Kingdom Hearts 3D est le nouvel épisode de la série d'action RPG dont l'univers est issu de la rencontre improbable entre un univers créé par Tetsuya Nomura (avec quelques invités issus de Final Fantasy) et l'univers Disney.
10 ans après le premier épisode et 6 ans après le second (les 2 sur PS2), la série s'est illustrée par de nombreux spin-offs sur consoles portables, à l'intérêt plus ou moins discutable. KH 3D se devait d'égaler au moins l'épisode PSP, Birth by Sleep, une préquelle qui en termes de contenu, de durée de vie et de réalisation, aurait eu tout à fait sa place sur PS2.
Ce nouvel épisode, tout dévolu à la nouvelle console portable de Nintendo, se passe après KH II : Riku et Sora, afin de passer leur examen de maître de la Keyblade, sont envoyés par Yen Sid dans des mondes endormis. Comme souvent dans la série, la visite des mondes est perturbée par des ennemis aussi poseurs que mystérieux ...
La démo du jeu, disponible plusieurs semaines avant la sortie du jeu, donnait le ton : une réalisation plus qu'honorable (un peu en dessous de la version PSP), un univers chamarré ... et un système de combat qui part dans tous les sens : présence de créatures nommées Attrape-rêves en guise de partenaires, Fluidité (permettant de sauter partout, de faire des wall jumps et autres grinds), compétences spéciales propres à chaque monde. En fin de compte, c'est le système le plus abouti dans la série, qui n'a eu de cesse de s'affiner au fil des épisodes. Comme on joue Riku et Sora, on alterne entre les 2, via une jauge de passage. Quand elle est vide, on bascule sur l'autre personnage. Et tant pis si c'est en plein combat de boss : il faudra recommencer du départ.
Les mondes visités sont tous inédits et ont chacun une très bonne identité visuelle et sonore (un des mondes, inspirés de Fantasia, propose la même bande-son que le film !). A l'instar du monde Pirates des Caraïbes dans le 2, les personnages du monde inspiré de Tron Legacy ont un design plus réaliste et très réussi. Si votre fantasme était de combattre aux côtés d'une Olivia Wilde plus vraie que nature, vous êtes exaucés. Une fois de plus, on visite Traverse Town, mais la ville a été dotée de nouveaux quartiers et on y rencontre les protagonistes de the World Ends with You, un jeu méconnu sur DS ... et un autre projet chéri par Nomura. Les mondes sont plus vastes que d'habitude, et de plus, Riku et Sora ne visiteront peut-être pas les mêmes endroits.
Arrivons-en aux défauts du jeu, qui ne lui permettent pas d'être supérieur à Birth by Sleep. Tout d'abord, l'histoire est une fois de plus absconce. Les machinations des vilains montrent une fois de plus le goût de Nomura pour les circonvolutions inutiles et les résurrections qui ne font que compliquer les choses. La présence des licences Disney n'est une fois de plus qu'un "bouche-trou" de luxe à l'intrigue conçue par Nomura, quitte à se contredire et ne plus savoir ce qu'il raconte. La fin est une des plus interminables jamais vues : pas loin de 3 heures de combats de boss à la pelle (et bien plus tendus que les précédents) et de cutscenes, épaississant toujours plus l'histoire. Non, Nomura, faire des cutscenes à rallonge ne fait pas de vous un meilleur conteur ! L'histoire réserve quelques surprises, concentrées sur la fin, mais il faut faire le tri entre l'utile et l'inutilement complexe.
Ceci étant dit, l'histoire a le mérite d'installer complètement les bases d'un Kingdom Hearts 3 officiel ... s'il sort un jour. De même, des résumés de tous les épisodes précédents se débloquent progressivement, permettant aux nouveaux joueurs de ne pas être perdus (enfin pas plus que ceux qui suivent la saga depuis ses débuts).
Pourquoi jouer à ce jeu ? Sûrement pas pour son histoire prétentieuse et inutilement complexe, mais pour le renouveau constant de son gameplay, de ses mécanismes de jeu (quitte à être controversés) et l'enrichissement constant d'un univers aussi irritant que fascinant. Un des jeux phares de la 3DS, hors Nintendo, à coup sûr !