Ico est certes court mais terriblement envoûtant ; de toute manière il perdrait de sa magie à être plus long et cela permet de le rejouer d'une traite quand on en connaît les mystères. L'angle narratif choisi par Fumito Ueda est unique : pas de musique (sauf lors des rares cinématiques), uniquement des bruitages d'ambiance et une palette surexposée qui suggère l'éblouissement quand on accède aux extérieurs, ni tutoriel ni interface à l'écran, aucune explication préalable sur l'univers et les deux autres protagonistes (Yorda et la Reine) parlent un langage que le héros ne comprend pas. Le joueur devient Ico. Une atmosphère d'étrange quiétude et de poésie se dégage tout au long de l'aventure, opportunément brisée par l'apparition stressante des ombres qui cherchent à enlever Yorda. La relation avec cette dernière passe par un souci maniaque du détail (les séquences de sauvegarde !) et s'avère incroyablement touchante. Pour tout avouer c'est bien la première fois que je pleurais devant la fin d'un jeu ! La topologie soigneusement élaborée du château - et les puzzles qu'il recèle - en font un personnage à part entière et son architecture offre des perspectives à couper le souffle. Bref, Ico est une merveille dont les qualités uniques excusent les menus défauts (le gameplay est assez limité et la maniabilité pas toujours aussi précise qu'on le souhaiterait, les affrontements contre les ombres s'éternisent parfois un peu trop). Assurément un très grand jeu.