Ah, les jeux de plateforme. Voilà des années que ce genre vidéoludique n'a plus pignon sur rue, alors qu'il est longtemps resté l'escarcelle des gamers de la première heure. Un peu à la manière des shoot'em up et des beat'em all, ces derniers ont petit à petit disparu. De nos jours, on note un sursaut de nostalgie et il n'est pas rare de retrouver des titres au concept simples, ou tout simplement des remakes, nous remémorant nos plus belles années. Bien que resté dans l'ombre d'Aladdin, le Livre de la Jungle est l'un des bijoux de la ludothèque des 16 bits. Surprenant sur le plan visuel mais aussi sonore, il demeure l'un des meilleurs jeux de plateforme jamais sortis. L'occasion pour Total Manga de revenir sur cette cartouche qui a connu un développement en dents de scie.

Fidèle à ses principes

En 1994, les relations entre Virgin et Disney sont au beau fixe après le succès d'Aladdin. A la base, ce dernier et le Livre de la Jungle devaient être réalisés de front, mais le petit prince arabe a demandé bien plus de travail que prévu et l'équipe en charge du développement chez Virgin USA (menée par le talentueux David Perry) s'est consacrée exclusivement à Aladdin. C'est donc tout logiquement que le Livre de la Jungle (Jungle's Book, c'est plus classe en anglais) a patiemment attendu son heure. Et il a plutôt bien fait... Dans ce jeu de plateforme à l'ancienne, le joueur campe le facétieux Mowgli, en quête de vérité sur le monde dont il est issu. Muni de bananes et de son parachute volant rouge (comprenez par là son slip, si, si), le goûter de Shere Kahn déambule dans des décors respectant l'œuvre originelle de Disney. Au milieu des années 90, les scénarios étaient très minces et s'entachaient rarement de fioritures sans queue ni tête. C'était du jeu et rien que jeu, fourni par un gameplay parfaitement étudié. En tout cas, pour ce titre.

Bananana, Bananana, Bananana Slip (rouge)

.A travers une jungle luxuriante, le joueur tente de se frayer un chemin à travers les broussailles, les arbres géants... et les ennemis. Car qui dit jungle dit forcément environnement hostile. On se balance ainsi de liane en liane, en rattrapant gemmes et autres bananes, afin de montrer qu'un p'tit peut être costaud. Non mais ! Singes, porcs-épics, insectes, serpents venimeux... tout y passe ! Bien entendu, afin de rester cohérent par rapport au long-métrage d'animation, on retrouve tous les personnages clés du chef d'œuvre de Disney : la panthère Bagheera, ce glouton de Baloo, le lourdaud King Louie, l'hypnotique Kaa et bien sûr le terrible Shere Khan. Pour venir à bout des ennemis, notre héros long sur pattes, peut utiliser différents projectiles, comme des bananes, des pierres ou encore des boomerangs. Il est d'ailleurs possible de passer de l'un à l'autre, offrant à la cartouche un côté stratégique intéressant. Sa culotte se remplit d'air dès lors que notre bonhomme chute dans le vide, faisant office de parachute. Un grand moment de poilade, pour un jeu qui respire le travail bien fait. Les détails pleuvent à l'écran et on en redemande !

Une claque 16 bits dans la face

Impressionnant sur le plan visuel, le titre l'est véritablement. Les graphismes fourmillent de détails et le choix des couleurs est juste parfait. Au fil de l'avancée, on découvre de nouveaux éléments qui apportent un vrai sentiment de vie et de liberté au titre de Virgin, à la fois dans les animaux d'arrière-plan, mais également dans la qualité des musiques (signées Monsieur Tallarico que les habitués du Video Games Live commencent à connaître) et des bruitages. C'est un régal constant, même si on note une certaine répétitivité dans les environnements. Mais cette faiblesse est vite oubliée grâce au talent exceptionnel de David Perry, qui signe encore des animations à tomber à la renverse. On a beau être en 2011, elles font toujours leur petit effet et rappellent des titres comme Aladdin bien sûr, mais aussi Pitfall ou encore Cool Spot.

Le mystère Super Nintendo

Un secret assez bizarre englobe la mouture Super Nintendo. Pour Aladdin, un deal avait été signé entre Virgin et SEGA pour que le titre soit une exclusivité Mega Drive. Nintendo, non satisfait de cette situation, avait alors demandé à Capcom de réaliser un Aladdin dédié à la fameuse console 16 bits, différent mais pas inintéressant (bien que largement inférieur à celui de SEGA). Pour le Livre de la Jungle, il semblerait que la cartouche était disposée à sortir sur les deux machines (Mega Drive et Super Nintendo) mais en plein développement, David Perry a décidé de quitter Virgin USA afin de créer sa propre société : Shiny Entertainment. Selon certaines sources, la mouture Mega Drive (ou Genesis, le nom américain de la machine) était bien avancée (voir quasi finalisée) ce qui n'était pas le cas de la version Super Nintendo, qui a subi des retouches, tout en étant adaptée à la version Mega Drive. Résultat, la mouture Super Nintendo, à part un sprite plus grand pour Mowgli, est bien inférieure. Tout d'abord, le logo à l'écran titre ne bouge pas (un comble pour une machine dotée du mode 7), on note des animations en arrière-plan (les feuilles qui s'échappent de la liane que vous attrapez n'existent pas sur Super Nintendo), le personnage peut changer "d'armes" et l'animation est infiniment moins poussée... et il y a d'autres manquements de ce genre. On sent très clairement que la version Super Nintendo a été rushée pour sortir dans les temps. Elle reste très bonne mais nettement moins que la version de SEGA. Les coulisses du jeu vidéo sont décidément remplis de mystères...

Article publié sur Total-Manga.com
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le 6 mai 2011

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