Attention, séquence nostalgie. Fond de violon s’il vous plaît. Merci. De mémoire (et je dois me tromper), Heroes Of Might & Magic est le premier jeu PC auquel j’ai joué. Bon, bien sûr, il ne faut pas compter le solitaire et le démineur. Toujours est-il que c’est un des nombreux jeux qui m’a fait comprendre la différence entre les expériences que l’on pouvait chercher sur console et sur PC. J’ai récemment remis mes pattes dessus histoire de voir les ravages causés par le temps. Un bon conseil : si vous voulez faire un trip nostalgique, attaquez directement par le deuxième épisode (ou le troisième, si vous êtes un homme de goût).
Je reconnais que mon accroche est exagérée. Maintenant que j’ai réussi à vous intéresser, je vais pouvoir tempérer mes propos. Eh non, partez pas ! C’est pas extraordinaire quand même. Alors, Heroes Of Might & Magic (HOM&M) est un jeu de stratégie au tour par tour où on alterne les phases d’exploration, exploitation des ressources, construction de sa ville avec des combats, eux aussi au tour par tour. Il est possible de jouer 4 factions, chacune avec ses propres créatures (dragons, minotaures, trolls…) puisant dans l’univers fantasy. Tout est très mignon et les dessins de vos troufions sont toujours agréables à l’œil.
Ce qui est assez amusant (ou triste, je vous laisse choisir), c’est que HOM&M n’est pas un très bon jeu alors qu’il pose toutes les bases de la série. Tout est là, que cela soit les divers pans “gestion” évoqués auparavant ou l’organisation générale des combats, et sera repris dans les volets suivants. Incroyable, n’est-ce pas ? Comment se fait-il alors que ce jeu soit juste correct (je tempère, je tempère) ? Ça tient en un mot : l’équilibrage. L’or, ressource primordiale pour construire ou recruter ses créatures, n’est fourni qu’en très petite quantité par vos villes alors qu’elles en sont la principale source. La conséquence est immédiate : il est impossible de recruter toutes les bestioles de sa faction. Et comme, en plus, les autres ressources ne peuvent être troquées pour compenser, le problème posé par le jeu ne peut être résolu par le joueur. C’est assez frustrant.
N’allez d’ailleurs pas croire que c’est un choix des développeurs parce que ça n’a quasiment aucun intérêt stratégique. Privilégier le recrutement d’une créature par rapport à une autre ne change pas énormément la donne, le ratio quantité/qualité étant lui équitable. Cela peut, à la rigueur, forcer le joueur à conquérir rapidement d’autres cités, mais au final il se retrouve confronté au même problème avec plusieurs villes. Si vous jouez avec un pote (grâce au fabuleux mode “Hot Seat” sur lequel j’ai passé des centaines d’heures), vous êtes au mois à égalité. Mais cette impression de lutter en permanence contre la partie gestion de HOM&M est réellement éreintante.
Bon, s’il n’y avait que ça, cela irait encore. Malheureusement l’I.A. est toute pétée, ce qui rend la campagne et les parties en solo désagréable. Passe encore les tricheries habituelles (l’ordinateur connaît toute la carte à l’avance…), mais son comportement est digne d’un joueur bourré : déplacements erratiques, division de l’armée à l’extrême, et j’en passe et des meilleurs.
Au-delà de ces considérations, les combats eux-mêmes ne sont pas extrêmement stratégiques. Les possibilités sont plutôt limitées par rapport aux épisodes qui suivront. L’affrontement consiste majoritairement à avancer les gros monstres bien balèzes pour tout casser, tout en couvrant un minimum les archers quand c’est possible. Rien de bien palpitant. Le poids du héros dans l’affrontement est démesuré si vous choppez les bons sorts. Dans l’autre cas, ce dernier s’avère parfaitement inutile.
C’est assez étrange, quand on connaît la série, de se retrouver face à ce jeu qui ressemble tellement à ceux qui suivront et qui pourtant, est loin d’en avoir la saveur. Un premier jet en somme, l’aîné, le brouillon. Difficile de le recommander, hormis pour ceux qui voudraient comprendre l’évolution de la saga ou saboter leurs souvenirs innocents de jeunesse.