Je me souviens du boîtier de ce jeu sur Paystation, Les chevaliers de Baphomet, que je voyais sur les étals de mon magasin de jeux vidéo lorsque je séchais les cours. À l’époque, l’esthétique de ce jeu ne m’intéressait pas, pas plus que ses mécaniques d’ailleurs.


Approximativement deux décennies plus tard, à l’occasion de la sortie du cinquième épisode de la série sur Playsation 4, et alors que ce qui ne m’intéressait pas autrefois me semble beaucoup plus sexy aujourd’hui, je décidais de donner sa chance à ce nouvel épisode.


Grand bien m’en a pris puisque j’ai découvert un jeu au design remarquable et à la drôlerie bien sentie. Aussi bien les couleurs éclatantes et chaudes que les dessins (personnages et décors) sont une franche réussite et flattent la rétine. Les dialogues sont toujours orientés de telle sorte à faire sourire le joueur. Ils sont parfois même remarquablement fins. Les petits commentaires du protagoniste principal, l’américain George Stobbart qui ne peut visiblement ni s’empêcher de s’attirer des ennuis ni emballer la jolie Nicole Collard tranquillement, ne manqueront pas de vous arracher quelques sourires.


Il faut dire que le jeu vous pousse sans arrêt à essayer d’assembler certains objets entre eux ou parler de certains sujets avec les différents personnages croisés. Et les solutions s’avèrent parfois si abracadabrantesques qu’il n’est pas rare de tout tenter avant de trouver la bonne solution qui défie presque systématiquement la logique.
Oui, disons qu’il est peu probable que vous pensiez instinctivement à coller un trombone, préalablement trempé dans de la confiture, sur le dos d’un cafard que vous aurez apprivoisé et à envoyer ce dernier dans une trappe pour réparer un circuit électrique en fixant le trombone sur une fiche endommagée auprès de laquelle vous l’attirerez avec des morceaux de biscuits...
Inévitablement, dans ces conditions, les commentaires de George ne peuvent que prêter à rire. Mais à rire jaune aussi parfois...


Car si c’est finalement ce qui fait tout le sel de cette aventure, très terre-à-terre au démarrage mais qui se termine en what the fuck grand guignolesque, c’est aussi ce qui en fait son point faible principal puisque la logique semble complètement partie aux champignons.
Pour ceux qui aiment les solutions recherchées et réalistes, sans être évidentes pour autant, cette aventure pourrait être une torture. Rien n’est très cohérent et on passe d’une énigme à l’autre sans trouver les enchaînements et rebondissements particulièrement réussis.


Divisée en deux chapitres sortis indépendamment, suite à un financement participatif imposant de proposer un premier livrable assez vite, le jeu propose deux versions du même jeu. La première partie est très concrète et réelle tandis que la seconde se jette à corps perdu dans un délire ésotérico-mystique. Le basculement ne m’a pas particulièrement dérangé, pas plus que le déséquilibre, ressenti par certains joueurs, entre ces deux visions qui font l’identité de la série. Mais il faut dire que je n’ai joué à aucun épisode précédent et que je manque donc de recul.


L’ergonomie n’est clairement pas un point fort du jeu, mais on s’en accommode. Le curseur se déplace lentement, les menus sont peu inspirés et les mécaniques finissent par lasser. George est très lent à la détente et son temps de réaction fait peine à voir. En exagérant à peine, entre le moment où vous lui commandez de faire quelque chose et le moment où il s’exécute, Usain Bolt a le temps de boucler son 100 mètres. Ok, j’exagère beaucoup, mais il est vraiment très lent. Ça vaut également pour les dialogues qui mettent parfois de longues secondes avant de se déclencher. Ça ne dérangera pas les vieux de la vieille, mais, à la longue, ça m’a irrité d’attendre après le jeu. Ce n’est pas comme si cet opus mettait à terre les bécanes sur lesquels il tourne...


Bref, techniquement, ça ne vole pas haut. Mais l’aventure se boucle sans réel déplaisir, au bout d’une dizaine d’heures en ce qui me concerne. À noter la présence de pas mal de trophées farfelus pour ceux qui aiment ça (jetez un œil à un guide si vous voulez tout obtenir dès la première partie, sous peine de devoir recommencer le jeu).


Il m’a tout de même semblé assez flagrant que ce jeu se destinait moins aux profanes qu'aux habitués de la série. S’agissant d’un épisode financés par ces derniers, il leur est pleinement et logiquement destiné. Les personnages sont vraiment attachants, plutôt bien doublés également, et les habitués doivent les retrouver avec grand plaisir.


Mais je ne le trouve pas suffisamment emballant et immanquable pour le recommander à une personne qui n’a jamais testé la série. J’étais content de voir le générique de fin. Les énigmes tordues ont eu raison de ma patience. La lassitude s’était bel et bien installée et quelques heures supplémentaires m’auraient probablement plus qu’irrité.


Un jeu sympathique qui ne me marquera pas, malgré ses évidents points forts.

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le 16 sept. 2015

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