C'est complètement par hasard que j'ai appris l'existence de Katawa Shoujo. Une amie sur Facebook a posté un lien vers un article qui résumait le hype autour de cette visual novel, de sa conception autour de l'artwork de Raita jusqu'à son lancement acclamé par beaucoup au début de l'année 2012. L'idée a attiré mon attention, et voilà que je me suis retrouvé à le télécharger puis à y jouer, confirmant un à un les commentaires que j'avais pu lire avant de me lancer dans l'aventure.
Katawa Shoujo est né d'une seule image, dessinée par un artiste de visual novels de hentai. Rien qu'en la retrouvant, on se rend compte que bien des choses ont changé, et beaucoup de libertés ont été prises. En revoyant cet artwork, on sent que l'histoire était prévue pour accueillir plus de choix, mais aussi pour être bien plus orientée vers les relations sexuelles entre les personnages plutôt que vers la psychologie qui est liée au handicap de chacune des filles. Par exemple, Shizune est décrite simplement avec un gratifiant "big boobs!". Rin, une manchote qui se sert de ses pieds pour tout faire, y est représentée en jupe et en collants (alors que ce n'est évidemment pas une tenue appropriée quand on écrit avec les pieds...). Ces petites choses paraissent très particulières, surtout à côté du produit final.
Partout, on lit des retours du genre : « je m'attendais à fapper, et à la place, j'ai pleuré ». Personnellement, je me disais que boarf. Ça ne pouvait pas être aussi touchant ou profond que ça, surtout si ça avait fait mouche pour autant de gens. Je m'attendais à du overhype bête et méchant. Finalement, j'ai été agréablement surpris par des dialogues bien écrits et dosés et une très bonne maîtrise du développement de plusieurs des scénarios disponibles pour le joueur.
Le dating sim a toujours été un genre que j'ai ignoré, jugeant qu'il pourrait difficilement produire quelque chose d'intéressant, surtout quand on en voit les médiocres exemples qui courent les rues. Pourtant, au milieu de la vague de visual novels de hentai moe où vous vous tapez votre aguichante grande sœur, Katawa Shoujo a su prouver qu'on pouvait parfaitement tirer quelque chose de ce format. Cachés derrière un design moe-moe et un côté japoniais qui peut en rebuter certains se trouvent quatre (cinq au total, j'y reviendrai) scénarios bouleversants, qui sauront prendre leur lecteur aux tripes.
Le défaut principal de Katawa Shoujo en tant que dating sim réside dans les choix scénaristiques à faire : jamais clairs ou précis, on a vraiment du mal à discerner où mène quel choix. J'avais un peu l'impression que répondre au pif ne changerait pas grand chose. Si certains d'entre eux révèlent d'une certaine subtilité très intéressante, d'autres sont très difficiles à comprendre, ce qui est bien dommage ; une simple phrase innocente aux yeux du joueur peut ruiner beaucoup de choses, et ça briserait presque l'intérêt d'en faire un visual novel.
Quant aux personnages, il faut savoir une chose : ils ont été construits sur des clichés que l'on peut retrouver facilement dans un manga : la studieuse, la douce, la sportive, la timide, et la bizarre. En effet, 4leaf a insisté pour respecter le dessin de Raita à ce niveau là. Mais qu'ils aient réussi à rendre ces personnages profonds et attachants malgré le archétypes dont ils partent, c'est impressionnant.
Le jeu se divise en cinq « routes », à savoir cinq scénarios qui sont détachés les uns des autres (exceptés pour certains événements qu'on retrouve dans plusieurs routes). Mais tous ensemble, ils permettent de mieux comprendre deux choses : Yamaku (l'école) et Hisao (le héros). Chaque histoire apporte à Hisao une vision différente sur son handicap et sur l'école où il passe désormais sa vie. Selon le personnage avec qui il se lie en arrivant à Yamaku, il évolue différemment, apprend à s'accepter différemment, à accepter l'autre différemment, et à aimer son lycée différemment. Ces cinq visions des choses permettent de vraiment comprendre le personnage qui, s'il reste effacé pour conformer au principe du dating sim, est néanmoins très humain.
Ayant tenté les cinq scénarios, je conseillerai de passer votre chemin sur Shizune, qui avait certes un grand potentiel à exploiter, mais qui est atrocement médiocre, surtout à côté du chef d'œuvre que sont les autres routes. Cela vient en partie du fait que l'auteur de cette route a changé en cours de route, et que celui qui a repris la relève est parti dans un n'importe quoi inutile.
Quant aux scénarios que je recommande le plus, il s'agit de ceux de Rin et d'Emi. Lily et Hanako sont très bien écrites, mais je les ai trouvées moins riches en émotions que les deux premières.
Bref, une très bonne surprise, qui m'a presque réconcilié avec le potentiel du dating sim.