Grandia est passé à travers les mailles de mon filet à l'époque où je jouais le plus, quelques petites années après sa sortie. Je l'avais à peine entamé, en réalité : ce jeu ne m'attirait pas du tout, en raison de la niaiserie du personnage principal et de l'introduction "enfantine" qui ne me parlaient pas du tout. C'est donc dix-sept ans (et 51 J-RPG) après que je m'y suis collée, incitée par tous les avis largement et presque unanimement positifs que j'ai entendus autour de moi.
Peut-être parce que je suis vieille et blasée, ces avis positifs, j'ai vraiment du mal à les comprendre. Ou alors parce que je suis du genre pour qui un bon gameplay ne suffit pas. J'apprécie un bon gameplay, bien sûr, mais pour moi il ne prend toute sa valeur que lorsqu'il est au service d'une œuvre qui, sur le fond, tient un peu plus la route.
En tout cas, mes soixante heures de jeu, si je pouvais revenir en arrière, je les consacrerais à autre chose.
Je ne vais pas m'amuser à rédiger une critique exhaustive, mais juste noter quelques points positifs et négatifs qui justifient ma note (j'ai bien failli ne pas mettre la moyenne). Je tiens à préciser que tout cela est très subjectif, et ce d'autant plus que je n'ai pas la mémoire vidéoludique nécessaire pour replacer précisément la sortie du jeu dans son contexte, et j'ai un peu la flemme de revoir ça tout de suite... cela dit, ce n'est pas très très important, car mon ressenti négatif a surtout trait à l'(in)esthétique du jeu et à l'histoire.
Points positifs :
- Système de combat original et sympa. Dommage qu'au final les combats s'avèrent monotones et pas très intéressants d'une manière générale.
- Système d'exploration des donjons : ennemis visibles et donc en principe évitables (sauf qu'en pratique, on sera presque toujours obligé de tous les vaincre, et tenter de les éviter se soldera pratiquement toujours pas une attaque "surprise" de mes deux). Une fois tués, les ennemis ne reviennent pas (à moins que l'on sorte du donjon), ce qui permet d'explorer sereinement les lieux (après s'être parfois bien fait suer, quand même. Les combats ne sont jamais difficiles, mais souvent ennuyeux)
- Pas besoin de faire des heures de level up.
- Quelques scènes sympathiques, quelques (trop rares) tableaux qui me resteront (peut-être) en mémoire, malgré mon rejet global de cette aventure sans grand intérêt.
Points négatifs (suite, donc) :
- Les dialogues ont la profondeur d'un pédiluve et pourraient être écrits par un enfant de huit ans (certes, la traduction n'est certainement pas terrible, mais on atteint un degré de médiocrité tel qu'il parait improbable que la traduction soit la seule fautive). On peut en dire autant du scénario, de l'histoire dans son ensemble. De plus, j'ai rarement vu, dans un RPG, un background aussi peu travaillé.
- Les personnages sont assez creux et niais. Je décerne la palme de plomb au personnage principal, que j'ai eu envie de baffer, d'immoler, d'atomiser tout du long (et pourtant, je suis végétarienne et je déteste les films d'horreur : c'est dire). Les seuls personnages sympas sont, je trouve, Feena et Sue, malgré le côté girly exploité jusqu'à la nausée. Ce qui nous amène à un autre point noir bien sale :
- Les relations entre personnages, presque toujours marquées par un rapport puéril fille-garçon. Vu par un enfant de huit ans, encore une fois. Ah, y a aussi le rapport homme-homme viril, wesh tavu, entre Justin et Gadwin. Enfin bref, il y a du sexisme un peu partout. Beurk.
=> Tout est niais, donc. Pas niais-mignon, hein, mais niais-bête, niais-creux, niais-cliché, niais-feignasse. Tout sonne cruellement creux.
- L'ambiance. L'ambiance fête du slip qui fait que, même lors des moments tragiques, je ne ressens aucune émotion, aucune tension. Rien. Pourtant, je suis du genre émotive et je pleure pour rien.
- Les ennemis jouissent d'autant de charisme qu'une colonie de spongiaires. D'ailleurs, il y en a (beaucoup, et des importants) qui ressemblent VRAIMENT à des éponges. C'est à pleurer.
- Je trouve le jeu très peu esthétique d'une manière générale. Ce n'est pas une question de technique, là, mais juste de design :
-> Les personnages ont souvent des allures ridicules (Paf Justin... -_-). Mais pas ridiculol ou ridikawai... Juste ridimoches.
CEPENDANT, pour ce qui est du graphisme pur, indépendamment du design : c'est bien fait et les animations sont jolies.
-> Les décors des villes sont sympas, *relativement* recherchés (j'aime bien Zil Padon), mais les donjons sont généralement d'une banalité et d'une monotonie très désagréables, surtout quand il s'agit de lieux naturels. Quant aux vestiges que l'on traverse, ou autres lieux plus originaux, ils souffrent d'une espèce de choix artistique aléatoire, sans véritable personnalité (ce qui est cohérent avec l'aspect peu travaillé du background), et la monotonie reste la règle. Tout se ressemble, c'est très chiant, et on a hâte de sortir de là. Quand t'as vu un couloir, t'as tout vu.
-> En plus, on a vraiment toujours le nez dans ces couloirs monotones et moches, à cause de la proximité permanente de la caméra. Non seulement on s'ennuie, mais en plus on se sent un peu pris au piège et oppressé par les murs trop proches qui forment les dédales auxquels on a droit presque à chaque fois.
Alors oui, 3D obligeait un peu, me direz-vous... Peut-être, je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que je n'avais pas eu du tout cette impression de monotonie et d'oppression avec Xenogears. Oui bon, Xenogears est sorti plus tard. Mais bon, hein.
- Une longue durée de vie, c'est bien, sauf quand elle est artificielle. En l'occurrence, je l'ai souvent ressentie artificielle, par exemple quand j'ai dû me taper le donjon en sens inverse pour sortir alors que l'objectif est atteint et que je n'ai plus rien à y faire ou à y voir. Certes, le chemin direct n'est jamais très long, mais c'est un peu chiant. Surtout quand les ennemis reviennent.
Si je devais résumer en quelques mots : un manque de personnalité et de profondeur assez extrême, tel que je n'en ai jamais vu dans un autre jeu. (en tout cas, pas dans un autre J-RPG que j'aurais terminé). Très peu d'intérêt.