Hitman: Absolution
6.7
Hitman: Absolution

Jeu de Io Interactive, Nixxes Software et Square Enix (2012PlayStation 3)

Autrefois un genre peu représenté, l’infiltration tend à se diversifier de plus en plus. Les séries les plus connues comme Splinter Cell, MGS, Deus Ex, Dishonored et j’en passe, en sont les meilleurs représentants. C'est aussi le cas pour Hitman, qui a fait son grand retour sur la 7ème génération de consoles 6 ans après Blood Money, sous le doux nom d’Absolution. Avec un Agent 47 toujours aussi impassible, classe et surtout plus dangereux que jamais. Mais à quel prix ?


Sapé d'un costard noir, avec une cravate rouge sang et tatoué d'un code barre à l'arrière du crâne, tels sont les traits distinctifs d'une machine à tuer nommée 47. Un tueur à gages mystérieux guidé uniquement par ses contrats et dont il vaut mieux ne pas barrer la route. Une philosophie resté intacte au fil des épisodes, celui-ci inclus. Mais ce dernier se révèlera toutefois plus scénarisé et abouti que ses prédécesseurs.



Tous les chemins mènent à la cible



Dans ce Hitman, on peut passer par plusieurs chemins pour neutraliser ses cibles. Faire l'usage d'armes à feu, interagir avec le décor, utiliser des explosifs et le plus intéressant effectuer un « meurtre indirect ». Autrement dit pouvoir tuer sans se salir les mains. Empoisonnement, électrocution où même un malentendu entre 2 personnes qui peut tourner la situation à son avantage, et donc par la mort de l'intéressé.


Toutes ces manières de tuer sont répertoriées dans une liste de « défis» propres à chaque mission, et fourniront un nombre plus ou moins important de points selon leur difficulté. Bien sûr, l'idéal est d'achever la cible uniquement. Dans le cas contraire le score diminue (civil tué, corps repéré, tout ce qui n'est pas "discret" quoi).


D'ailleurs, si vous tuez une cible non désignée et que vous cachez son corps, les points perdus et accumulés s'annulent. Un système qui selon le type de joueur, peut frustrer ou encourager. Au final, il ne tient qu'à chacun d'effectuer le meurtre parfait.


Après relecture, je me rends compte qu’il ne vaut mieux pas sortir les paragraphes du dessus de leur contexte. Mais passons…


Cependant, le jeu se révèle plutôt dirigiste, et l'assassinat ne sera pas toujours le seul objectif. Il faudra parfois aller à un endroit clairement indiqué et sans détour, où traverser des séquences scriptées assez spectaculaires pour certaines. Une variété qui s'inscrit dans l'air du temps, mais qui pourrait ne pas plaire aux puristes. Mais pour ceux-là, les différents modes de difficulté, dont le « Puriste » (quel hasard), supprimant toutes les infos à l'écran et bien d'autres éléments, devraient les satisfaire.



Instinct de survie



Une des nouveautés de ce Hitman est la présence de l'instinct, qui sert pour 3 usages.


Le premier met en évidence les éléments interactifs du décor (objets, armes, documents, mécanismes), et révèle même tout ce qui est invisible à l'œil nu (mines de proximité, lasers) les ennemis à travers les murs ainsi que l'endroit vers où ils se dirigent. Bref, c'est l’œil qui voit tout. Sauron, sors de ce corps.


Le second sert à masquer sa présence à l'ennemi. Dans chaque Hitman, il est possible de se Cospla…Hum, de voler des déguisements de toutes sortes afin de mieux se fondre dans le décor. Mais cela ne garantit nullement une invisibilité absolue. Car un ennemi en lequel vous vous êtes déguisé vous soupçonnera forcément. Et c'est là que la jauge d'instinct intervient. Activez là dès que vous vous trouvez en zone hostile près d'un ennemi et elle se videra petit à petit au cours du temps. Dans un souci de réalisme, 47 fera mine de cacher son visage et les autres n'y verront que du feu. Mais attention toutefois à bien gérer la quantité d'instinct.


