Un pas en avant, deux pas en arrière
Ayant adoré Guardian of Light, jeu riche, bien pensé et très bon en solo - excellent en multi, j'attendais avec impatience l'annonce d'une suite qui ferait mieux, ou tout du moins aussi bien. Lorsque cette annonce eut lieu, en pleine conférence Microsoft lors de l'E3 2014 (mais pas au sein de la conférence même), j'ai été hypé à fond. Rise of the Tomb Raider ? Osef, vive Temple of Osiris ! Puis l'envie est un peu redescendue avec le temps : les visuels comme les trailers semblaient brouillons, et la direction artistique ne me plaisait pas des masses. Puis j'y ai joué au Paris Games Week et, si mes craintes au niveau de la DA se sont confirmées, j'ai quand même beaucoup aimé ma session de jeu. Aussi ne savais-je pas trop sur quel pied danser en m'y lançant finalement, deux mois après sa sortie.
Et finalement, ce Temple of Osiris est l'exemple parfait de la suite qui ne prend absolument aucun risque : il s'agit d'un copier/coller presque parfait de son prédécesseur, sa transposition Egyptienne en fait. Les nouveautés de gameplay sont quasiment inexistantes, et pas des plus convaincantes (en gros, les lances de Totec sont remplacées par la magie d'Osiris, qui est bien moins fun à utiliser). Idem pour les quelques changements côté game design, avec tous ces coffres à ouvrir partout en payant une blinde, coffres qui réapparaissent à l'infini : on paye désormais pour trouver la majorité des trésors, et ceux-ci sont générés aléatoirement. Où est le plaisir du chercheur de trésor ? Où est le plaisir de la collectionnite d'artéfacts ? Guardian of Light n'est pas un jeu qui avait été designer pour le loot, copier le GD du premier en y ajoutant cette composante ne marche absolument pas : looter comme un porc pour ouvrir des coffres n'a juste aucun sens dans ce jeu.
Au niveau des choses qui fâchent, il y a aussi le scénario, pitoyable à un point rarement vu. Il reprend en gros celui de TR4 (il faut ressusciter Osiris pour contrer Seth), sauf que cette fois on fait équipe avec un black et la famille d'Osiris (la femme et le fils). Et tous les personnages sont lame, mais laaaaaaaaaame. Pfff même en VO c'est une tragédie sans nom, heureusement que la VF n'est pas obligatoire. Ok en soi osef du scénario, mais pourquoi mettre autant l'accent dessus ? Pourquoi ridiculiser ainsi toute la mythologie Egyptienne, la tourner en dérision comme dans un nanar de chez The Asylum ?
"MWAHAHAHAHA JE SUIS SETH JE SUIS MECHANT BOUH JE VAIS DETRUIRE LE MONDE"
"On va te ramener dans ta tombe tu vas voir !"
"Ne vous sentez pas obligés de venir nous aider, mortels"
"Bien sûr qu'on vient, et vous ne me ferez pas changer d'avis !"
* 10 minutes plus tard *
"NOOOOOOON, J'AI ECHOUE ISIS FAISONS LA PAIX STP A L'AAAIIIIIIDE"
"Bien fait pour toi, Seth !"
Détruire toute une mythologie en une séquence de dialogues : check.
Revenons pour finir sur la DA du titre qui, comme prévu, est rarement excitante : souvent douteuse, des fois hideuses (la Chambre de l'Oracle omg : http://i.imgur.com/9nBAhuW.jpg) et une fois superbe (le Tombeau du Bourreau), le jeu passe vraiment à côté d'une occasion en or de nous faire rêver avec un superbe cadre : l'Egypte. Bordel, il y a de quoi envoyer sévère niveau DA en Egypte pourtant ! Et des fois le jeu y arrive, un petit peu, avec un Tombeau du Bourreau sombre et glauque à souhait, pure aventure made in TR, ou encore un environnement de combat contre Sobek rudement chouette. Mais non, les artistes ont préféré placarder des couleurs dégueulasses partout : les ennemis bleus te gèlent, rouges t'enflamment, verts t'empoisonnent, etc. Sauf qu'arrivé à ce stade, on ne joue plus à Temple of Osiris, mais plutôt à Temple of Smarties. Un petit mot sur les Boss en passant, parfois sympas, parfois sans grand intérêt, mais qui souffrent tous du même problème : une modélisation ratée, qui va de paire avec la DA dans ses moments foireux. On ne peut jamais se sentir en danger face à une modélisation aussi cartoon, aussi grossière.
Si je l'ai un peu démontée, cette suite n'en reste pas moins vraiment agréable à jouer. Je l'ai faite en une semaine, mais en trois sessions seulement. Les sensations de jeu sont toujours aussi bonnes, même si les quelques soucis de collision ou de perspective n'ont pas été gommé, ce qui est un peu relou, 4 ans plus tard. Côté OST, Troels B. Folmann (TRL, TRA, GoL) laisse sa place à Wilbert Roget, II (SW : The Old Republic, SW : First Assault et bientôt Dead Island 2), qui fait du bon boulot et aide à rajouter un capital sympathie au tout, avec un thème principal vraiment bon.
Malgré toutes ses côtés décevants, Temple of Osiris reste donc un bon jeu de 2014. Mais sur ce coup, j'attendais que Crystal Dynamics transforme son excellent essai en un jeu d'aventure isométrique ultime. Et ils n'en auront fait qu'une pâle copie. Tristesse.