Étrangement ma critique va principalement être composée d'aspects négatifs, c'est pourtant un bon jeu mais il aurait mérité quelques ajustement essentiels.
Tout d’abord Kingdom Hearts 3 est un vrai plaisir pour les yeux, cela se remarque dès le début. Les couleurs sont éclatantes et les jeux de lumières en mettent plein la vue. Le jeu impose son style graphique, ni trop détaillé ni pas assez, son univers ultra coloré et bienveillant nous plonge parfaitement dans la magie de Disney.
Chaque clé est différente et nous permet de faire des attaques spéciales plus variées qu'auparavant toutes aussi originales et colorées. Une fois notre jauge remplie on peut exécuter un coup encore plus spécial, ces derniers retranscrivent à merveille l’esprit de Disney. Aussi beaux soient-ils, certains sont inadaptés à des endroits. Je pense au char déjà incontrôlable en milieu ouvert qui devient inutilisable dans les lieux exigus
Le bestiaire du jeu a été bien renouvelé. Les ennemis sont plus diversifiés que dans les précédents Kingdom Hearts où on enchaînait les sans-cœur.
Cependant les mécaniques des monstres restent quasiment identiques d’un monde à l’autre et le gameplay se retrouve une nouvelle fois répétitif passée la surprise des pouvoirs que nous offrent les clés.
L’ambiance sonore est sympa mais, Disney oblige, on est loin de la bande son grandiose de Yoko Shimomura pour Final Fantasy XV. On retrouve une nouvelle fois davantage l’influence de Ravel et son Boléro, comme sur les autres Kingdom Hearts, personnellement je n’ai jamais été vraiment fan de Ravel ni des musiques de KH. C’est trop lisse et on n’y retrouve pas l’aspect chantant et festif de Disney. Un choix peut-être dû au paradoxe Kingdom Hearts/Disney qui impose un entre-deux.
De manière générale je n’ai jamais trouvé la fusion des deux univers cohérente. Les personnages crées pour Kingdom Hearts sont aux antipodes de ceux de Disney et ne semblent pas vraiment interconnectés. C’est surement pour ça que je n’aime pas tellement la trame principale de la saga, trop incompréhensible, elle part dans tous les sens. Celle de Kingdom Hearts 3 ne déroge pas à la règle. Ça part bel et bien dans tous les sens et ça ne tend vers aucune conclusion. Les cinématiques sont toujours aussi complexes et lentes, il ne s’y passe rien.. Ce ne sont que du blabla entre méchants et des jérémiades de nos héros.
On commence à attaquer ce qui pose problème,
Le système de monde n’a pas évolué en 18 ans, c’est bien dommage. Chaque univers Disney est indépendant des autres, il ne faudrait surtout pas toucher aux scénarios originels et briser l'image parfaite que se font les fans du géant du cinéma... L’aperçu des différents mondes est une nouvelle fois disponible avant d’entrer dedans, de quoi gâcher la surprise. Le suspense n’est pas le fort de Kingdom Hearts, tout est prévisible, c'est du Disney. J’aurais aimé plus de linéarité et de concordance entre les mondes et l’histoire. La navigation se fait malheureusement toujours en vaisseau Gummi, un petit vaisseau merdique qui nous aide à traverser un espace temps simplement créé pour passer d’un monde à l’autre. Une sorte de bouche trou scénaristique, qui casse complètement le rythme du jeu.
Les mondes en eux-mêmes sont plus intéressants que ceux des premiers Kingdom Hearts, plus complets, plus détaillés mais toujours trop linéaires et vraiment attendus. La trame narrative de chaque monde est décomposée de la même façon :
On entre dans le monde en vaisseau Gummi, c’est la qu’on aperçoit nos héros Disney entourés de sans-cœur, ces derniers que l’on va combattre. On avance un peu pour se retrouver face à un petit boss, là il arrive une mésaventure aux personnages Disney, il faut les secourir à nouveau. Puis les petits monstres s'enchaînent jusqu’à arriver au boss final du monde. Scène et clap de fin, on ne reverra jamais nos héros Disney. On enchaîne sur une cinématique concernant Sora et ses amis puis une nouvelle vidéo avec Mickey qui tente on ne sait quoi dans les ténèbres. Notez bien qu’on a déjà complètement oublié la magie de Disney. Pour finir nous avons le droit aux jacasseries de Tic et Tac avant de repartir en vaisseau Gummi pour un nouveau monde qui reprendra la même trame.