Et enfin le dernier s'utilise pour faire une élimination instantané de plusieurs ennemis. Pour cela, il faut d'abord activer le bouton prévu à cet effet, ensuite verrouiller les têtes des cibles pendant que la jauge d'instinct diminue drastiquement, et enfin place à l'exécution. Vos proies ne vivront pas assez longtemps avant de comprendre ce qui se passe. Pour que l'instinct que régénère, il faudra soit tuer, faire une action furtive (se cacher alors que les gardes sont en alerte), ou attendre.


Bien que cela facilite grandement l'exploration du terrain et permettre de se sortir de situations normalement compliqués sans trop de soucis, l'instinct se révèle agréable à utiliser et particulièrement efficace.



L'infiltration avant tout



Qui dit jeu d'infiltration dit discrétion. Et si ce n’est pas le cas alors soit vous vous êtes trompés de jeu, soit vous n’avez plus rien à perdre en étant bien décidés à y aller en bourrin. C'était le cas des anciens Hitman, où se faire repérer était quasiment synonyme de fin de mission, avec (presque) aucun autre moyen de s'en tirer indemne.


Mais ici, c'est d'une part toujours vrai, mais avec en plus la possibilité d'y aller un peu plus « sauvagement». Comme dit plus haut, l'instinct peut servir à tuer plusieurs ennemis d’un coup dans le feu de l'action, mais les armes à feu ne manquent pas pour se défendre (Sniper, fusils à pompe ou mines). On notera toutefois l'absence de grenades, aussi bien dans l'inventaire de 47 que chez les ennemis. Un choix étrange même si on ne doit pas oublier que l'on joue à un jeu d'infiltration avant tout.


Revenons-y d'ailleurs. D'ordinaire, l'objectif (dans ce jeu assassiner des cibles) est de remplir la mission qui nous n'est donnée sans éveiller de soupçons. Pour y arriver, on peut passer par la méthode la plus courante, dite de diversion. Par exemple en balançant à l'endroit voulu un objet quelconque pour attirer l'ennemi vers celui-ci. Pour le prendre par surprise alors que son esprit est focalisé dessus. L'idéal si on est proche de la cible est de procéder à un « meurtre silencieux ». Étranglement, lancer d'objets mortels, tirs aux silencieux à bout portant et etc.


Cacher les corps est essentiel pour dissimuler sa présence à l'ennemi. Sans quoi leur vigilance sera accrue, et il sera plus difficile de se cacher une fois repérés. On peut dissimuler 2 corps maximum dans des endroits prévus à cet effet (armoires, boites, réfrigérateurs, etc.). Les armes visibles attirent aussi l'attention (sauf la corde à piano), attention à toujours les ranger en fonction du contexte.


L'orientation action de cet opus ne l'a pas empêché de conserver ses fondamentaux, et proposer une expérience d'infiltration réaliste et bien gérée.



How to Kill ?



Les armes fétiches de 47 répondent toujours présent et au doigt et à l’œil. D'abord la corde à piano, plus discrète et parfaite pour un meurtre silencieux car elle permet d'étrangler ses cibles pour ensuite transporter leur corps vers un lieu sûr.


Ensuite les SilverBallers. Double pistolet silencieux à privilégier pour un meurtre à bout portant. Symbole même de la série, elles ont aussi leur importance dans le scénario car une mission leur sera même dédiée.


Dans les anciens Hitman, la diversion était possible grâce à une pièce de monnaie réutilisable. Mais celle-ci a disparue au profit d'objets en tout genres que l'on peut ramasser un peu partout (Livres, Fers à repasser, Briques, clés, etc). Certains d'entre eux peuvent même servir à frapper des cibles. Un dernier emplacement est réservé aux autres armes que l'ont peut ramasser.


En plus de pouvoir longer les murs, on peut également effectuer un « pas de coté » pour naviguer d'abri en abri. Mais vaut mieux le faire pendant qu'un ennemi ne regarde pas droit dans cette direction, ça serait bête. Cela rend l'exploration moins rigide et plus dynamique.


