Si l’on évoque un JRPG de la fin des années 90, ayant marqué les joueurs et joueuses de la première Playstation, il est fort probable que l’on mentionne « Final Fantasy 7 ». Malheureusement, Grandia n’a pas reçu la même reconnaissance, et c’est seulement en visionnant une vidéo du youtubeur Edward que j’ai appris son existence.
Et après un playthrough de plus de quarante heures, j’aurais souhaité avoir ce jeu au cours de mon enfance. Il n’est cependant jamais trop tard pour enrichir sa culture vidéoludique !
Grandia incarne un JRPG typique de son époque. Un mélange de 2D et de 3D, des protagonistes répondant à certains « tropes » (le jeune héros vaillant et naïf, la jeune fille plus raisonnable, le puissant chevalier, …), et une grande aventure dont la finalité ultime consistera à sauver le monde d’une menace divine/monstrueuse.
Mais aussi « ordinaire » puisse être cette expérience, elle contraste avec la mienne, habitué à des RPGs occidentaux aux mondes ouverts de plus en plus vastes, où l’exploration côtoie d’innombrables quêtes, parfois « fedex ». Le RPG à la japonaise, pourtant lui-même héritier de décennies de pratique, apparaît alors comme un vent de fraîcheur. Ici, guère de quête secondaire, l’on suit une quête principale bien balisée, quoique ponctuée parfois de chemins tortueux qui peuvent rendre le level-design labyrinthique.
Grandia se présente comme une aventure épique, dont les musiques envoûtantes restent en tête des jours après avoir achevé le jeu. Il ne surprend pas forcément par son scénario, mais il est si bien mené, entrecoupé des twists intéressants, qu’il rend service à la progression. Un vrai sentiment de merveille m’a capturé pendant que j’explorais les recoins d’Elencia, découvrait ses coutumes, ses peuples, et le discret worldbuilding dont le jeu se targue. D’aucuns diront que certains textures et décors ont vieilli, mais en là réside aussi le charme de ce jeu, témoin parfait de l’ère des débuts de la 3D. Et, cerise sur le gâteau, il ne comment pas l’affront d’avoir une infâme caméra.
Par ailleurs, si on mentionne que le jeu a vieilli, je confirme encore qu’il a bien vieilli sur certain aspects. En termes de représentation, quasiment toutes les hautes gradées de l’armée ennemie sont des femmes, remarquable pour un jeu de cette époque ! Ses graphismes, ses doublages et son gameplay sont aussi tout à fait honorables.
Parlons du gameplay, d’ailleurs… Grandia possède par surcroît un certain atout, en proposant sa propre version du gameplay « tour par tour » si chers aux JRPG. Jamais la composante vitesse n’aura été si importante puisqu’il existe un délai entre le moment de sélectionner son attaque et l’invoquer. Il est donc crucial d’être plus rapide que ses ennemis, car sinon ils peuvent nous enchaîner. Cela, cumulé au système de niveaux entre les capacités spéciales et magiques, incite à penser stratégiquement la façon dont on mène les combats. Et ça les rend diablement intéressant, quoiqu’il y en a tellement qu’ils deviennent parfois répétitifs.
Grandia constitue donc une excellente expérience que je conseille au-delà même des fans de jeux rétro.