N'ayant pas aimé le style de Her Story (sorti également du cerveau de Sam Barlow), je me suis tout de même plongé dans Immortality. La cause : la promesse d'une plongée dans 3 décennies dans les fausses archives de Marissa Marcel, une actrice franco-britannique qui n'a joué que dans 3 films, tous inachevés.
La vie de cette actrice se parcourt au travers des images filmées à l'occasion de ces 3 projets (répétitions, images du tournage, coulisses, promos...) Pour passer d'un extrait à un autre, il est demandé au joueur de cliquer sur n'importe quel élément de la vidéo, que ce soit le visage d'un acteur ou un tabouret en arrière-plan. Cette action mène vers une scène choisie au hasard, contenant le même type d'élément. D'une seule séquence au tout début du jeu, on aboutit au final à des centaines d'extraits visionnables à l'envi et décorticables image par image. Le côté aléatoire de la chose est plutôt excitant au premier abord avant d'inspirer de la frustration au bout de 6-7 heures de jeu, quand la majorité des scènes sera déjà dans notre collection. Bien heureusement, aucune scène ne ressemble visuellement à une autre (même dans le cas où elles partagent un même décor) et on se repère aisément.
Vous l'aurez compris, le jeu du studio Half Mermaid se joue comme une version interactive d'un logiciel de lecture vidéo, ce qui n'est clairement pas un mal tant le contenu visuel se suffit à lui-même. Porté par des acteurs excellents et un habile jonglage entre les époques, l'ensemble est fascinant. On passe des heures à aller d'extraits en extraits, de répétitions en tournage, sans voir le temps passer et sans avoir besoin d'être féru de cinéma pour apprécier les magnifiques visuels. Et ne vous inquiétez pas pour la monotonie de la chose : sans trop spoiler, cliquer des milliers de fois sur "play" ne sera pas suffisant pour finir et/ou se faire une idée du propos.
En terme de choses à raconter, Immortality n'est pas avare. En plus de l'intrigue principale, on recolle autant les morceaux des film que ceux de leur création. Relations entre les acteurs, tensions en tout genre, ratés de tournage... On apprend toujours quelque chose. Cependant, les vraies scènes-clefs se font rares en définitive, on a souvent l'impression que le jeu fait du sur-place avec des bribes pas si utiles que ça.
Dernier petit détail pour ceux qui veulent faire des streams ou des playthroughs publics du jeu : il y a beaucoup de nudité et de sang mais aucune option de censure; simplement un avertissement de contenu dans le menu du jeu.
Pour parler de certains défauts du jeu, je suis obligé de passer en mode spoiler :
-L'accès au scènes cachées n'est pas intuitif : même si on sait où les trouver, il faut rembobiner au bon endroit et à la bonne vitesse pour que ça fonctionne.
-Les commandes sont précises mais un peu trop dépouillées. On se perd facilement dans le menu des extraits
-Ces scènes sont souvent présentes en doublon et leurs présences est trop souvent injustifiées. C'est l'une des raisons pour laquelle je n'ai pas aimé le lore des deux êtres
-On a jamais vraiment l'impression de finir le jeu, et ça peut être frustrant
A chaud, j'ai beaucoup apprécié Immortality, mais en y réfléchissant, ma volonté de voir le fin mot de l'histoire (ou plutôt, de ces histoires) a beaucoup aidé. L'objectif étant désormais accompli, je me sens un peu déçu par la proposition finale du jeu. Très beau voyage, mais la destination est sympathique tout au plus : même si on est content d'avoir fait le déplacement, on ne peut s'empêcher de dire si ça valait vraiment le coup de partir pour ça.