L'ambiance de ce jeu est nimbée de magie brumeuse, d'un mystère dense et intrigant qui ne faiblira pas tout au long de cette histoire magnifique, où tout est suggéré, et où l'imagination du joueur a la part belle.

Un enfant avec des cornes est emmené au plus profond des entrailles d'un château partiellement en ruines par une procession. Il semble s'agir d'un rituel sacrificiel dont il est la victime désignée.
Scellé par magie dans un sarcophage parmi des centaines d'autres, et abandonné là par les autres, il réussit néanmoins à s'en échapper.
Seul dans les profondeurs de ce menaçant édifice, son attention est attirée par une cage.
Dans cette dernière, un être englué d'obscurité lève la tête vers lui, et Ico (car c'est le nom du garçon) se fait happer par sa propre ombre.
Il se réveille dans la même pièce.
Dans la cage, d'une flaque d'ombre opaque s'échappe un fragile être de lumière qui ne parle pas sa langue.
A peine l'enfant cornu s'éloigne-t-il d'elle pour trouver une sortie que jaillissent de flaques d'ombre des créatures noires et brumeuses évoquant certaines des belles réussites de Miyazaki, et ces dernières emportent la jeune fille avec eux et s'enfoncent dans les flaques d'ombre.
Ico la sauve de justesse, et une relation pure entre les deux personnages se met en place, qui vont conjuguer leurs efforts pour quitter cette forteresse labyrinthique aux dimensions improbables, hanté par la résonance du vent soufflant entre les vieilles pierres, et par une magie qui répond aux pouvoirs de Yarda, la jeune fille, capable d'ouvrir les portes scellées par exemple.

Ico est-il passé de l'autre coté du miroir lors de sa découverte de l'être d'ombre dans la cage, remplacé à son réveil par la jeune fille ? Est-ce Yarda qui l'a appelé de l'autre coté ?
Etait-ce un rêve ? Pourquoi est-il enfermé par les siens dans ce lieu ? Que faisait Yarda dans une cage ?

Le jeu est à peine commencé et déjà les questions sont là, la soif de découverte se fait sentir, on est, à même titre que l'enfant est happé par les ombres, absorbé par l'ambiance de ce conte étrange.
Une relation entre amour et innocence magnifiquement racontée entre les lignes se crée entre les deux personnages et on se surprend à marcher lentement lorsqu'on la tient par la main pour ne pas la brusquer.
L'immersion est totale, c'est une aventure que l'on vit.
La réalisation est parfaite, les jeux de lumière, les reflets, les mouvements, angles de caméra, rien n'est à jeter, tout fait sens en terme de mise en scène, et les musiques et sons ne sont pas en reste.
La narration est fine et subtile, certaines réponses seront données, d'autres seront laissées en pâture à l'interprétation du joueur troublé par cette ambiance unique.
Troublé aussi par un gameplay particulier, basé sur une forme de coopération entre Ico que l'on dirige, et Yarda qui bénéficie d'une certaine autonomie.
Celle-ci est peut-être limitée, mais l'impression donnée est qu'elle s'en remet à Ico en toute confiance. Et elle a raison, car ce dernier ne l'abandonnera pas.

Passer à coté de ce jeu, c'est avoir loupé un des trois meilleurs titres de la PS2, ce qui n'est finalement pas peu dire.

Avez-vous déjà ressenti des sentiments envers un personnage fictif, éprouvé une authentique envie de protéger ce personnage, à un point où la réalité disparaît derrière l'aventure vécue ?
Si votre réponse est non, c'est que vous n'avez jamais joué à Ico ou que vous êtes un cyborg.

Amateurs de contes, de mystères, de magie, ce jeu s'adresse à vous, directement.
toma Uberwenig

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