Frostpunk ne figure pas au catalogue de la CGT

Vous n'allez pas me croire. J'ai passé de très bonnes vacances dans le froid, sans un rond, ni la moindre écharpe pour me couvrir le nez. Je me suis débrouillé par moi-même et j'ai même réussi à embarquer dans ma folie une bonne centaine d'âmes. À la fin, nous n'étions plus qu'une dizaine et ils n'avaient plus l'air d'adhérer à mon projet de société alors j'ai filé fissa au chaud.

Le froid, la faim et la misère promis par Frostpunk ne convaincront jamais personne de partir avec eux. Qui a véritablement envie de visiter un pays opprimé d'une main de fer par des fanatiques qui n'interdit pas le travail des enfants et laisse la plus grande partie de sa population dans une pauvreté insoutenable ? Résumé ainsi, cela peut paraître bizarre d'accepter une telle destination. Pourtant, une virée au grand air frais de la fin du monde vous ferait le plus grand bien. Balancez toutes vos convictions syndicales dans une corbeille (et tout idéaux de partage, de solidarité, d'amour et de bienveillance avec) pour apprécier réellement votre séjour dans ces magnifiques colonies enneigées.

Qu'est-ce qu'on est serré... Au fond de ce cratère ou à l’extrémité isolée de cette plaine désertique, personne ne vous jugera de toute façon. Laissé face à des options atroces, horribles, innommables, inavouables (non, je vous jure, je n'ai pas essayé d'imposer un culte de la personnalité divin en érigeant des temples plutôt que d'améliorer les conditions de vie de mes concitoyens), on finit toujours par choisir le choléra à la peste. Cela laisse une saveur amère, un arrière-goût étrange d'avoir accompli quelque chose de bien en commettant l'irréparable. C'est la satisfaction du sacrifice bien accompli.

Gérer une colonie Frostpunk ne se résume pas qu'à simplement planifier son camp. Il est parfois nécessaire de se préparer à affronter les forces de la nature, en emmagasinant des quantités de minerai ou en multipliant les innovations technologiques. Des choix qui seront aussitôt balayés par l'appel à l'aide de réfugiés en quête d'un nouveau refuge ou la promesse périlleuse d'une exploration lointaine.

Si vous n'êtes pas emporté par une pneumonie à force d'inhaler toute cette fumée industrielle, cette escapade pourra avoir raison de votre cœur. Les choix cornéliens imposés donnent parfois l'impression de foncer tête baissée vers une perte courue d'avance, sans pouvoir changer le cours des choses. Frostpunk ne laisse aucun instant de répit, enchaînant les crises politiques aux pénuries de patates. La mutinerie n'est jamais très loin. Et gare lorsque la révolution pointe le bout de son échafaud alors que les forces de la nature se déchaînent. Rien n'est facile ou acquis dans les sublimes New London ou Nidhiver. Il faudra bien les tenir, par l'ordre ou la foi.

Attention quand même. Gare à la dépression post-vacances. Difficile de ne pas ressortir de ces terres glaciales sans devenir un despote. Les heures passées à choisir entre le travail forcé, la création d'une arène de mises à mort ou l’instauration d'un réseau de délation ne laissent pas indemnes. Votre vie quotidienne bien rangée n'aura plus la même saveur.

[Parti de l'idée de créer un blog voyage, je cherche à partager mes expériences vidéoludiques comme autant d'aventures dans différents pays du globe sans bouger de mon canapé !]