Il est évident qu’un tel jeu touche la corde mélancolique d’un vieux joueur comme moi, jouant beaucoup moins mais plus qualitativement. Adepte du Point & Click, premiers émois (vidéoludiques !) de mon adolescence, je ne vous dresserais pas la liste, elle est bien trop longue et commence à l’époque de l’Amiga.
Au détour d’un article, je découvre « If on a Winter’s Night Four Travelers », dont le titre interpelle. Le jeu est gratuit, réalisé par deux artistes, Laura Hunt et Thomas Möhring.
Les influences sont nombreuses, Italo Calvino (évidente) mais aussi Agatha Christie, Edgar Allan Poe, H.P. Lovecraft pour la partie littéraire. Satie, Dvorak notamment pour la partie musicale qui apporte la touche de mélancolie omniprésente, nécessaire à l’ambiance et bien sûr à tous les jeux qui n’avaient pas autant de couleurs et de pixels que maintenant et où la 3D n’était qu’un concept abstrait.
Dès les premiers instants du jeu, vous êtes happés par la narration et l’animation. En quelques secondes et pour deux heures pour un joueur lent comme moi, vous passez par toutes les émotions. Le contexte historique (les années vingt=excellent choix), les personnages savamment écrits, les dialogues au diapason, l’ambiance sonore (libre de droits), la musique (libre de droits), l’animation (parfaite), les environnements, les transitions, etc… Un chef d’œuvre artistique.
Il en ressort un jeu à l’ambiance pesante, horrifique, dramatiquement cruel mais terriblement unique en son genre, revenant aux sources de jeux vidéo du passé, modernisé par deux artistes à l’avenir certain.