, vous ne pourriez pas mieux vous tromper. On ne peut en effet pas dire que FE11 soit incroyablement fidèle au matériau d’origine en ce qui concerne la jouabilité. Je précise d’emblée que ce dont je vais parler s’applique surtout si vous jouez aux difficultés les plus élevées.

Déjà, le triangle des armes, qui n’était présent ni dans FE1 ni dans FE3 a été intégré. On ajoute à ça le rééquilibrage global des armes et du système de poids pour coller aux normes récentes de la série, et on se retrouve avec un jeu où les épées sont de loin le pire type d’armes, alors que c’était le meilleur dans le jeu original. Le problème que ça pose, c’est que les ennemis de Shadow Dragon sont en grande majorité armés de lances, et que les manieurs d’épées sont donc désavantagés dans la grande majorité des chapitres après le début du jeu. Au contraire, les manieurs de lance galèrent durant les premiers chapitres où tous les ennemis sont des bandits à la hache. C’est un problème qui n’existait tout simplement pas dans le jeu de base.

L’équilibrage des unités est aussi plutôt déplorable. La philosophie de FE1 voulait que beaucoup d’unités soient mauvaises comparées à d’autres, mais dans FE1, les stats plafonnaient à 20 et il ne fallait qu’un point de vitesse de plus que l’ennemi pour le doubler. Et surtout, FE1 étaient plus facile que son remake, avec des ennemis plus faibles. Les stats n’avaient donc qu’une importance relative et chaque unité pouvait être utile dès son arrivée. Dans FE11, les ennemis sont tellement boostés que bon nombre de vos unités ne tiennent pas un tour de combat contre eux. C’est bien simple, le ¾ des personnages jouables sont complètement à la rue. Si on veut jouer des unités pouraves comme Vyland, Roshea ou Tomas, il n’y pas 36 solutions. Soit on les utilise dans leurs classes de base et on galère à les rendre utiles car leurs mauvaises stats et mauvais rangs d’armes font qu’ils sont toujours à la traîne, soit on les change en soigneurs pour qu’ils prennent de l’expérience ultra facilement.

Parce que oui, Shadow Dragon introduit le changement de classe, qui n’a pas quitté la série depuis. Ici, on peut reclasser à peu près comme bon nous semble, ce qui permet d’être plus ou moins créatif et d’entraîner plus facilement certaines unités. Problème : la créativité en prend un coup quand on se rend compte que, comme je l’ai dit, la meilleure façon d’entrainer de mauvaises unités est de les foutre en curés et de spammer les soins. Certaines classes sont si mauvaises par rapport à d’autres que l’on ne les choisira simplement jamais ; qui choisirait sérieusement de reclasser son personnage en épéiste, mage noir ou berserker ? D’autant que les variations qu’apportent les classes dans les pourcentages d’évolutions ne sont pas forcément intuitives. Par exemple, il vaut mieux reclasser son unité en archer qu’en épéiste si on veut qu’elle prenne de la vitesse. Aucun sens.

Mais globalement, oui, je dois dire que le reclassement permet tout de même de créer des unités intéressantes. Roshea fait un archer d’élite plus que correct une fois qu’il a été entraîné en curé, Roger en chasseur est vraiment pas mal, et on ne présente plus le célèbre cavalier Nabarl. On perd l’unicité des unités au profit d’une certaine polyvalence et liberté dans la composition de notre équipe.


Si le jeu est assez mal équilibré, il nous donne toutefois énormément d’outils pour le trivialiser, ce qui fait qu’il n’est finalement pas si dur que ça une fois qu’on a passé les premiers chapitres. Le reclassement est l’un de ces outils, mais il y a aussi la forge, qui est plus cassée que jamais. Dans ce jeu, la forge ne sert pas à créer des armes, mais à renforcer des armes existantes, y compris des armes telles que les fameuses caballucides, ce qui va vous permettre de one shot n’importe quel ennemi à cheval. Forgez l’épieu ailé de Shiida et félicitations, c’est comme si vous aviez déjà fini le jeu. On n’oublie pas non plus Sedgar et Wolf ; reclassez-les en généraux et donnez leurs quelques niveaux, et hop, c’est comme si vous aviez encore fini le jeu.

Et pour finir, Shadow Dragon dispose de trois bâtons de téléportation (voire quatre si vous accédez au chapitre 17x), alors que le jeu original n’en avait que deux. Trois, c’est énorme, et largement assez pour complétement en abuser sur la grande majorité des chapitres, d’autant que le bâton de trempe permet de les réparer.

En bref, un peu à la manière de Thracia, FE11 nous donne énormément d’outils pour contrer les conneries que le jeu nous envoie à la figure, sans que ce soit forcément très clair d’ailleurs. Par exemple, Shadow Dragon voit le retour des embuscades, qui sont excessivement dangereuses puisque les ennemis ont des stats élevées dans ce jeu. La chose à savoir étant que les embuscades s’arrêtent quand on tue les boss, ce qui, je crois, n’était pas le cas dans FE1/FE3. Il n’est donc pas compliqué de trivialiser certains chapitres comme les 21 et 22 en téléportant directement sa meilleure unité pour tuer le boss et ainsi s’épargner des dizaines de renforts ennemis.

Le seul passage où on manque d’option est justement le plus dur du jeu d’assez loin, et il s’agit des trois premiers chapitres. Ceux-ci reposent beaucoup sur la chance, surtout en H5, et les boss de ces trois chapitres sont de vraies calamités avec des stats absolument obscènes pour ce stade du jeu.


Au bout du compte, je dirais que Shadow Dragon parvient à être équilibré dans son déséquilibrage. Hormis les outils que j’ai déjà évoqués, le jeu nous donne aussi énormément de roues de secours pour nous en sortir si on galère trop. On a notamment accès à des chapitres annexes avec de nouvelles unités à recruter ainsi que des unités génériques qui viennent compléter notre armée si on perd trop de soldats, en plus de la cinquantaine d’unités recrutables dans l’histoire principale, dont la plupart avaient déjà une fonction de roue de secours dans le jeu original.

Tous ces éléments donnent à FE11 une rejouabilité que je qualifierai d’exemplaire ; le jeu devient de plus en plus amusant au cours des parties et de l’expérience que l’on accumule dessus, et c’est un peu le Fire Emblem parfait pour qui veut s’adonner à des ironmans ou juste jouer avec la mort permanente, ce que je recommande évidemment.


En dépit de ses défauts plus ou moins importants (moche, facile à trivialiser, trois premiers boss et chapitres absurdes, peu de diversité dans les ennemis, gros déséquilibre des classes et des unités etc.), Shadow Dragon est un jeu pour lequel j’ai une certaine affection, qui n’a fait que croître au cours des années. Il fait partie de ces FE auquel trop peu de monde ont joués et qui mériteraient sans doute une plus grande reconnaissance de la part des joueurs et des fans.

Tchebest
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le 23 août 2024

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