Ce film ne sert absolument à rien. Comme cette critique, d'ailleurs.
Bienvenue sur cette critique, cher ami. Vu mon nombre extrêmement limité de followers sur ce site, je dirais que tu es là parce que tu as entendu parler du film "Les nouveaux Chiens de garde" de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat d'une manière ou d'une autre. Et si tu en as entendu parler, c'est sans doute que tu fais partie de cette frange assez large de personnes qui méprise sans vergogne Jean-Pierre Pernaut, jugeant son travail de journaliste pour le moins approximatif. Tu entretiens, sans doute, de manière générale, une défiance certaine à l'encontre de la télévision, et de ses têtes récurrentes. Je ne vais pas t'en tenir rigueur, hein ! On est pareils. Néanmoins, sache que dans l'absolu, ce film ne fera absolument pas bouger cette opinion que tu as des médias, qui n'est, à n'en pas douter, extrêmement bien ancrée en toi. Il te fera juste réaliser à quel point le problème est infiniment plus vertigineux que ce qu'il laisse croire de prime abord, et qu'au final, ce sac de noeuds qu'est le monde des médias aboutit à des situations tellement pernicieuses que les réalisateurs du film n'ont pas jugé pertinent de parler une seule seconde de Jean-Pierre Pernaut.
De manière générale, le film aborde des problématiques diverses et variées, mais centrées autour d'un seul sujet : La collusion entre le monde de la politique, des médias, et de l'économie (que ce soient les "économistes" ou les grands patrons), la façon dont ils se perçoivent entre eux, et la vision de leur propre travail. Le sujet est vaste, mériterait sans doute un documentaire de huit heures pour en explorer toutes les facettes, y compris les plus récentes : l'avènement d'Internet, Médiapart qui, depuis l'affaire Cahuzac, passe pour être le seul vecteur d'informations vaguement indépendant (à tort ou à raison). Mais le documentaire fait malgré tout le boulot de manière efficace, en trouvant systématiquement deux ou trois citations ou extraits d'émissions télé afin de d'illustrer le phénomène dont il est en train de parler. Et le résultat fait littéralement froid dans le dos.
Le long-métrage n'hésite pas non plus à jouer la carte de l'humour ou de l'ironie bien sentie (jusque dans le générique de fin !) qui renforcent à dessein cette sensation d'être systématiquement pris pour des jambons par les "classes dirigeantes". Les multiples digressions sur "Le Siècle", mises en avant par un montage toujours intelligent, sont tout aussi vertigineuses pour qui n'est que vaguement conscient de ce l'existence de ce Club réunissant les décideurs du pays.
Néanmoins, derrière mon titre racoleur se cache une réalité : Ce film ne sert à pas grand chose, si ce n'est réussir à regrouper les pièces d'un puzzle bien complexe qui, une fois assemblé, nous permet d'enfin exprimer ce qui pique notre conscience à vif à chaque fois que l'on écoute Alain Duhamel ou Christophe Barbier s'exprimer à la télévision, lorsqu'ils sont interrogés par Yves Calvi. C'est malgré tout une chose qu'il fait avec brio. On regrettera hélas que les gens qui au final ont le plus "besoin" (les guillemets exprimant le manque cruel de conscience de ce besoin de se faire ouvrir les yeux) de voir ce film n'en entendront sans aucun doute jamais parler. Oui, Mémé continuera de regarder ce bel-homme de Jean-Pierre Pernaut, alors que le tonton se croyant au dessus de la mélée regardera son 20h sur France 2 avec Pujadas "Car TF1, c'est des pourris" après son émission avec Yves Calvi où l'on aura entendu parler Laurent Joffrin et Elie Cohen ad nauseam.
Et peut-être est-ce là la plus grande défaite du film... Ou alors, la plus grande victoire du système politico-médiatico-économique en place. (Oh la, je me mets à faire des contractions de mots comme un Lepéniste. Il faut que je me calme)
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