Depuis quelques années, je n’arrive plus véritablement à suivre les sorties de jeux-vidéo. Hé oui, on grandit, on étudie, on travaille et finalement les jeux-vidéo, assez chronophages, finissent par passer sur le plan des activités qu’on peut faire quand on a vraiment un peu de temps. Malgré tout, j’essaye toujours de m’aménager du temps car je ne m’imagine pas réussir à me passer complètement de ce medium riche et particulièrement intéressant quand il le veut.
Il y a quelques années je me suis acheté une PS4, avec Spider-Man, Uncharted 4 et le présent Horizon Zero Dawn et si j’ai enchainé les deux premiers assez rapidement, j’ai laissé le troisième de côté. Je ne sais pas pourquoi, mais il me paraissait un peu exigeant et surtout très chronophage et j’avais l’impression qu’il me faudrait un sacré investissement personnel pour réussir à le dompter pour comprendre cette interface surchargée qui me donnait déjà un peu mal au crâne lors de mon premier contact avec le jeu. Et effectivement, ce jeu demande du temps. Mais maintenant que je l’ai fini, je peux dire que ce n’est pas parce que le jeu est exigeant et riche. Non, il est exactement dans la lignée des jeux Ubisoft type Assassin’s Creed et Far Cry : il est riche de quêtes peu intéressantes et de collectables inutiles.
Alors essayons d’abord de parler du positif. Le jeu est visuellement assez beau, même si c’est un peu le minimum que l’on peut demander à un tel jeu avec un tel budget. Cette beauté visuelle, elle se ressent surtout pendant quelques fulgurances en termes de propositions du plan parce que le reste du temps, c’est surtout une beauté presque tristement banale. Car une bonne direction artistique mise au service d’un univers peu inspiré ne fait pas tout. En termes de gameplay, tout ce qui relève de l’arc et des mouvements d’Aloy est assez bon, malgré quelques petits problèmes. C’est un plaisir de chercher à tuer les créatures mécaniques qui peuplent ce monde avec l’arc et ses variantes. C’est déjà moins plaisant en ce qui concerne le fameux tableau des compétences peu inspiré et l’inventaire ou les 3 milliards de documents audios qu’on l’on doit retrouver dans ce vaste univers.
Entre le bon et le mauvais, il y a le scénario. Si globalement il est plutôt bon (une histoire d’apocalypse, d’humains qui créent des dieux informatiques puis de dieux informatiques qui sont censés construire le monde d’après), les phases de dialogues sont longues, assez inintéressantes. Le scenario essaye d’être à la fois spectaculaire et intimiste sans jamais réussir à remplir ces deux tâches. Les personnages sont également peu intéressants, Aloy en tête qui, bien qu’attachante, subit les affres d’une histoire classique qui ne réussira jamais à lui donner la moindre consistance. Les personnages secondaires subiront le même sort. Au final, je resors de cette expérience avec beaucoup de personnages en tête sans me rappeler de leurs noms, beaucoup de dialogues insipides et jamais de vraie implication dans cette histoire. Autant dire que ça m’a fatigué de jouer à Horizon. Et puis c’est sans parler de cette interface trop (et inutilement) riche, l’usage du focus qui devient assez vite insupportable et vient ajouter une couche d’explications sur TOUT l’univers.
C’est probablement là que l’on peut toucher à ce qui ne va pas avec ce jeu. C’est un jeu qui essaye de TOUT expliquer, montrer, avec une surcouche d’informations offerte par le focus notamment. Il oublie ainsi par-là d’utiliser les particularités de son medium en designant l’univers pour le rendre compréhensible autrement que par ces surcouches. Un peu comme ces films qui oublient de parfois faire taire leurs personnages au profit d’un plan bien fichu (« show don’t tell »). Et le jeu serait court, j’aurais pu faire avec sans que cela ne devienne insupportable. Mais il faut compter plusieurs dizaines d’heures pour finir le jeu (entre 20 et 30) et autant le dire, dépassées les 10-12 premièes heures, je commençais à en avoir assez. Assez de suivre cette histoire dont on nous explique TOUT, assez de récolter des conneries par terre qui ne me servent qu’à être vendues à des marchands, assez de tuer des sangliers et des lapins pour espérer looter un os nécessaire à crafter un carquois ou une pochette supplémentaire pour transporter encore plus de merdes…
Bref, un jeu qui a fini par m’épuiser et dont j’ai rushé la fin, mais surtout un jeu qui est d’un académique « ubisoftien » assez exaspérant. Cette formule qui se répète et dont j’aimerais qu’on puisse voir la fin afin d’avoir des open worlds dont on pense le game design du début à la fin (Breath of the Wild <3) sans avoir à surcharger une carte et une interface d’informations à la fois décourageantes et surtout étouffantes. Tiens, c’est ça mon impression sur le jeu : étouffant. Et c’est ça m’apparait d’autant plus étouffant que je viens de me refaire Shadow of the Colossus il y a peu. Aaaaah Shadow of the Colossus et son monde vaste, une histoire simple mais brillamment mise en scène, peu de dialogues, une interface plus qu’épurée et un game design au poil… Dommage qu’il n’ait inspiré que peu de jeu après lui.