J'ai découvert très récemment ce titre et ai donc pu parcourir les 5 actes constituant le déroulé d'une traite (aux sorties initiales échelonnées sur plusieurs années).
Mon avis est très mitigé sur ce jeu.
Celui-ci propose à la fois une expérience unique et originale, mais souvent au détriment du gameplay que j'ai trouvé pénible.
La direction artistique et l'ambiance de Kentucky Route Zero ont été les éléments déclencheurs qui m'ont fait plongé dans le jeu.
La-dessus, on est sur un parti-pris low-poly très aggressif que j'ai beaucoup apprécié, à la limite de l'expressionnisme (pas de visage, formes trapézoidales..).
L'ambiance visuelle est très travaillée à travers les rendus de lumières et les contrastes marqués des zones d'ombres et de lumières, chaque plan est un véritable composition artistique. L'ambiance sonore est beaucoup plus inégale en revanche, avec des parties musicales de haute volée flirtant avec d'autres séquences quasi muettes.
Le découpage en actes et scenes, ainsi que les intertitres en grosses typos à empattement constituent une claire revendication du monde du théatre, et marque à nouveau un éléments d'originalité.
Les 5 actes portent l'ensemble à une durée de vie très honorable pour un petit titre indé (environ 10h en ce qui me concerne).
À présent, je vais aborder les points qui m'ont contrarié, mais qui seront propres au ressentis de chacun :
- Le scénario part d'une base solide mais se perd très rapidement dans une narration s'enfonçant dans l'abstrait et le métaphysique à laquelle j'adhère très difficilement
- La narration est très expérimentale, partant également d'un principe clair (contrôle des réponses du personnage principal) et s'éparpillant dans un contrôle successif de tous les intervenants, ce qui fait que l'on crée l'histoire et le passé des personnages au fil des dialogues, choix qui n'ont de toute évidence que peu d'impact sur la suite
- En découle un désintérêt de la quête et du protagoniste, puisque que le jeu finit pas donner le micro à tous les personnages dans un océan d'échanges verbeux perchés , avec des constructions de phrases relevant du domaine de la poésie et de l'absurde
- Certains interludes et scènes se transforme en calvaire à jouer, avec une surenchère de dialogues kafkaïen que l'on ne peut pas ignorer autrement que par du clic intempestif (mention spéciale à "Entertainment"), une horreur d'absurdités élitistes, malheureusement indispensable à suivre pour accéder à la suite du jeu.
- L'intégralité se déroule de nuit ou presque, ce qui finit pas être oppressant, même si c'est un parti-pris qui se respecte
J'ai été malgré tout au bout de cette quête non sans mal, porté par la curiosité du dénouement final de tout cet ensemble, heureusement relevé par une direction artistique fabuleuse d'originalité.
Pour conclure, j'ai trouvé Kentucky Route Zero pénible à faire : pour moi il s'adresse avant tout à un public averti, relevant d'avantage de l'expérience artistique que d'un divertissement à proprement parler.