Critiquer un jeu vidéo n'est pas aussi aisé que les gens de YouTube peuvent vous le laisser penser. Cela nécessite un brin de culture. Quelques notions historiques sur le sujet concerné. Et parfois même la capacité d'utiliser à bon escient l'une ou l'autre technique journalistique de base. Comme - oh, je sais pas moi - le fait de pouvoir faire des recherches pendant douze minutes sur le Minitel afin de savoir précisément quelle compagnie a produit le titre. (J'aurais d'ailleurs tendance à conseiller aux nouveaux venus de cette discipline si particulière de porter davantage attention aux créateurs individuels responsables de ces jeux; mais, hey, je ne suis pas payé pour vous éduquer; donc, voilà.) Or, tout amateur éclairé saurait vous le dire - sauf ceux réuni ici, bien entendu - ce titre a la particularité d'être un jeu Natsume.
Natsume, ce n'est pas rien. Certes, ce n'est pas non plus grand chose... mais la compagnie nous vient en ligne droite de l'an de grâce 1987 et à bossé sur divers titres confidentiels mais essentiels à la culture de tout vidéoludiste en culottes courtes. (Ce n'est pas sale.) Abadox. Shatterhand. Wild Guns. KiKi Kai Kai. Et autres titres dont vous n'avez pas forcément déjà entendu mentionner le nom autre part que dans un Let's Play. Pourtant; ils existent. Certains méritent d'être essayés. Surtout Abadox, c'est un très étrange shmup gore sur NES. Ce qui, en soi, est déjà plus ou moins un pur oxymore. Dire, donc, qu'une compagnie comme Natsume devrait actuellement être occupée à bien mieux que d'exploiter la licence Godzilla pour Bandai Namco Bandai Entertainment Damco Namdai Games devrait être une pure évidence.
Malheureusement, tel est le pas de l'histoire. Autrefois, une petite compagnie comme celle-ci avait encore les moyens de tenter de créer des jeux originaux tant les budgets requis pour de pareils exercices étaient coquets. (Comprendre : minuscule, c'est ainsi que l'on est censé comprendre le terme coquet, je dis ça au cas où vous soyez l'une de ces étranges créatures de l'internet trop épaisses pour comprendre un euphémisme.) De nos jours... faut se contenter de travaux mercenaires du domaine du produit dérivé. Or, en grands traditionalistes japonais de la question vidéoludique, Natsume apporte le flair de près d'une trentaine d'années d'expérience dans le domaine du produit vite-fait à ce titre Godzilla.
Le titre est un mélange efficace des diverses formules d'habitude appliquées à pareil exercice. Vous pouvez casser des trucs. Ou défendre ces trucs d'être détruits. Toujours dans le cas d'une étrange invasion d'envahisseurs dotés de costumes en latex représentant diverses divinités shintoïstes. Le gameplay est lent, mesuré, tout y pèse une tonne. Ce qui dans ce cas est assez réaliste et retranscrit bien l'action de la plus longue série de films qui a donné ses lettres de noblesse au style que les cinéphiles nomment avec entrain le Caillou eh-Gars. Même l'aspect cheap de la chose - c'est un jeu bas budget sorti simultanément sur PS3 et PS4; hein - profite à donner au jeu un aspect authentique de produit dérivé Godzilla.
Alors... j'imagine que si vous vous attendiez à tout autre chose en achetant un produit estampillé de la marque du Monstre de la Toho; ça peut surprendre. Mais, pour ce que c'est, c'est juste assez médiocre pour coller pleinement à l'univers adapté. Sacrés petits gars de chez Natsume.