Note : J'ai joué au jeu sans les DLC.
Sorti en ce début d'année 2017, Hollow Knight est considéré comme le fer de lance des jeux indépendants de l'année, un fier prétendant au titre de GOTY, le deuxième jeu préféré d'un célèbre journaliste français spécialiste en roulade, il semble même être un exutoire pour pédanterie mal placée si j'en crois l'une des critiques dithyrambique présente sur ce site. Pourtant, en dépit de ses nombreuses qualités, HK n'est pas, à mon sens, le petit bijou parfait qu'on voudrait nous survendre.
La première chose qui saute aux yeux lorsqu'on lance le jeu c'est son aspect : Hollow Knight est magnifique. Ses majestueux décors, ses personnages dessinés et animés à la main, ses musiques tout en douceur et en subtilité. C'est véritablement enchanteur, et les premiers niveaux explorés confirment vite cette impression : on passe de sombres territoires en ruines à une jungle haute en couleur, chaque nouvelle rencontre recèle de petits détails tantôt mignons tantôt mystérieux et on se rend compte qu'il y a beaucoup de choses à faire et à voir. On se laisse facilement prendre au jeu, d'autant plus que le concept est, si ce n'est original, assez efficace : Hollow Knight pourrait être classifié comme étant un metroidvania, à savoir qu'il s'agit d'un jeu de plateforme en 2D qui propose un monde semi-ouvert où les nouvelles capacités de notre héros nous permettent d'accéder à des passages et d'autres zones inaccessibles auparavant, offrant alors de débloquer de nouvelles compétences qui nous débloqueront de nouveaux endroits, etc...
Seulement, les émotions positives et le plaisir de jeu des premières heures vont malheureusement laisser leur place à l'ennui et à l'agacement une fois la moitié du jeu atteinte. En effet, le monde d'Hollow Knight est vaste et bourré d'embranchement, et la carte, pourtant vitale dans ce cadre, est absolument mal fichue : il m'est arrivé plusieurs fois d'être tout simplement bloqué, ne sachant pas où aller pour utiliser ma nouvelle capacité débloquée et ainsi continuer l'aventure. Me voici donc à errer pendant des heures dans les même corridors, les même niveaux, à abattre les mêmes ennemis en boucle en espérant tomber par hasard sur le bon chemin, car c'est de ça qu'on parle : de hasard. Si vous avez de la chance, vous retomberez directement sur ce passage bloqué que vous aviez repéré plusieurs heures auparavant et évidemment oublié depuis, sinon vous tenterez encore et encore chaque zone qui pourrait possiblement offrir un échappatoire. C'est là que vient l'ennui car aussi charmante soit l'exploration dans une zone que l'on vient de découvrir, traverser celle-ci à maintes et maintes reprises brise le sort.
Quand à l'agacement, il pointe très vite le bout de son nez à cause des mouvements patauds du petit chevalier, de son manque total de contrôle aérien malgré la présence de nombreuses phases de pure plateforme et de l'imprécision du gameplay - inputs non pris en compte car le jeu avait décidé que l'animation précédente n'était pas terminée même si c'était le cas visuellement, hitboxes foireuses, capacités nécessaires au confort disponibles qu'en fin de jeu (le double saut), décors au premier plan cachant les ennemis et rendant l'action illisible... et, bien sûr, n'oublions pas la téléportation en arrière lorsqu'on touche un pic ou autre surface dangereuse. Plutôt que de simplement repousser le personnage comme dans n'importe quel jeu, le petit hanneton se retrouve parfois à plusieurs plateforme de là où il se trouvait. Pénible.
En probable hommage à une célèbre série de jeux From Software, le scénario, somme toute des plus lambda, est expliqué dans le jeu à travers des dialogues et des descriptions volontairement confuses et erratiques, excédant de mysticisme pour ne pas raconter grand chose et faire développer artificiellement le mystère. Ce qui était encore frais et original il y a dix ans ne l'est plus forcément aujourd'hui et dialoguer avec des PNJ me déblatérant des bouts de phrases incomplètes et incompréhensibles ne m'amuse plus du tout : j'ai passé l'âge de sur-intellectualiser et de tolérer les facilités d'écriture cachées par l'excuse d'un sous-texte supposé.
Au final, je m'en veux presque de critiquer Hollow Knight tant celui-ci sent la volonté de bien faire. Magnifique et enchanteur pendant une bonne partie, fourmillant de quêtes annexes et de petits secrets à découvrir, le jeu n'est pas avare en contenu et si la perte de temps en navigation, la narration péteuse et les contrôles pénibles ne vous sont pas rédhibitoires, il est probable que vous y passiez de nombreuses heures, d'autant plus que plusieurs fins sont disponibles. Mais pour ma part, le constat est malheureux : le jeu m'a autant enchanté qu'il m'a énervé, autant attiré que repoussé sur la longueur. Et, après avoir fini le jeu, j'ai eu l'impression d'avoir passé une vingtaine d'heures de ma vie sur une coquille vide. Pourtant, à peu de choses près, j'étais conquis.