"Good evening! [...] We have a job for you." nous dit-on au téléphone après un réveil difficile dans un appart' minable. Partir sans réfléchir au volant de sa Delorean. Une fois arrivé, la musique électro se fait entendre, tressaillant au fond de son corps, se revêtir de son plus beau masque - le cheval en l'occurence - et partir dézinguer quelques enfoirés!
Se faire tuer dès l'entrée. Non découragé, l'éclater contre la porte, prendre son Ak!
Se faire tuer. Reprendre de plus belle,dégommer le chien. Lui balancer l'arme dans la gueule, lui exploser la tête.
Se refaire tuer, recommencer de plus belle, et puis développer un sens de la tuerie hors du commun. Tiens, la musique n'est plus funky, elle est même plutôt dérangeante, confrontant notre héros à ses pêchés sanguinolents. Des cadavres empilés, des têtes dévissées, des jambes éparpillées, les intestins du chien, la tapisserie aussi. Merde, qui a pu être habité d'une folie tant meurtrière?
Telle est la sensation ressentie devant Hotline Miami ou plutôt dans Hotline Miami, le jeu nous ancrant dès son menu aux couleurs pop dans ces incroyables années 80, fortes d'une musique à part entière. La bande-son, plus qu'immersive, tient le rôle principal du jeu, c'est celle-ci qui nous permet d'être en phase avec nos bas instincts décuplés avec force et vilenie. Le massacre, c'est notre dada, nous croyons en être dégoûtés en ayant à re-traverser vos chemins sanglants sur un une musique faussement apaisante. Que nenni, tuer devient jouissif, un plaisir coupable, grâce à la recharge rapide du jeu évitant ainsi une éventuelle frustration 'Do you really want me to reveal who you are?". Sous ses airs résolument rétro, jouant à fond la carte du pixel art, l'on pourrait alors croire par ce biais que son ultraviolence n'est alors jamais ressentie comme réelle, bien au contraire, nous assouvissons ici nos plus basses pulsions. La représentation approximative de la violence créant finalement une violence excessive "Do you like hurting other people?", question venant à tarauder le joueur. Celui-ci devenant autre par la nature du jeu ne pouvant qu'hurler au vu de certaines situations, nous obligeant à atteindre le syndrome du niveau parfait, de la tuerie parfaite. À vrai dire, il y a quelque chose qui lorgne sur la chorégraphie, une chorégraphie pleine d'hémoglobine.
Empruntant des airs de GTA pour l'aspect intrinsèquement provocateur et incorrect ainsi que Drive en ce qui est de l'ambiance rétro et du héros mystérieux, Hotline Miami s'avère être un jeu presque essentiel, bien plus intelligent qu'il n'y paraît, assaisonné d'une mise en scène efficace, voire parfois intriguante et d'un scénario ma foi, plutôt bon.