Kingdom Hearts c’est aussi l’histoire d’un monde dans lequel il manque toujours des PNJ, 2-3 personnes sur la map auraient permis de nous faire oublier que le monde semble avoir été créé uniquement pour nous. Certes on sauve l'univers des vilains méchants, mais pour qui ? Il semble peuplé que de Sora et ses amis. Mais putain ils sont chiants alors pourquoi ne pas les laisser crever ? On repartirait de zéro avec une histoire plus compréhensible. A cela s’ajoute le fait qu’aucun personnage de Final Fantasy n’est présent dans ce dernier opus, sans explication. Surement en avaient t-il assez d’entendre Sora et ses deux acolytes débiles se plaindre.
Donald et Dingo justement, en voilà un autre point négatif. Soit ils sont super intelligents et nous prennent pour des cons, soit ils sont vraiment teubés, soit ce sont les créateurs qui nous prennent vraiment pour des abrutis. On ne va pas briser le quatrième mur et se dire que Square Enix nous parle comme si on avait 7 ans. Pourtant les joueurs qui ont grandi avec KH 1 et 2 doivent avoir 25-30 ans aujourd’hui, au minimum. Donald et Dingo sont encore plus agaçants qu’auparavant et le ton de leur voix nous fait penser à jeu d’apprentissage d’anglais avec Mickey (oui j’avais les VHS), sauf qu’on capte que dalle à ce qu’ils racontent. Je ne peux clairement plus les encadrer. Autre hallucination, la cuisine de Ratatouille, euh oui mais pourquoi ? Un mini jeu dans lequel il suffit de tourner deux joysticks au bon moment pour réussir un plat… Ils veulent nous teaser un Fruit Ninja version Kingdom Hearts ? Pour aller plus loin dans la simplification, à chaque coin de rue Sora nous annonce qu’il y a de la nourriture à récupérer pour le chef, quand c’est pas Dingo qui, d’une voix ahurie, nous fait remarquer que potentiellement il y aurait une photo de la tête de Mickey à prendre dans les parages. Dans la même veine, les temps de chargement nous gratifient de screenshots accompagnés de légendes telles que #làouserejoignentlescoeurs. Trop de bons sentiments qui enfoncent le clou sur un jeu lissé à outrance.
J’aurais voulu des mondes interconnectés, moins prévisibles, une histoire qui gagne en intensité au fur et à mesure du jeu. J’aurais rêvé d’un Kingdom Hearts plus mature, avec des dialogues profonds qui nous font ressortir les émotions méritées après des heures de dialogues. A la place, je me contente d’admirer un beau tableau sans jamais me sentir embarqué.
J’aurais également aimé des mondes égaux. Testuya Nomura nous avait annoncé moins de monde mais plus vastes, de la taille de tous les anciens mondes confondus. C'est la douche froide. Effectivement il y a moins de monde, et leurs contenus ne se valent pas tous. L’univers des Nouveaux Héros ne rivalise en rien avec le luxuriant Pirates des Caraïbes 3. Ce dernier est immense comparé aux autres, et surtout il n’est pas linéaire.. On peut passer plusieurs heures à chercher tous les trésors.
D’ailleurs, le modélisme des personnages du film et la reproduction des scènes en images de synthèse sont assez incroyables. Étrangement ils s'intègrent plutôt bien au monde de Kingdom Hearts. Rien à voir avec le monde de pirates de Kingdom Hearts 2. Seul bémol, les cinématiques sont identiques en tout point au film, et je l’ai déjà vu 5 fois (à part une ou deux scènes coupées au montage, pourquoi ?).
Kingdom Hearts III jeu se retrouve coincé à mi chemin entre le passé et la modernité. Certaines scènes qui auraient pu nous faire passer du bon temps il y a 10 ans révèlent de l’immaturité aujourd’hui. Le gameplay a été modernisé mais l’âme du jeu est resté bloquée des années en arrière.
Kingdom Hearts III n’est pas un mauvais jeu, il est même plutôt bon et plus agréable à jouer que ses prédécesseurs. Question divertissement il remplit parfaitement le job, néanmoins c’est un opus d’un monument du jeu vidéo, il était censé être la conclusion extraordinaire d’une saga et c’est raté. On y voit simplement une suite qui ajoute du désordre au désordre.