Le monde d'Amalur est habité par les Faes (des êtres immortels) et les "jeunes races" (elfes, gnomes et humains). Ce monde est déchiré par une guerre démarrée il y a 10 ans par Gadflow, un Fae de la Cour d'Hiver qui a pris le pouvoir par la force et transformé ses sujets en impitoyables Thuatas, contre les "jeunes races". Malgré leur courage, ces dernières reculent devant les coups d'ennemis qui ne meurent jamais vraiment. C'est dans ce contexte que l'on commence l'aventure. On créé d'abord son héros, en choisissant son sexe, sa race et son apparence ... et c'est tout ! De plus, il semblerait bien que le joueur soit mort au début du jeu ! Mais il est ramené à la vie dans le Puits des Âmes. S'en suit une aventure où on fera la lumière sur cette résurrection et ses conséquences (puisque le joueur est désormais affranchi du Destin immuable) et où on libérera le monde des Thuatas.
Ce qui frappe au départ dans ce jeu, c'est d'une part sa direction artistique très colorée et rappelant furieusement Fable et d'autre part son système de combat très accessible et souple. Le personnage, revenu à la vie, est une "page blanche" que l'on peut remplir à sa guise : à chaque montée de niveau, on peut choisir de mettre ses points dans 3 arbres de compétences, faisant du personnage un guerrier, un voleur ou un mage, voire 2 ou 3 classes en même temps. Il est même possible moyennant une dizaine de milliers de pièces (que vous atteindrez facilement après plusieurs heures de jeu) de renier sa Destinée et de redistribuer ces points comme bon vous semble.
Dans les faits, Reckoning est un Action RPG dans un monde ouvert. Les dimensions de ce monde sont un peu plus réduites que celles d'un Skyrim, par exemple, et les différents endroits séparés par des couloirs permettant de cacher les chargements (qui sont du coup moins longs et voyants que dans un Elder Scrolls). Ceci étant dit, il faudra beaucoup de temps pour tout explorer de ce monde rempli de villes, villages, grottes et autres châteaux, d'autant que les quêtes secondaires sont très nombreuses, au point de ne plus savoir rapidement où donner de la tête. Personnellement, je conseille d'en faire quelques-unes pour augmenter son niveau, mais pas toutes au risque d'être saturé. Le jeu est pourtant au départ incroyablement addictif : on est impatient de tuer encore plus d'ennemis, grâce à des combats très dynamiques et mis en scène de façon spectaculaire, à la manière d'un God of War, ce qui change des combats plus poussifs de Skyrim.
Après y avoir joué une cinquantaine d'heures (pour boucler l'histoire principale, les factions et être monté au niveau 36), je me retrouve dans la plupart des tests publiés : un jeu très bien fichu, mais assez répétitif, sans véritable personnalité. Le jeu pioche à droite et à gauche, tant dans son univers (de l'héroïc fantasy relativement classique), son système de jeu (les combats de Fable) et son déroulement (découverte des lieux dans le style des dernières productions Bethseda, quêtes secondaires signalées comme dans World of Warcraft, quêtes de faction comme dans les Elder Scrolls). La synthèse est cependant exemplaire, faisant de ce jeu mon premier coup de coeur de ce début d'année 2012. La direction artistique en rebutera peut-être certains mais pour ma part, je l'ai appréciée, contrastant avec le design plus terre-à-terre et gris de Skyrim.
Ce jeu ne s'adresse pas forcément aux fans purs et durs des RPG occidentaux. Mais ceux qui ont été rebutés par la relative austérité de Skyrim feraient bien d'y jeter un coup d'oeil. J'espère que ce jeu sera suivi d'une suite qui permettra de corriger les défauts et d'acquérir sa propre personnalité.