"Mais vous savez, m'sieur, ma femme dit toujours... Oh, vous savez ce qu'elle a dit..."
LA Noire est un de ces jeux dont tout l'intérêt repose sur le scénario et l'univers proposés plutôt que sur leur gameplay et la liberté qu'ils offrent... Etant édité par Rockstar, certains pourront s'étonner de ne pas se retrouver devant un énième GTA-Like, mais c'est ici tout à fait justifié de par la direction cinématographique que les développeurs ont choisi de suivre pour ce jeu.
Un petit mot sur le scénario avant tout, donc... Vous suivez ici la carrière au sein du LAPD de Cole Phelps, jeune officier décoré de la campagne du Japon et engagé à son retour de la guerre dans les forces de l'ordre. Simple patrouilleur au départ de l'aventure mais ayant les dents très longues, il se retrouvera très vite promu au rang de détective et à partir de là, s'ensuivra son ascension au sein des différents services: Circulation, Homicide, Moeurs, etc.
Côté enquêtes, gardez à l'esprit qu'en essence, vous ferez quasiment toujours la même chose: une fois arrivé sur les lieux du crime, vous collecterez les indices éparpillés alentours et qui vous mèneront à différents suspects, témoins, etc, dont vous ne manquerez pas de fouiller également leurs lieux de résidence, dans le but bien évidemment de glaner plus d'éléments pour les besoins de vos investigations. En dehors de ces phases de recherche, vous aurez également à questionner lesdits suspects et témoins, ce qui représente la majeure partie du jeu et son plus grand intérêt, mais nous y reviendrons un peu plus tard. Enfin, quelques phases d'action sont à citer, même si elles ne sont vraiment là que pour accélérer le rythme du jeu de temps en temps. La preuve en est qu'après trois échecs, vous aurez pour toute poursuite en voiture ou à pied, ou encore fusillade, la possibilité de les zapper et de passer directement à l'arrestation de votre cible.
Revenons donc maintenant aux interrogations... Ces phases sont de loin les plus intéressantes du jeu, puisque ce sont elles qui vous demanderont de faire le lien entre les indices glanés sur vos lieux d'enquête et ce que les gens vous disent. Ajoutez à cela que toute déclaration qui vous est faite est un mensonge potentiel, et que ce sera à vous de deviner si votre interlocuteur est honnête avec vous, ne vous dit pas tout ou vous ment tout simplement. Pour vous aider dans cette tâche, le jeu utilise le procédé du Motion Scan, fortement mis en avant durant le développement du soft, et qui permet une modélisation des visages et donc, des expressions, extrêmement poussée. De fait, on atteint ici un réalisme qui permet sans aucun problème de "lire" les gens qui vous font face, d'autant que les performances d'acteurs sont ici excellentes. Autant vous trouverez des gens qui regardent partout ailleurs que dans les yeux de votre personnage quand ils mentent, autant certains auront l'air de dire la vérité la plus pure alors qu'ils vous montent un bateau gros comme le Titanic.
Maintenant, comme dit plus haut, du fait que vos phases d'enquêtes tournent toujours autour des mêmes mécanismes, ce jeu gagne à ne pas être fait d'une traite, mais par petites sessions, et ce n'est d'ailleurs pas pour rien que chaque affaire est présentée comme un épisode de série télé, avec introduction du crime, et titre affiché à l'écran à la clé.
Côté ambiance, le tout est restitué de manière très fidèle, que ce soit dans la conception de la ville, des personnages, de la musique( la bande originale est d'ailleurs ici fort réussie), et on plonge avec plaisir dans ce Los Angeles de la fin des années 40, même si avouons-le, mis à part pour vos déplacements d'un lieu d'enquête à un autre, vous n'aurez pas grand-chose à faire dans la ville, pourtant ouverte.
Quand au côté film noir du titre, je dois avouer m'être laissé prendre, à la fois par certaines enquêtes durant lesquelles on tombe sur des choses tout de même assez glauques, et par la trame principale, qui comprend avec elles l'évolution de Phelps dans un système complètement corrompu. Et ce même si ce personnage, malgré toutes les révélations distillées en cours de jeu sur son passé, ne s'est jamais rendu attachant à mes yeux. Trop rigide sans doute, il est un de ces personnages que l'on vient à comprendre sans jamais les aimer, et ce même quand le scénario tente de les humaniser à travers certaines erreurs de parcours, de jugement où de faits héroïques.
En définitive, LA Noire est donc un jeu sur lequel on passe un excellent moment pour peu que l'on se laisse absorber par l'ambiance délicieusement rétro qui s'en dégage et le scénario qui, bien qu'il use parfois de ficelles grosses comme des cordes, nous offre un divertissement d'une très grande qualité.
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