En 2008 Super Smash Bros Brawl fait revenir un personnage absent des écrans depuis près de 20 ans, Kid Icarus, avant que Nintendo lui offre un nouveau jeu sur Nintendo 3DS en 2012. L’ange ailé avait connu deux jeux et quelques apparitions discrètes dans d’autres titres. Sans être l’une des licences phares de la compagnie japonaise, la série a eu sa petite importance. Le premier est sorti sur NES en 1987 et cette aventure sur la portable Game Boy en est la suite.
Kid Icarus, au-delà de ses qualités, est un jeu de plus montrant l’intérêt pour Nintendo vis-à-vis de l’Occident. The Legend of Zelda était inspiré d’une conception héroïque et légendaire de la chevalerie, Metroid est une plongée dans un univers de science-fiction sombre et Kid Icarus fait le mélange entre le légendaire catholique (les anges) et la mythologie gréco-romaine (Icare, la couronne de lauriers de Pitt, les décors). Même si, tout comme pour Zelda, le bestiaire se détache de ces inspirations occidentales pour des créatures aux allures plus japonaises.
Pour en revenir à cette aventure portable, celle-ci propose un petit scénario agréable. Après un rêve mouvementé, la Déesse Paluténa demande à son devin les conclusions à en tirer. Ce devin, qui devait avoir son diplôme d’interprétation des rêves, en conclua que c’était le signe annonciateur de l’invasion de démons du nom d’Orcas. Et il tomba dans les pommes, la chochotte. La Déesse Paluténa convoque alors Pitt, le chef de sa garde personnelle, l’armée Icarus. Pour défendre le royaume et prévenir l’invasion, Pitt doit trouver les Trois Trésors cachés, détenus par des gardiens, et obtenir l’expérience nécessaire pour maîtriser leurs pouvoirs et défaire avant qu’il ne soit trop tard l’armée d’Orcas.
Pour ce faire, Pitt va devoir parcourir quatre niveaux. Les trois premiers étant divisés en quatre zones et une forteresse. Les zones sont des niveaux assez simples, verticaux pour le premier et le troisième niveau, horizontaux pour le deuxième et le dernier niveau. La forteresse est plus délicate à appréhender et s’apparente aux donjons de The Legend of Zelda puisqu’il faut trouver la sortie jusqu’au gardien.
Pitt n’est au départ armé que de son arc… Et le restera jusqu’au bout du jeu. Néanmoins, cet arc peut acquérir de nouvelles compétences et gagner en force, à condition que Pitt réussisse les défis demandés lors de certaines salles. Pitt peut aussi s’aider de marteaux, dont le nombre est limité. Cet accessoire peut défaire les ennemis mais il est préférable, puisqu’ils ne sont pas infinis, de les utiliser pour casser certains blocs contenant un peu de vie ou pour trouver des entrées secrètes.
Au cours de son aventure, notre brave ange a la possibilité d’entrer, s’il le souhaite, dans des salles dont le contenu est une surprise. Celles-ci peuvent contenir des ennemis, des informations sur un secret du niveau, guérir de la malédiction de l’aubergine jetée par de méchants sorciers, des défis lancés par Zeus en personne et, entre autres encore, des boutiques. Les objets s’achètent avec les cœurs laissés par les ennemis défaits, comme dans Castlevania. Il y a ainsi un petit côté action-RPG qui donne au jeu un peu de profondeur, la jauge de vie s’allongeant au fil des niveaux selon le nombre d’ennemis tués.
Plus de quinze ans après, la réalisation étonne encore. Malgré les limites du support, Kid Icarus est détaillé. Le bestiaire du jeu est déjà conséquent, mais en plus chaque ennemi est facilement différenciable. Le jeu se permet de jolis décors, avec de nombreux arrière-plans, là où beaucoup de concurrents se contentaient de fonds vides, sans pour autant que tout cela n’alourdisse l’écran de jeu.
Et tout cela est magnifié en y jouant sur un dispositif le rendant en couleur (Super Game Boy, Game Boy Color, Game Boy Advance, émulation, faites votre choix). C’est tout simplement incroyable de constater que ce qui ne fut permis que bien plus tard se marie très bien avec un jeu originellement monochrome. Le seul regret à accorder à l’aspect technique du jeu, c’est que le jeu rame dès qu’il y a un peu trop d’ennemis à l’écran, ce qui n’est heureusement pas fréquent.
La maniabilité est tout simplement irréprochable, merci Nintendo. Pitt saute et plane avec facilité, et les chutes sont toujours la faute d’un joueur distrait ou pris de court, jamais celle d’une maniabilité imprécise. C’est particulièrement visible lors des zones verticales, où le joueur monte toujours plus haut.
Pour ce qui est de la bande son, il faut reconnaître que la Game Boy fait ce qu’elle peut, derrière les capacités de la NES. Les pistes du jeu sont néanmoins entraînantes et les limites du support sont parfois contournées pour de très belles compositions. Malheureusement, la plupart sont assez courtes.
Mais ce qui peut-être considéré comme le plus grand défaut de Kid Icarus est certainement sa durée de vie. Certes, pour un jeu sur portable, il ne s’agit pas non plus d’un scandale. Mais cela surprend vis-à-vis de Nintendo. Le jeu est en réalité assez facile et n’en demande jamais trop au joueur. Un système de sauvegarde facilite encore plus la progression. Il est tentant à chaque mort de recharger sa partie, puisqu’il n’y a en tout et pour tout que deux vies pour tout le jeu. Néanmoins, avec une bonne provision d’objets et une certaine connaissance du jeu, pas obligatoirement exhaustive, il n’est pas difficile de faire le jeu « à la dure », seulement avec ces deux vies.
Difficile malgré tout de bouder son plaisir devant Kid Icarus, qui a assez bien vieilli. Et contrairement à de nombreuses productions de l’ époque, il reste encore aujourd’hui très accessible, bien que trop court. Le jeu est assez classique, il n’apporte pas grand-chose, mais il est terriblement agréable à jouer, ce qu’une réalisation soignée ne gâche pas du tout.