Grand amateur de polars et de toute cette époque des USA, L.A. Noire se présentait comme une sorte de Saint Graal, avec Rockstar en guise de messie pour avoir aidé la Team Bondi à finaliser le jeu.
Dans L.A Noire, on incarne Cole Phelps, agent de circulation au LAPD après avoir bataillé au sein des Marines durant la Seconde Guerre Mondiale. Au fur et à mesure de l'histoire, on est amené à être promu, accédant au rang d'inspecteur au sein de la brigade criminelle, puis dans d'autres services.
Franchement, j'ai eu un avis mitigé au tout début du jeu: je le trouvais beaucoup trop dirigiste, redondant (on part du commissariat, on fait l'enquête, on rentre). Mais une fois qu'on est promu en tant qu'inspecteur (c'est à dire assez rapidement), le jeu décolle complètement.
Et puis bien sur on prend une énorme claque, d'abord sur le plan technique: la synchronisation labiale qui ringardise toutes les cinématiques sur cette génération de consoles, l'ambiance de l'époque juste extraordinaire aussi bien pour le plaisir des yeux (les décors, la reconstitution historique, l'impression d'être à Los Angeles) mais également sonore (la bande originale est splendide). La Team Bondi a eu l'idée de génie de faire appel à pas mal d'acteurs de séries pour la Motion Scan, qui ont notamment joué soit dans des show policiers, soit dans la série old school Mad Men (c'est Aaron Staton qui fait Cole Phelps), ce qui renforce l'authenticité des gueules qu'on est amené à croiser.
Quand au travail d'écriture, là aussi c'est dans la veine d'un GTA ou d'un Red Dead: un scénario bien construit puisque sans dévoiler l'intrigue tout se rejoint lors de la dernière partie du jeu (l'histoire est entrecoupé de flashbacks et de cinématiques lors de la lecture de journaux). Les enjeux narratifs sont à des années lumières des autres jeux: on a une réflexion sur les conséquences de la guerre, sur le fonctionnement de la police, les liens entre les différents corps de l'administration, la corruption.
Les enquêtes sont également très immersives, puisqu'on comprend rapidement que toutes les petites affaires regroupées deviennent une grosse enquête (ex: l'affaire du Black Dahlia).
Le principe de l'interrogatoire est à chaque fois surprenant et bien amené, et parvient à éviter le côté redondant de l'investigation (le procédé reste toujours le même), grâce à une histoire différente pour chaque enquête.
Et le plaisir est là: le jeu est truffé de références aux films noirs (on rejoue carrément le film de Robert Wise, The Set Up), aux polars (le Dahlia Noir qui est une histoire vraie), allant même jusqu'à reprendre la typographie lors de chaque introduction de l'enquête à venir.
En fait mon seul regret reste vraiment dans le côté dirigiste du jeu, surtout quand on voit l'immensité de Los Angeles, on se dit que les scénaristes auraient pu laisser plus de libertés et de choix pour le joueur, comme pour un GTA. Puis par moments le gameplay laisse à désirer, notamment dans les scènes de fusillades.
Mais ne boudons pas notre plaisir: comme un roman d'Ellroy, L.A. Noire m'a pris dans ses bras et m'a emporté à tout jamais dans la Cité des Anges, et je ne suis pas prêt de revenir en 2011.
PS: David Cage, j'ai bien pensé à toi en jouant à ce jeu.
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