Blood Omen : Legacy of Kain était un jeu un poil avant-gardiste mais qui allait dans le sens où l'on vendait la PS1 : Un vrai jeu adulte. 3D isométrique (à l'époque où il fallait faire de la 3D réelle pour tout le monde) dans un monde médiévo-fantastique, il faut avouer qu'il ne partait pas avec trop d'avantage. Et pourtant...
Kain est un noble qui a été assassiné. Pourtant, au porte des enfers, pas de repos pour lui, il est réincarné en vampire par Mortanius le nécromancien, sans doute amusé par l'idée de lâcher un monstre avide de sang sur les terres de Nosgoth. Et Kain n'est guère rebuté par le meurtre. Il a été tué une fois, faut croire que y'a un sacré coefficient multiplicateur de mort pour équilibrer !
Du coup, dans cette aventure, vous allez trancher, égorger, pulvériser, faire fondre les tripes et boyaux, brûler, désintégrer et boire le sang de vos victimes. C'était certes dans une certaine ère du temps (sortie la même année que Resident Evil), mais des deux, lui avait une vraie violence littéraire, avec une description clinique des horreurs que Kain faisait subir à ses victimes avec ses sorts et ses armes. Au passage, on a une VF superbe, appuyé par une écriture magnifique, qui a un côté très Dracula de Coppola dans le sens où il y a un aspect très esthétique de la description de la violence et du sang. Graphiquement, les scènes cinématiques étaient aussi super chouette pour l'époque (sauf quand même les mains, on sent que les mecs galéraient sacrément pour les dessiner proprement...) et le jeu, en vue du dessus restait joli à l'oeil et clair, une importante qualité. Manier Kain était d'ailleurs étonnamment simple quand on se rappelle à quel point les jeux de l'époque était parfois de vrai créateur de tendinites ou de colère (oui Tomb Raider, c'est ton over-rigidité dont je parle !), son scénario était chouette, et puis bon, jouer le méchant qui tue des civils et suce leur sang, ça n'a pas de prix ! D'ailleurs, assez étonnamment, cette vue en 3D isométrique n'a pas trop pris de ride, ce qui fait que le jeu est presque encore agréable à faire.
Et je dis presque, parce qu'il y a quand même un immense défaut à ce jeu pour un joueur de 2018 qui n'a pas connu la PlayStation : LES TEMPS DE FUCKING CHARGEMENT ! A l'époque, on en mettait partout, comme les cinématiques. Bon dieu, qu'est-ce que ça casse le rythme. Pour donner un exemple, vous aviez un système qui vous permettais de choisir un sort à tir unique ou un sort qui consommait votre mana via une croix qui autorisait 4 raccourcies. Le problème, c'est que le jeu vous fournissait bien plus que 4 sorts. Alors, certains n'étaient quasiment jamais utile (comme la téléportation au mausolée de Kain), mais il était facile de faire appel, notamment aux sorts à tirs uniques, à plus de 4 différents. Du coup, il fallait aller dans le menu pour ça. Boom, 5 secondes de chargements. Et une fois que vous avez choisis, 5 autres secondes de chargements. Vous voulez changement d'arme pour détruire ce dolmen ? 5 secondes de chargement à l'allée et au retour. Vous voulez reprendre votre épée ? Rebelotte. Vous vous êtes gourrés ou vous avez appuyer malencontreusement sur le bouton ? C'pas grave, vous attendrez bien 10 secondes !
Franchement, à l'époque, j'ai largement survécu et l'amour que j'ai pour ce jeu me ferai encore tenir, mais je n'arriverai plus, avec le confort des jeux actuels, m'abstenir de râler là-dessus. Mais ne vous fiez pas à ce défaut, il reste chiant mais mineur, faces aux torrents de qualités : Ecriture top, bon doublage (pour l'époque), richesse dans les possibilités, pleins de lieux dépaysant, on ne se sent jamais perdu, pleins de secret... En fait, c'était un peu le Zelda pour les assoiffés de sang... Et Dieu que c'était cool !