ça fait cher, l'alpha à 13 boules.

Ayant joué à DayZ, et reconnaissant dans ce dernier un concept extrêmement puissant, bien que desservi par une pléthore de bugs à en bouffer son clavier, et une maniabilité tirée d'ArmA II, c'est à dire, atroce, quand on est habitué à des FPS un peu plus accessibles, j'ai reçu la sortie de The War Z avec un certain enthousiasme. Il s'annonçait relativement facile à prendre en main, et assez avares en concessions point de vue gameplay. 13 euros, pour un jeu sur lequel on peut potentiellement passer des dizaines d'heures, vu le concept très accrocheur de DayZ, auquel il ne manquait finalement qu'un poil d'accessibilité pour accrocher tous les joueurs pas forcément mordus d'ArmA II.

La bonne blague.

Après trois heures de jeu, le constat laisse assez peu de place au doute : Ceci est un navet. Un vrai, un bon, un gros. Les développeurs prétendent travailler dessus depuis deux ans (pour couper court à toute accusation de plagiat pur et simple), or, il y a de quoi en douter. Alors certes, attendre d'un jeu qu'il fasse aussi bien graphiquement qu'ArmA, c'était peut-être trop en demander, mais bon sang... La végétation fait un bond de 7 ans en arrière, les environnements urbains ne s'en sortent guère mieux, bref, c'est atrocement laid, et ça se permet d'être blindé de clipping et d'aliasing. Cadeau de la maison : des animations pour votre personnage dignes de GTA 3.

Le jeu étant officiellement sorti, et donc, manifestement considéré comme "fini" par ses développeurs, ou du moins, d'un niveau de qualité satisfaisant pour être mis en vente, on est en droit d'attendre une expérience assez propre, où seule nos erreurs sauront expliquer notre passage de vie à trépas (surtout que, contrairement à DayZ, on est face à un jeu vendu plus d'une dizaine d'euros, et trouvant le moyen de proposer en plus un item shop clairement PayToWin dans l'esprit) : Grosse erreur. Tous les classiques sont bien présents, des zombies aux yeux bioniques permettant de voir à travers le béton, aux mandales dans le vide (voire, à travers les murs) qui touchent quand même, en passant par le passage de "accroupi" à "allongé" dans une pente qui inflige des dégâts de chute (loin d'être négligeables), de sacrés problèmes de son, entre votre personnage qui fait le même bruit en se déplaçant sur ses deux jambes à toute berzingue ou quand il rampe, et le volume auquel on entend les zombies qui ne dépend pas de la distance entre lui et nous, mais juste de si l'on est à moins d'une certaine distance de ce dernier, n'en demandez pas plus, tout y est.

On regrettera aussi certains choix censés transpirer l'accessibilité, comme le remplacement de la mort permanente par une incapacité de jouer notre personnage pendant une bonne heure. Choix typiquement mi-casu ("Quand même, la mort permanente, c'est un coup dur pour le joueur !") et mi-hardcore ("Ce serait n'importe quoi dans un jeu de zombie de ne pas avoir peur de la mort et de pouvoir respawn à tire-larigot !"), qui au final, se retrouve être ni casu, ni hardcore, mais juste gonflant. La mort des personnages impliquant la perte totale de tout son inventaire, et les "tree de compétences" (sic) n'étant pas encore implémentés, garder son personnage mort et attendre qu'il ressuscite ne présente absolument aucun intérêt. On se retrouve donc entre chaque partie à supprimer son personnage pour en recréer un via l'éditeur de personnages (où sont proposés 5 têtes, 5 chemises, 5 jeans. Tremble, Guild Wars 2 !), tout aussi fastidieux qu'absurde.

On oubliera pas non plus de mentionner les cheaters, qui ont l'air de se faire extrêmement plaisir, le jeu n'étant doté d'aucun système d'anti-triche, manifestement.

Afin d'être parfaitement objectifs (et surtout, d'éviter de me faire descendre par les types pouvant remettre en cause mon objectivité), on lui reconnaîtra certaines qualités :
Il est assez facile à prendre en main, contrairement à DayZ, on ne se prend pas la tête pendant des heures à comprendre comment fonctionnent l'inventaire et les contrôles. Et même s'il se veut clairement plus accessible que la référennce avec laquelle il sera forcément comparé, on reste malgré tout une proie, au milieu de zombies qui nous mettent à terre en deux ou trois baffes (c'est plus que le "une baffe et 30 secondes de saignement" de DayZ, mais bon.).
Ah, et aussi, il y a plein de serveurs dédiés qui ont l'air stables.

Dans l'absolu, The War Z pue le jeu pas fini. Avec ses fonctionnalités pas implémentées par dizaines (Diantre, pas moyen de nager dans un jeu de survie ?!), sa plastique vraiment pas top, ses choix douteux, ses bugs monumentaux, sa promo à deux doigts du mensonger, son business model digne des bons navets, on a vraiment du mal à croire que (et c'est ce que les devs prétendent, pour éviter les accusations de plagiat) ils travaillent dessus depuis environ deux ans. On ne peut voir dans The War Z qu'une tentative de capitaliser sur le succès de DayZ, après l'explosion du mod, et avant la sortie du Stand-alone. Le tout donne l'impression d'une indigeste version alpha torchée en 6 mois.

Hammerpoint Interactive, je retiens ton nom. Et sache que cette dizaine d'euros que tu as reçu de ma part seront les premiers, et les derniers. à éviter comme la peste.

Edit : Un peu plus de 24 heures après sa sortie officielle sur Steam, le jeu a été retiré de la vente, et une vaste campagne de remboursements à été lancée par Valve, à destination des utilisateurs mécontents. Ce qui en dit long sur la qualité du bousin. Ce jeu fera date.