Ce n'est non pas sans aprioris que je lance Indika pour la première fois et on lance le jeu en russe pour les voix. Comment ça, du pixel art ? Du scoring ? Elle est où la mère patrie ? La flippe ? Ah ok, c'était juste une intro ! Pourquoi on me demande des allers-retours ingrats ? On ne me respecte pas, je suis une rejetée, qu'est-ce qui te prend, jeu ?
Suite à cette introduction, la suite continuera à vous surprendre si vous ouvrez vos chakras post-AAA pour tenter d'en lire le sous-texte. Car oui, nous sommes ici face à un jeu d'auteur qui risque d'offusquer un grand nombre de joueurs non habitués à cette recette où on vous dit littéralement que le score ne sert à rien. Le voyage reste très immersif avec quelques énigmes sympathiques, d'autres moins. Une chose est certaine, ce n'est pas le gameplay le plus important, il s'avère même accessoire.
SPOIL !
Pour en revenir à l'aspect du score et de l'arbre de progression, je trouve brillante son intégration unique et utile en termes de narration. En effet, il s'avère non pas être un compteur de chiffres, mais il faut plutôt le voir comme un compte de foi envers Dieu. Indika perd l'intégralité du score quand une situation grave lui semble injuste. Enfin, gros spoilers de fin : le jeu se termine avec cette femme embrassant un objet divin, chaque embrassade/prière rapporte des points et nous pouvons le faire... une infinité de fois, une bien belle métaphore. Cela illustre que dès lors que nous sommes sans espoir, nous recherchons constamment à nous accrocher à quelque chose même si nous avons renié ce en quoi nous croyons, un bouc-émissaire donc. C'est une critique viscérale de la religion.
À cette heure où tout est managé et calibré au poil de fesses sous peine de ne pas avoir suffisamment de retour sur investissement, ce genre de jeu avec un parti pris relativement fort et qui, il faut le dire, ne va pas capitaliser énormément, fait du bien à l'industrie.