Si le premier Horizon avait réussi à me séduire malgré qu’il ne soit qu’une variation de monde ouvert lambda, ce Forbidden West m’a très vite fait soupirer. En cinq ans la formule n’a pas évolué, on se retrouve encore dans un ersatz d’Assassin’s Creed, mais cette fois avec une démultiplication des points d’intérêt sur la carte, là où le premier volet avait le bon goût de ne pas causer l’indigestion propre au genre. Il y a bien le paravoile de Breath of the Wild qui a été intégré, parce que si ça marche en Hyrule, ça marchera là s’est sans doute dit Guerrilla Games…
Et derrière cette platitude, aucun autre élément ne viendra relever le niveau. Si les graphismes sont très beaux et le jeu techniquement abouti, la direction artistique est quant à elle on ne peut plus basique. On enchaîne jungles, déserts et montagnes sans personnalités et où il est impossible de se repérer sans la carte tant tout se ressemble et tant l’horizon est obstrué (un comble). Quand en plus le jeu passe juste derrière Elden Ring, ça en devient carrément rédhibitoire.
L’écriture est aux fraises, avec des personnages stéréotypés et unidimensionnels, Aloy la Mary-Sue en tête. Et puis ces invectives et monologues insupportables à longueur de temps, qui n’apportent absolument rien et qui ne semblent présent que pour combler un silence, celles aussi pertinentes qu’une phase de plateforme où notre héroïne lance un “Il ne faudrait pas que je tombe” (merci ma grande, ta perspicacité m’émeut). Sur la fin de l’aventure, j’ai commencé à passer les dialogues de tout ce qui était secondaire tant je n’en pouvais plus de cette écriture Ubisoft.
Et du coup, il reste le gameplay. Si le world design est à la ramasse, on ne peut pas nier que les combats sont toujours aussi efficaces, même si au final, la variété des armes proposées semble bien inutile en mode normal tant on se contentera de tirer à l’arc dans les parties détachables pendant toute la durée du jeu. Voilà, il y a ça qui fait le boulot. Pour le reste…
Il est probable que ma prise en main du jeu ayant fait suite directe à la claque Elden Ring, je n’en sois que plus sévère. Mais si Horizon, par un malencontreux hasard de calendrier proche de celui de 2017 avec Zelda, souffre de la comparaison, il n’en a pas la moindre excuse pour autant. Forbidden West c’est du réchauffé d’une formule qui accuse déjà plus d’une décennie. Cinq ans pour sortir un truc plus mauvais que la première mouture, où le studio s’est dit que quantité égalait qualité plutôt que de vraiment réfléchir à des éléments propres qui pourraient différencier le jeu du tout venant, comme a su le faire un Ghost of Tsushima.
C’est donc 80 heures, étalées sur trois mois, qu’il m’aura fallu pour enfin lâcher ce produit sans âme.