Et enfin, on notera la présence de QTE. Aussi peu fréquents soient-ils, on les retrouve essentiellement lors des séquences de combat. Toutefois, ce système à pas vraiment sa place dans un jeu d'infiltration, malgré la qualité des animations.



Immersion



Une des grandes qualités de cet opus est la sensation d'immersion qu'il nous procure. D'une part par ses graphismes plus que corrects pour l’époque, affichant une flopée de détails, d’effets de lumière, particules dynamiques, animations réalistes pour les personnages, végétation dense et j'en passe. Même l'agent 47 subit ce traitement de faveur, car on peut même voir son physique évoluer au fur et à mesure de l'histoire. Mais la plus belle preuve de cette exploitation du moteur graphique est l'affichage en temps réel en fonction des zones, d'une centaine de personnes, tous animés et modélisés et avec leur propre intelligence artificielle.


Autre point liée à l'immersion, les dialogues entre personnages. On dit souvent que « les murs ont des oreilles » n'es-ce pas ? Eh bien on peut dire que cette expression à rarement été aussi vraie que dans ce Hitman. Bien qu'ils parlent souvent de tout et de rien, ils peuvent révéler des infos moins anecdotiques, voire carrément liées au scénario ou à la progression. Mais ce n'est pas tout. Car les discussions peuvent même changer en fonction de nos actions, rendant le jeu encore plus dynamique et « vivant». D’ailleurs, le doublage est d’assez bonne facture.


Dernier point. La bande son assez discrète, mais s'adaptant bien en fonction des circonstances. Par exemple quand le danger se rapproche ou qu'un objectif est atteint, la musique gagne progressivement en puissance. Un peu comme si elle nous "guidait". Rien de mieux que des Violons pour donner un tel effet. En plus de cela, quelques thèmes d'anciens Hitman bien connus refont surface pour le plus grand bonheur des oreilles et des fans (dont l'Ave Maria). En définitive une OST de qualité.



En vrac



Le soft se finit en une dizaine d'heures. Et davantage si l'on cherche à exploiter toutes les possibilités d'assassinat de ses cibles. Et si on y ajoute le mode « contrats perso », permettant de créer ses propres contrats (cibles à éliminer + conditions d'élimination dans les niveaux du jeu), la durée de vie s'en retrouve doublée.


Le scénario est classique, mais non dénué d'humour noir avec son lot de personnages cocasses. Attention spoilers :


D'abord assigné à la mission de tuer Diana Burnwood pour trahison, une des rares personnes que 47 pouvait considérer comme étant digne de confiance, il sera ensuite question d'une jeune fille subissant des expériences qui à terme pourrait la rendre encore plus dangereuse que 47 lui même, et qu'il devra protéger. Une mission bien plus personnelle qu'a l'accoutumée donc.


Même les contrats qui furent autrefois indépendants du scénario sont aujourd'hui complètement liés à lui. Apportant une cohérence qui n'existait pas dans les opus antérieurs.


Je finirai par un élément lié à l'exploration, et plutôt embêtant. Toujours pour faciliter l'exploration, les développeurs ont intégré des checkpoints qui en cas d'échec durant la mission nous y ramène. Le problème ne vient pas de leur présence, mais plutôt sur ses conséquences. Car une réapparition annule tout simplement toutes les actions effectuées précédemment. Autrement dit, une zone que l'on aura préalablement nettoyé des ennemis ne le sera plus.



Verdict



Il aura fait peur à beaucoup de fans lors de sa première annonce, mais ce Hitman en plus d'être rassurant, se pose comme une valeur sûre en matière d'infiltration. Et en y ajoutant une mise en scène de haute volée, une bande son de qualité et un gameplay bien calibré, on a entre les mains un jeu exigeant qui s'adapte à l'époque sans pour autant renier ses origines. Un retour plus que réussi pour un Agent 47 plus en forme que jamais.

Nindo64
8
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Créée

le 17 nov. 2016

Critique lue 206 fois

Nindo64

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