Admiratif !
Parlons de Gorogoa !Le média du jeuxvidéo est en constante évolution (ou stagnation) tout dépendamment du point de vue. Pour qui boucle sur les grosses sorties, il est évident que la prise de risque...
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le 31 mai 2023
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Toujours jouer à la même chose, voilà bien ce que je cherche à fuir quand j’attaque un nouveau jeu vidéo. La routine, à mon sens, c’est souvent l’ennemi du plaisir. Alors forcément, quand il y a des jeux comme ce « Gorogoa » qui sortent et qui affichent des mécaniques de gameplay tout droit sorties de nulle part, moi ça m’attire.
Alors c’est sûr, comme tout jeu original, « Gorogoa » implique pour le joueur qui s’y frotte le passage par une phase d’acclimatation. Un écran splité en quatre. Des vignettes qu’on peut déplacer, laissant apparaitre d’autres vignettes. Des superpositions possibles. Des zooms. Des emboîtements… Ce titre nous invite clairement à un petit jeu assez malin d’observation et d’imagination afin de comprendre quelle logique adopter pour débloquer l’avancement de l’intrigue. Et comme c’est sans risque (puisqu’il n’y a pas de logique d’échec à part l’immobilisme), on est libre de tout tenter, de tout expérimenter, ce qui est – il faut bien l’avouer – bien amusant.
Seulement voilà, assez rapidement, plusieurs problèmes ont commencé à se poser. Je parlais à l’instant de « logique à adopter » et « d’avancement de l’intrigue ». Seulement l’avancement dans la partie démontre assez rapidement que, dans ces deux domaines, « Gorogoa » se révèle très évanescent pour ne pas dire confus. Assez fréquemment, je me suis demandé pourquoi je faisais ce que je faisais, ce que j’en attendais et surtout ce que j’en tirais. Car si d’un côté je comprends que le jeu ne se veuille pas trop évident dans la résolution des puzzles, force m’est quand même de constater que l’expérience fut pour moi très inégale. Autant il y a eu des moments que j’ai apprécié résoudre parce qu’ils ont su habilement solliciter mes sens de l’observation et de la logique, autant d’autres moments m’ont clairement laissé dubitatifs tant j’ai trouvé qu’ils répondaient à des mécaniques totalement perchées.
Alors vous allez peut-être me dire que c’est un peu le principe de ces jeux expérimentaux : sortir des clous ; se risquer loin de notre zone de confort ; pousser un concept au plus loin… Soit. Mais autant sur le papier je suis d’accord, autant dans la pratique je suis frustré. Quand tu joues à un jeu qui se finit en deux petites heures (si ce n’est moins pour les plus perspicaces d’entre vous) et que tu te rends compte qu’encore sur les dernières minutes d’expérience tu te retrouves à tout essayer sur tout parce que tu ne vois pas trop où le jeu veut en venir, c’est quand même problématique. Combien de fois j’ai débloqué une chose au hasard en me disant : « Pfff… Non mais là c’était abusé… Comment tu voulais que je trouve logiquement un truc pareil ?… » Au bout d’un moment, le jeu ne nous invite même plus à réfléchir tellement ses mécaniques sont barrées. Moi, personnellement, à la fin j’étais dans le simple bidouillage à tout va jusqu’à ce que ça débloque quelque chose. C’est quand même triste quand un jeu t’amène à ça je trouve…
Parce que oui, je pense que ce qu’il a d’agréable dans une expérience vidéoludique de ce genre, c’est qu’on se réjouisse d’avoir surmonté une énigme et quand on se sent enrichi d’avoir surmonté une épreuve. Or, face à « Gorogoa », je n’ai pas eu cette sensation. J’ai eu l’impression qu’on m’avait de temps en temps tendu des pièges un peu tordus pour éviter que j’avance trop vite et jusqu’au bout, si bien que je n’ai pas ressenti cette impression d’accomplissement. A la fin comme au début, je me sentais perdu, comme si j’avais subi ma partie…
Aussi je me permets de poser cette question : « Gorogoa » n’est-il pas un peu prisonnier de son propre concept ? A trop vouloir explorer son originalité, il en oublie de construire une logique sur le long terme et de raconter quelque chose au travers de l’apprentissage de son joueur. Et si globalement l’expérience se révèle positive grâce à quelques moments vraiment malins et une diversification sur le long terme qui est tout de même à louer, malheureusement je trouve que l’ensemble est trop foutraque pour rendre l’expérience de jeu véritablement impactante.
Alors après – attention – tout ce que je viens de dire ne retire rien au fait qu’à mon sens une partie de « Gorogoa » mérite malgré tout son détour. Ce jeu laisse une trace. J’ai du mal à imaginer comment il pourrait en être autrement. Tout joueur qui vient vers « Gorogoa » dans le but d’explorer une nouvelle possibilité de jeu vidéo ne pourra (je pense) que louer l’originalité et la fraîcheur de la démarche. Me concernant en tout cas, il me semble assez évident que ce jeu laissera une marque dans mon esprit. Mais bon, malheureusement je pense que ce ne sera pas une marque liée à une expérience ou à un gameplay précis. Non, je pense plutôt que ce que je garderai de ce jeu c’est avant tout le souvenir d’une belle audace ; d’un agréable état d’esprit. D’une tentative… Et franchement, avec le recul, même si ça me parait être un constat frustrant, je trouve que c’est loin d’être si mal que ça…
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2019 : l'année durant laquelle j'ai décidé de vérifier si le jeu vidéo avait encore quelque chose à m'apporter.
Créée
le 23 mars 2019
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