Il est à la mode de tirer sur les ambulances; bien plus vrai lorsqu'il s'agit de Sony ces derniers temps. La faute à une politique assurée qui voulait non sans une certaine arrogance, imposer une Playstation 3 moyennant la manne de 600 euros.
Et que la HD n'existerait pas sans l'acteur nippon, et que leurs jeux seront largement supérieurs à ceux de la concurrence. Et de cet axiome brillant sur le papier, revendicateur le poing levé tel de vieux apparatchiks communistes gonflés de cet espoir de triomphe, l'on ne gardera qu'un bilan plus que mitigé. Des promesses, toujours des promesses et Sœur Anne ne vois tu rien venir? Non, pas même ce Gran Turismo 5 annoncé avec la sortie de la massive machine.
Tour de force technologique en 1997, d'une Playstation au top de sa superbe. Écrasant la concurrence, se montrant comme mètre étalon du jeu de courses. Attendus comme le messie, les épisodes se suivent et sont acclamés. Pourtant, d'autres studios ont su tirer partie de l'expérience de Polyphony Digital, en proposant des titres plus fins, plus soignés, s'arrogeant même le statut convoité du nec plus ultra de la conduite virtuelle. Forza 3 surclassant un PGR4 pourtant remarquable, GT5 se voyait reculé de quelques longs mois sinon année, tant son créateur Kazunori Yamauchi, s'est pris un grand coup de sueur en s'essayant au titre de Turn 10. Il fallait revoir la copie. Finalement daté, puis reculé, il sort finalement et la presse que l'on aurait cru dithyrambique s'est prise d'une certaine acrimonie. Sorti trop tard, l'on aura entendu : " Tout ça pour ça ? " . Mais est-ce justifié pour autant.
Je ne suis pas un esthète du genre. J'ai toujours préféré les courses dites arcade. Aussi Fzero ou Ridge Racer ont largement mes préférences. Pourtant, m'étant essayé à la bête avec un G27 de Logitech chez l'un des amis Pro GT depuis des années, j'ai pu appréhender GT5 avec un guide d'une rare expertise.
Je rejoins les principales critiques énoncées sur l'IA, les déformations, un graphisme terriblement austère est souvent inégal malgré un photo réalisme saisissant. Alors oui, les langues se délient, les complaintes se font entendre, le tonnerre des furibonds font trembler l'icône qui se voit flétrir sous les assauts sans pitié de cette vindicte populaire. Oh mon dieu , elle n'a plus de coeur !
Fiel, voilà le ressenti des joueurs qui attendaient GT comme une révolution. Mais qu'imaginiez-vous? Finalement nous avons bel et bien un Gran Turismo dans les mains. Et à ceux qui le trouvent carrément raté, je réponds en bretteur et affirme que si ce jeu ne vous convient guère, c'est bien parce que vous le preniez comme jeu de course, là où il faut l'appréhender comme jeu de conduite.
Car GT est tout sauf un jeu amusant. Entendons nous bien, il n'est pas là question de le taxer de déplaisir; au contraire, tout est fonction de ce que l'on attend de l'offre. GT5 dépasse le statut de simple jeu vidéo de par son contenu digne de la plus belle corne d'abondance. Des centaines de véhicules présentés de manières encyclopédique, tous jouables avec leurs particularités. Du "pot de yahourt " Fiat 500 à la plus imposante Ferrari, en passant par des concept cars étonnants, GT5 en impose de par son garage, bien que Porsche manque à l'appel. Un véritable rêve de gamin pour l'amoureux des belles mécaniques. Jouer à la Majorette mais comme les grands.
Et l'habillage des menus comme la musique environnante, joue le classicisme à outrance. Epure, design, ambiance lounge, humez fort vous sentez la sellerie cuir des plus belles voitures du monde, comme le skaï des plus modestes. Nous sommes bien en présence d'un autre monde, résolument mature, rompant de manière significative avec ce que l'on à l'habitude de trouver dans un jeu vidéo. De facto tout devient logique et cohérent. On découvre de véritables finesses de pilotage, une rigueur évidente sur asphalte certainement d'une coercition proverbiale mais qui rappelle l'adage Pirelli " Sans maitrise , la puissance n'est rien". Adoré ou détesté, il faudra reconnaître le travail accompli.
Certainement que cet épisode de Gran Turismo pousse sa superbe trop loin, sortant des lieux communs du genre. Un met à la finesse si délicate que seuls des palais éduqués sauront l'apprécier à sa juste valeur. A l'instar de ces productions multimédia qui fleurissaient sur CDI via les premiers CD-rom interactifs, l'on a l'impression de retrouver cette leçon magistrale, limite éducative. GT5 explore une nouvelle manière de ressentir le jeu automobiles, se rend volontairement roboratif et sobre, quitte à écœurer les ceux-ce qui le trouveront définitivement pincé, arrogant et imbu de sa personne. Une attitude similaire à ce qu'était Sony il y a cinq ans. Hasard curieux ou véritable adaptation de Yamauchi à l'ancienne mode de Sony?
Rappelons qu'un certain Kaz Hirai voulait faire de la PS3 une machine sérieuse et précieuse et non un jouet. Pari finalement gagné pour Kazunori Yamauchi, qui s'inscrivant dans cette logique, a fait de sa création un véritable jeu " pour papas".
