Beaucoup de choses ont été dites sur ce jeu depuis sa sortie et globalement, sauf si vous sortez d'une grotte, tout le monde connait ce qui pour moi est un chef d'oeuvre de Warhorse Studios. A titre personnel, je trouve même qu'il s'agit de l'un des meilleurs jeux de rôle jamais sorti. Sur certains aspects, Kingdom Come Deliverance met à genoux une bonne partie des productions récentes et passés. Le jeu réussit le pari incroyable de mêler simulation médiévale, histoire haletante ancrée dans un passé mêlant lieux, personnages et événement historiques et immersion grâce à une réalisation visuelle de toute beauté, et tout ceci sans pour autant ennuyer le joueur. La crédibilité de son univers est incroyable autant sur l'aspect graphique que dans les menus détails de la vie des PNJ. Les mordus d'histoire, en particulier de la période médiévale, vont rester scotcher à leur écran pendant de longues heures croyez moi. La crédibilité : c'est précisément ce que je reprochais à The Witcher 3 qui implémentait dans un passé médiéval fictif des logiques et raisonnements purement contemporains : tolérance, cosmopolitisme, athéisme, égalité, féminisme à une époque où ces concepts sont purement inintelligibles. Kingdom Come : Delivrance ne tombe pas dans cet écueil et se fout royalement de la propagande fasciste du politiquement correct et rien que pour ça, il faut soutenir les développeurs !
J'en profite pour souligner que j'ai bien apprécié la très pertinente critique de Catel (ci-après) et que je n'aurais pas grand chose à dire de plus. A titre personnel, et pour répondre à quelques uns de ces propos, je me contrefiche royalement de savoir que les développeurs de chez Warhorse Studios seraient de droite conservatrice ou d'extrême-droite, cela ne donne pas le droit de mésestimer ce jeu en fonction de sa propre position sur l'échiquier politique d'autant plus que lorsqu'un jeu est réalisé par une équipe de gauche, personne n'est là pour fanfaronner (à part moi peut-être : cf. ma critique d'Assassin's Creed). Force est de constater qu'il faut être d'extrême-droite pour pouvoir proposer le premier jeu médiéval réaliste en monde ouvert calqué sur des observations scientifiques, géographiques et historiques. Merde alors ! On nous aurait menti ? La gauche n'a pas l'apanage du bon goût artistique contrairement à ce qu'elle essaie vainement de nous faire croire en France depuis des décennies.
Oui, j'ai mis une note élevée car Kingdom Come est un véritable coup de coeur, presque la concrétisation d'un rêve de gosse : celui de pouvoir vivre et comprendre le Moyen-Âge. C'est pourquoi je souhaite ardemment que les développeurs s’attellent un jour à nous produire la suite. Cependant, il y a effectivement des choses perfectibles comme l'a souligné Catel. Déjà il n'y a pas de gosses dans ce monde pourtant si proche de la réalité. C'est très critiquable. Je ne comprends pas cette pudibonderie qu'il y a dans l'industrie du jeux vidéo de ne jamais foutre de gosses de peur de voir les joueurs les buter. Et alors ? Aujourd'hui on peut tout faire dans les jeux vidéos : baiser des putes, tuer, torturer, insulter, violer, voler, frapper gratuitement, trahir, mentir mais les gosses on ne touche pas... Personnellement, je trouve ça ridicule. Par ailleurs, il n'y a selon moi pas assez d'animation dans les villes (je vous cache pas que tomber sur une petite exécution à l'improviste m'aurait fait plaisir), les interactions avec les PNJ or quêtes secondaires ou principales sont minimes. Il n'y a d'ailleurs pas assez de villes tout court : beaucoup de bourgs et hameaux servant le propos de la quête principale mais ne servant pas à grand chose d'autre. Ensuite la carte, en dépit de sa beauté, devient au bout d'un cinquantaine d'heures par être légèrement étroite et les allers-retours incessants. J'insiste sur le fait qu'il n'y a désormais peu ou plus de bug de quête. J'ai dû en rencontrer deux ou trois problèmes d'animation en 120 heures de jeu mais rien de méchant paralysant ma progression. Voilà, que ce soit bien clair. Cela n'excuse en rien le lancement difficile du jeu en 2018 mais aujourd'hui en 2020, c'est de l'histoire ancienne (si je peux permettre ce petit jeu de mot).
Contrairement à quelques avis que j'ai pu lire ici et là, personnellement j'ai trouvé le jeu difficile pendant au moins les 50 ou 60 premières heures. La mort est extrêmement punitive et peut survenir très rapidement lors d'un combat qu'on estimait gagné d'avance. J'ai l'exemple en tête d'un combat contre un groupe de paysans révoltés croisés au bord de la route pendant un voyage rapide. A ce moment là, j'avais bien deux ou trois heures de jeu sans sauvegarde derrière moi (ouais je suis con) mais je me dis : "ce sont des glaireux, moi je suis en armure, épée, bouclier, je vais en faire du salami". Bah cela ne s'est pas vraiment passé comme je le voulais car j'ai pris une flèche dans la gueule pendant que je me battais au corps à corps avec les quatre autres : mort sur le coup. Et là, tu charges ta partie fébrilement et tu te retrouves bien bien bien bien en arrière, avec des objectifs à refaire, de l'équipement à réparer ou à vendre de nouveau... Hummmmmm ! Un délice ! Mais le fait de ne pas pouvoir sauvegarder n'importe où, n'importe comment (sans la potion prévue à cet effet) est une idée excellente car cette contrainte permet de renforcer a minima le jeu de rôle. Le joueur réfléchit à deux fois avant de faire une connerie dans une ville, ce n'est pas Skyrim ici, et les combats doivent toujours être pris très au sérieux comme je vous l'ai démontré plus haut en particulier lorsqu'on tombe sur une embuscade en forêt. Le système de combat est très exigent et ne vous pardonnera aucun écart. Inutile de bourriner comme un farfadet cela ne sert à rien, il vous faudra de longues heures avant de devenir un épéiste hors pair. Personnellement, ce système m'a plu. Disons que cela change des productions classiques et confirme les prédispositions de Kingdom Come à la simulation.
Pour conclure cette brève critique, sachez que je recommande chaudement la découverte de qui m'apparaît comme davantage un livre d'histoire au souffle éminemment épique qu'un simple jeu vidéo. Kingdom Come : Deliverance a l'audace de bousculer le genre du RPG en axant son gameplay sur la lenteur, l'exigence, l'historicité sans pour autant sacrifier l'amusement. La grande leçon de ce jeu, après 120 heures à parcourir ses villes et prés, c'est que la patience paie et que l'apprentissage pour devenir meilleur est un long chemin semé d'embûches. A tous les amateurs d'histoire et à tous ceux qui ont du temps à consacrer à un jeu, perfectible certes, mais unique en son genre et au charme indéniable.