Une expérience fantastique que ce jeu réalisé par Ninja Theory ! Il est plus que recommandé de jouer avec un casque audio sur les oreilles afin de profiter de l’ambiance sonore remarquable. D’une part pour la musique, apaisante pour les moments de calme et guerrière pour les batailles, avec de puissants chœurs masculins. D’autre part pour les bruitages, notamment avec les voix qui troublent Senua, la jeune guerrière picte que nous accompagnons dans son voyage au sein de l’enfer nordique. Raisonnantes et cristallines, elles ont été enregistrées à l’aide d’un micro bi-neural, ce qui nous donne la dérangeante impression que de réelles jeunes femmes nous tournent autour en nous susurrant des mots dans le creux de l’oreille.
Il faut tout de même accrocher au gameplay et à l’ambiance singulière du jeu pour l’apprécier. Il alterne régulièrement entre trois phases : exploration, énigmes et combats. La première peut, au premier abord, donner l’impression de briser le rythme. Mais elle permet au joueur de s’imprégner de l’univers et d’admirer le travail des créateurs sur la direction artistique, en nous faisant traverser des décors grandioses et des paysages variés, avec parfois des horizons infinis qui laissent songeur. Le joueur est par ailleurs libre de découvrir des extraits de la mythologie nordiques grâce à des stèles disséminées dans l’environnement.
Les énigmes proposées vont différer selon la zone de jeu, mais elles se résument la plupart du temps à trouver des symboles ou des mécanismes pour progresser dans l’aventure. Cela dit la mise en scène et le contexte dans lequel elles s’inscrivent sont stupéfiants !
Enfin, les combats peuvent sembler répétitifs à la longue car ils se basent sur une simple alternance entre gardes et attaques, mais ils ont bougrement la patate ! Autant Senua peut sembler fragile comme du verre lorsqu’elle est torturée par ses troubles mentaux, autant elle est capable de défoncer des mâchoires à la chaîne lorsque des guerriers vikings, aussi puissants que repoussants, viennent la titiller. Les animations de la jeune guerrière sont très convaincantes, on perçoit une profonde détermination qui émane d’elle, prête à en découdre coûte que coûte pour aller jusqu’au bout de son chemin. Lorsqu’elle est au combat, on ressent l’énergie mobilisée au plus profond de son organisme, dans chaque organe, dans chaque cellule de son corps. Son attention toute entière est tournée vers un seul et unique objectif : frapper le plus puissamment possible.
Au fur et à mesure de la progression, grâce à la puissance immersive du jeu, on finit par s’attacher au personnage et à vouloir rester à ses côtés. Parce qu’on ressent un réel désir de lui venir en aide, de porter son fardeau à sa place, de la soutenir dans son combat intérieur. Alors on l’accompagne dans sa quête, quitte à en perdre la tête à notre tour. Au terme d’un voyage éprouvant, durant lequel nous avons pu approcher de près les peurs et les troubles les plus noirs de la jeune femme, le jeu se conclue par une séquence de fin mémorable, d’une mélancolie bouleversante (par son contexte et par sa bande son).
Quand une œuvre est capable de me hanter ainsi après plusieurs mois, elle mérite sans hésitation la note maximale. D’autant qu’elle met en avant l’un des personnages féminins les plus époustouflants de ces derniers temps !