Parce que je viens d'éclater un weekend de trois jours sur Hades, et même un peu plus. Ce n'est pas toujours un gage de grande qualité, mais là où les ténors du genre me sont littéralement tombé des mains au bout de quelques dizaines de minutes, Hades a su me charmer durablement par son feeling, ses sessions de jeu qui apportent toujours quelque chose, sa variété et sa narration, légère mais très percutante, ses personnages hauts en couleurs, et son humour subtilement dilué.
What's up, boyo?
Quel plaisir de prendre une arme, de tester de nouvelles stratégies, de découvrir une bénédiction qui va la rendre encore plus craquée. J'imagine que tout le monde a déjà entendu un de ses potes raconter avec passion la façon dont il a ouvert le boss final en deux grâce à des choix mûrement réfléchis, et surtout, un peu de chatte. Contrairement à un Dead Cells, qui rend le déblocage d'armes presque punitif (parce que les possibilités d'avoir une combinaison parfaite est d'autant plus réduite), Hades nous laisse un certain contrôle sur l'équipement et cantonne la RNG à un rôle plus secondaire.
Alors, certes, au début, on crève facilement, et comme dans tout roguelite, c'est un peu frustrant de se dire que c'est à cause d'un manque de ressources un peu artificiel. Vous imaginez finir un épisode de Doom premier du nom avec seulement un pistolet et 30 points de vie ? Moi non plus. Mais Hades rend la chose ludique, et intègre complètement ses mécanismes dans son histoire et sa narration, sans pour autant briser le quatrième mur. Au final, j'ai eu le sentiment de franchir des seuils, avec une difficulté assez élevée au début, qui s'estompe à mesure qu'on renforce notre personnage avec le Miroir, qui reprend le dessus avec les aspects cachés des armes, puis qui s'adoucit à nouveau avec les compagnons de bataille. Il y a donc évidemment une phase un peu ingrate, mais elle prend surtout place durant les premières heures de jeu.
Et vraiment, les Aspects apportent énormément au jeu, et ont transformé des armes que j'ai détesté utiliser, comme le bouclier, que je trouvais un peu nul, en dehors du renvoi de projectiles et de pièges. Pour ce dernier ,l'Aspect de Zeus m'a réconcilié avec lui, le transformant d'un seul coup en l'un des meilleurs atouts de Zagreus.
Et que dire de l'arc, déjà excellent, transformé avec l'Aspect d'Héra en un distributeur de bonbons mortels ? On charge l'arc avec 5 charges de sorts, une bonne bénédiction type dégâts directs comme celle d'Aphrodite ou de dégâts de zone comme celle de Dionysos, et c'est fini, y'a plus de boss. Couplez à cela une bénédiction légendaire de type Charme, où chaque dégât de Faiblesse d'Aphrodite vous donne une chance de charmer l'ennemi et d'éviter les dégâts, et vous obtenez un cocktail surpuissant.
Globalement, tous les Aspects transfigurent beaucoup les armes, mais ce n'est pas la seule option, et on peut tout à fait rouler sur le jeu en se reposant uniquement sur les combinaisons de bénédictions. Pour le coup j'ai adoré tout découvrir par moi-même et me passer d'une aide quelconque, donc je me contenterai de dire qu'il y a une stratégie gagnante pour tous les types d'approches, même si certains sont plus difficiles à appliquer que d'autres. Si vous n'y arrivez pas avec les armes de combat rapproché, alors il y a encore pas mal d'alternatives très viables.
Hades aurait sans doute des combats un peu moins entraînants sans sa bande son qui balance du tonnerre, mélangeant hardcore et sonorités antiques, parfaitement calibrée pour l'ambiance particulière des différents enfers que l'on traverse.
Visuellement, c'est sublime : les environnements sont des tableaux vivants qui regorgent de détail, et les animations des personnages sont précises, fouillées. L'action devient parfois très compliquée à lire une fois qu'orages et nuages de gaz mortels commençent à envahir le terrain, mais on perd assez rarement le fil.
Les discussions avec les différents personnages représentent évidemment les phases de calme et les récompenses séparant chaque phase d'action, et sur ce plan, Hades est absolument génial. On a évidemment tous nos préférés, et je place Skelly assez haut dans le placement, autant pour la voix que pour le texte, suivis par Zagreus et Hades. Dans l'ensemble, c'est un régal de redécouvrir les différents visages de la mythologie grecque sous un nouveau jour, et de les voir s'adapter et interagir dans des situations parfois un peu absurdes, mais surtout très drôles (comme l'Arène, une fois sa difficulté boostée au maximum).
Hades se déguste, il offre une expérience jouissive et cohérente, nous pousse à jouer mieux sans nous donner envie de sauter par la fenêtre, et récompense l'audace et la curiosité. Encore une fois, un vrai plaisir.