Ma plus grande surprise de l'année ?
Après avoir tenté d'aimer un Game of Thrones : Genesis qui tentait l'originalité sans être réussi pour autant, je m'étais grandement méfié de cette nouvelle adaptation. J'ai finalement décidé de me lancer, après avoir perçu de très bons retours, plus d'un an après avoir acheté le jeu (et en solde).
Bon, par où commencer ?
Je dirais que si je devais reconsidérer mon classement des meilleurs scénarios de jeux vidéo aujourd'hui, cet opus ferait probablement partie du podium.
L'aventure se déroule en parallèle des événements du premier livre, et chapitre après chapitre, nous contrôlons à tour de rôle deux personnages hauts en couleurs. Les événements ainsi dépeints s'inscrivent parfaitement dans la chronologie de l'univers imaginé par G.R.R. et, morceau par morceau, nous reconstituons le passé de nos deux héros, traversant des phases de souvenirs mémorables, surpris par une histoire riche en révélations et en rebondissements, avant d'arriver à ce tragique dénouement final. La tension monte grâce à une superbe mise en scène, et l'ambiance sinistre et malsaine aux élans épiques propre au Trône de Fer se retrouve ici. Les exactions alors montrées n'ont pas grand-chose à envier aux passages les plus insoutenables du livre (c'est d'ailleurs assez triste de voir que les studios de jeux vidéo ont toujours du mal à assumer de la nudité toute simple en préférant cacher le petit élément fâcheux derrière des « vêtements » grotesques et impossibles, qui pourraient passer sans problème pour des accessoires de porno… d'autant plus triste, en fait, qu'ils ne semblent pas avoir trop de problèmes à évoquer et montrer viols collectifs, décapitations et nécrophilie, à divers degrés de subtilité), et Mors Westford et Alester Sarwyck, les deux protagonistes, n'échappent pas aux cruelles épreuves qui attendent les habitants de Westeros.
Je me suis rapidement attaché aux personnages et à leurs personnalités respectives, à la fois suffisamment proches et suffisamment différentes pour ne pas sombrer dans le duo caricatural tout en offrant deux perspectives claires sur les événements en cours.
Les dialogues sont bien écrits, avec quelques références notables à Baldur's Gate et à Star Wars disséminées ici et là, et si l'on peut regretter que l'aventure soit finalement très linéaire, avec assez peu de contenu secondaire (mais de qualité), on peut tout de même saluer l'effort fourni pour donner au joueur la possibilité d'achever ou d'épargner les vaincus.
Contrairement à ce que j'ai parfois pu lire, les combats sont très loin d'être ratés. Je comprends qu'on ne puisse pas accrocher si on s'attend à du Dark Souls, mais en dehors de ça, on retrouve le même genre de gameplay qu'Of Orcs and Men, mais moins fouilli, avec un contrôle à la troisième personne et des files d'actions, avec un système de ralenti. L'équilibrage est très bon dans l'ensemble, avec néanmoins quelques phases compliquées, notamment en début d'aventure, on se sert d'une grande partie de nos compétences (même si certaines d'entre elles deviennent totalement surpuissantes en fin de jeu) et le fait de devoir adapter notre armement au type d'armure des adversaires rencontrés permet de varier un peu les combats. Si comparaison il doit y avoir, je dirais que j'ai largement préféré les combats de Game of Thrones à ceux de The Witcher.
Le nombre de classes disponibles est assez limité, mais totalement en accord avec l'univers de l’œuvre originale, et la feuille de personnage est plutôt bien fichue, avec un arbre de talents et une liste de compétences, et des capacités propres à chaque personnage. On pourra ainsi faire un peu d'assassinat et de repérage avec le chien de Mors, tandis qu'Alester pourra utiliser son don de clairvoyance pour repérer les passages secrets. Il y a même un système de traits permettant d'équilibrer les forces et les faiblesses de nos avatars. Côté équipement, on retrouve du loot tout ce qu'il y a de plus classique, avec là encore de très nombreuses références.
Le titre n'est cependant pas exempt de défauts. Le degré de finition général sent bon le développeur en sueur alimenté au redbull et à la pizza, avec des disparitions de personnages à l'écran, une caméra qui devient folle au moment de tourner (soit je me suis habitué, soit c'est surtout présent dans les premiers chapitres), des portes qui traversent les personnages… et des animations à peine plus travaillées que celles de Kotor, il y a dix ans. Encore que Kotor présentant à l'époque des affrontements au sabre laser plutôt bluffants pour du jeu de rôles, avec des parades et des esquives « synchronisées ». Ici, les personnages frappent dans le vide. Mais malgré toutes ces imperfections, il n'y a aucun reproche à faire côté stabilité.
La direction artistique est réussie et soignée, avec du bon (Alester, Mors...) comme du mauvais (Valarr...), même si le faible niveau graphique la dessert assez mal, en sus d'un level design sommaire et peu ambitieux. La bande son use et abuse des thèmes de la série, souvent à bon escient, mais on en viendrait presque à regretter de passer trop de temps à un même endroit, de peur de saturer.
Pour ce qui est de la qualité des doublages, elle est tout bonnement atroce (mais pas si éloignée de la « norme » en matière de jeux vidéo...), aussi bien en français qu'en anglais. Sérieusement, un jour il faudrait arrêter de faire passer les gardes pour les derniers des couillons, et songer à virer les comédiens de téléfilms qu'on se farcit depuis Oblivion. Un peu de sang neuf ne ferait de mal à personne.
Finalement, tous ces petits détails ne m'auront pas empêché de terminer l'aventure au bout d'une vingtaine d'heures et quasiment en un week-end. La narration est parfaite, le scénario est entraînant et captivant, et je ne me suis pas lassé du début à la fin, et c'est assez rare lorsque je touche à du jeu de rôles.
Pour résumer : jetez-vous dessus.