Inside
8.1
Inside

Jeu de PlayDead, Arnt Jensen, Dino Patti et Jeppe Carlsen (2016PC)

https://www.youtube.com/watch?v=NwlWL1legEQ


Inside, l'histoire d'une fuite. Celle d'un garçon sans visage, une anomalie colorée dans un monde monochrome. Dès le départ, dès cette naissance, expulsée d'un amas de feuillage, l'environnement sera hostile. Suivre la ligne, poussé par l'instinct de survie, attiré par l'espoir que la course aura une fin.


C'est l'élément perturbateur, le grain de sable dans le rouage. Il porte la couleur de la passion, de la révolte. Et du sang. Ce sang qu'il versera à maintes reprises car les plus belles histoires ne sont pas tracées qu'avec de l'encre. Tel un funambule, il évolue sur le fil, alors que les dangers l'encerclent. Toujours avancer. Les obstacles se succèdent. Il faut savoir prendre de la hauteur, utiliser chaque élément que ce monde abandonne. Une bonbonne de gaz, une corde suspendue dans le vide, un chariot ou encore un véhicule amphibie. Il faut être vif, observateur et adroit.


Autour de cette ligne de fuite se dévoile une société qui emprunte à Orwell, à Poe et à Burton. Fascination et inquiétude. On devine en filigrane l'empreinte du totalitarisme, les relents d'un nazisme en évolution. L'homme contre l'homme. La société comme laboratoire d'expérimentation, les citoyens comme sujets d'étude, la chair comme matériaux. Il n'y a qu'une couleur. Elle est de celles qui ne devraient jamais couler.


La fuite, c'est le mouvement. Les gestes sont fluides, on ressent le poids de chaque pas, l'amplitude de chaque saut, l'urgence de chaque respiration. La douleur de chaque morsure. Le danger ne survient pas que sur la ligne. Il faut voir au-delà, jouer sur la profondeur. La ligne n'est jamais rassurante, elle ne vibre que dans l'urgence.


Et puis il y a les autres. Ceux qui chassent, ceux qui guettent. Ils sont à l'affût d'une tâche dans la lumière. Ils suppriment le chaos pour l'ordre, la couleur dans l'uniformité. Il y a ceux qui profitent du système, qui acceptent les règles. Trop lâches pour être libre, pas assez persécutés pour être courageux. On les devine plus qu'on ne les voit. Puis il y a ceux qui gisent, ceux qui ne penseront plus. Ils sont un amas, une foule docile, malléable. Une masse obéissante pour qui détiendra l'étincelle. Le garçon est l'étincelle. Sa volonté anime les chairs pathétiques et l'anomalie devient pluriel.


Dans cette fuite que les autres ont nourrie, l'anomalie évolue en chrysalide de chair. Le garçon devient ce que la société projette sur lui, un monstre inadapté. La fuite arrive à sa fin. Il faut se débarrasser de cette chose animée d'espoir et de liberté. On l'aide. Par compassion ? Par lâcheté ?


La ligne s'achève, dans la clarté. Au loin, une autre ligne se dessine. Celle d'une fin, ou d'un commencement...

Créée

le 6 sept. 2016

Critique lue 2.4K fois

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Alyson Jensen

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