Moins portée sur l'expérimentation que Magicka, la nouvelle création des suédois fous de chez Arrowhead adopte des prémices en apparences plus simplistes : des monstres, des flingues, des monstres à flinguer. En apparence uniquement, car l'ossature générale du gameplay reste la même, laissant toutefois plus de place à la précision et moins à l'improvisation. Là où Magicka ressemblait beaucoup à un hack 'n slash favorisant les multiples essais et expériences, quitte à oblitérer la moitié du terrain, alliés compris, sous une météorite de glace, Helldivers, délaissant les horizons du clic-monstre-coffre pour ceux du twin-stick shooter, se permet d'être un peu plus direct et de se dévoiler beaucoup plus rapidement.

Un mal pour un bien, car si le jeu se laisse apprivoiser plus facilement, au risque de manquer de variété, les possibilités tactiques offertes par la coopération (ou l'absence de coopération) entre joueurs sont elles toujours aussi intenses. On meurt beaucoup dans Helldivers, moins souvent sous les attaques ennemies qu'à cause de sa propre incompétence, ou d'une caisse de munitions tombée au mauvais endroit. Le jeu est donc très drôle, et toujours ce même vecteur d'inimitiés que pouvait être Magicka, d'autant que si la mort est pénalisée sur le tableau de fin de mission, elle n'est pas pénalisante en soi, tant qu'un coéquipier est encore en vie pour ramener ses petits camarades sur le terrain. En phase avec l'esthétique et les principes satiriques de Starship Troopers, le charme ineffable de voir une équipe de bras cassés impérialistes mourir bêtement sous le feu allié ou un raid aérien mal positionné ne semble pas prendre de ride. D'autant que ces boulettes sont presque systématiquement engendrées par des petits soucis de communication entre des joueurs qui ont bien trop souvent tendance à jouer les Rambo de pacotille.

A contrario, quand quatre joueurs chevronnés se retrouvent ensemble lors d'une mission à la difficulté élevée, la marge d'erreur est bien plus faible et les têtes se font bien plus froides. Passé un certain cap, quand arriver sur une planète en hurlant "DEMOCRATIE" ne suffit plus pour la libérer, plus que de bonnes aptitudes et de bons réflexes, c'est avant tout une excellente entente qui doit régner entre les participants. Ne pas se jeter couteau aux dents entre les tirs croisés, faire attention à l'emplacement de ses packages, garder une certaine distance avec ses camarades, ne pas se précipiter pour les aider en cas de coup dur, des réflexes qui viennent presque naturellement avec un minimum de jugeote, mais qui ne sont pas acquis, loin de là, après des années de jeux multijoueurs effaçant toute notion de travail d'équipe au profit de la performance personnelle. Le sel du jeu est de ne jamais rendre ces moments d'incompréhension entre joueurs frustrants, mais au contraire d'en faire une base pour des situations toutes plus épiques les unes que les autres. Et c'est quand les quatre membres de l'escouade sont au diapason et bouclent une mission sans anicroche que le titre se révèle le plus glorieux.

Car si Helldivers se laisse facilement apprivoiser, il n'en reste pas moins difficile à maîtriser, et propose une grande marge de progression. En lieu et place de classes aux titres et à l'usage péremptoires, le titre laisse ainsi le choix a chaque joueur d'embarquer l'équipement qu'il souhaite à chaque mission, dégageant ainsi naturellement des rôles instinctifs en fonction des situations. Que vous préfèreriez être sniper, éclaireur, démolisseur, soutien, medic, pilote ou l'une des dizaines d'autres combinaisons possibles, le jeu n'attend pas simplement de vous d'être à l'aise dans votre style de prédilection, mais aussi d'être au fait de celui de vos copains pour ne pas se marcher sur les pieds et espérer survivre dans les niveaux avancés. Le jeu regorge de petits détails sympathiques favorisant la coopération, par exemple le fait que l'écran soit commun à tous les joueurs, même en ligne : outre la caméra qui est la même pour tous, si quelqu'un ouvre la carte, tout le monde peut en profiter, mais le bon samaritain ne peut alors plus se déplacer ; à charge de ses coéquipiers de le couvrir pendant qu'il repère les lieux et marque les points d'intérêt. Un détail tout simple et tout bête, mais dont le jeu regorge pour fournir une expérience bien plus enrichissante que la tuerie de masse entre partenaires. Il est d'ailleurs parfaitement concevable d'être utile à son équipe sans tirer un coup de feu, avec un rayon médicinal évidemment, mais aussi en embarquant un drone UAV ou des caisses de munitions supplémentaires, quitte à rogner sur son propre armement. La grande force du jeu est de pousser chaque joueur à expérimenter pour trouver le style qui lui convient le mieux, et de le bétonner pour devenir un soutien infaillible à son escouade.

Fun et très rapidement impitoyable (une fois arrivé aux niveaux de difficulté avancés), Helldivers prend la peine de de se renouveler régulièrement, de part ses missions générées aléatoirement et ses objectifs non-linéaires, mais aussi de part son méta-game qui permet à chaque joueur de participer à l'effort de guerre global. Pas la fonctionnalité la plus indispensable du lot, mais cela permet de maintenir l'intérêt au-delà du grinding intempestif de missions. Le jeu se paie toutefois une durée de vie potentiellement élevée, car outre l'immense marge de progression, le facteur humain peut entrer en vigueur à tout moment pour transformer la moindre escarmouche en réussite (ou catastrophe) aux proportions épiques. C'est évidemment, et comme Magicka en son temps, un socle parfait pour des aventures en coopération sur son canapé, réel ou virtuel. Parce qu'au-delà de l'univers un poil générique (voulu), c'est surtout assister aux pires scénarios catastrophes, et tenter de s'en sortir coûte que coûte, qui fait tout le charme du jeu. Et il faut avouer que voir une bande de barbouzes impérialistes débarquer sur une planète pour imposer la démocratie contrôlée à coups de bastos est une prospective réjouissante qui ne vieillit pas.

Le mot de la fin pour le système Cross de Sony, pour lequel le titre pourrait se révéler être le meilleur ambassadeur : un achat, et le jeu est disponible sur PS4, PS3 et Vita, les sauvegardes sont synchronisées de manière transparente, et surtout les trois supports peuvent jouer entre eux sans restriction. Avec sa fluidité et ses graphismes, la version PS4 reste la version de choix, mais malgré le framerate plus faible les deux autres versions restent malgré tout hautement recommandables, surtout la version Vita, qui au prix d'ombres et d'effets de lumière plus grossiers vous permettra de contrer la menace xeno-communiste durant tous vos déplacements. C'est pas la classe ça ?

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le 8 mars 2015

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HarmonySly

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