La Vie est belle
Life Is Strange pourrait être défini de bien des manières mais ce que ma mémoire de joueur retiendra c’est qu’il s’agit du premier jeu vidéo m’ayant donné le sentiment d’être humain. Jamais une...
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le 3 févr. 2015
96 j'aime
7
Life is Strange possède aujourd’hui une solide réputation dans le monde des fameux double A. Projet épisodique français à la Telltale, le jeu promet un focus sur une narration soignée, des personnages attachants et un parcours ponctués de choix influençant le reste de l’aventure.
Le petit twist ici vient du fait qu’une fonction de retour en arrière dans l’esprit de Prince of Persia période PS2 permet au joueur d’expérimenter chaque choix ou presque.
(7) days of Maxine
Max est une jeune étudiante en photographie dans la prestigieuse Blackwell Academy. Un beau jour d’octobre, alors qu’elle assiste impuissante à l’homicide involontaire de son amie d’enfance, Chloe, dans les toilettes du lycée, elle découvre qu’elle a le pouvoir de remonter dans le temps sur une courte période et de la sauver. L’intrigue se met peu à peu en place et embarque le duo sur les traces d’une ancienne étudiante disparue avec en ligne de mire une tornade gigantesque prête à ravager la ville à la fin de la semaine. L’histoire est surtout prétexte à mettre en scène les retrouvailles de Max et Chloe et l’évolution de leur relation. Les Français de DONTNOD ont potassé le guide du petit film américain indépendant en lice pour Sundance si bien que le joueur est immédiatement happé par une ambiance de douce nostalgie. Malgré un bilan technique mitigé, Life is Strange tient la route visuellement avec de jolis effets de lumière et un effet peint à la main sur les textures vraiment joli.
Mais ce qui fonctionne immédiatement et durant tout le jeu, ce sont les personnages. Ils ont tous un caractère bien défini, et si l’on pense croiser quelques clichés dans le premier épisode, tous évoluent et leurs relations se complexifient. L’écriture est remarquable, sublimée par un doublage parfait. On s’implique émotionnellement dans l’histoire de Max et Chloe et il est bien difficile de ne pas finir par tomber amoureux de cette dernière. Life is strange mène la danse à ce niveau dans le petit monde des jeux d’aventure. Les petites phrases, certains regards, la BO excellente composée de quelques morceaux originaux et d’autres sous licence ( Syd Matters, Alt-J, Angus & Julia Stone…), il n’est pas difficile de tomber sous le charme.
Un Max de choix
L’originalité de gameplay du jeu vient du pouvoir de Max. A n’importe quel moment, elle/le joueur peut rembobiner les évènements avec cependant une petite particularité : le voyage dans le temps n’affecte pas Max c’est-à-dire qu’elle ne revient pas physiquement à l’endroit où elle était lorsqu’elle rembobine et qu’elle garde son inventaire quoiqu’il arrive. On s’amuse donc à expérimenter avec ce pouvoir, en forçant par exemple une porte fermée puis en rembobinant une fois dans la pièce pour « annuler » les dégâts sur la serrure. De la même manière, en voyant une étudiante éclaboussée par une voiture roulant dans une flaque, on peut remonter le temps de quelques secondes et la prévenir. Le jeu propose de nombreuses interactions, non obligatoires, aux conséquences souvent négligeables. En revanche le pouvoir de Max prend toute sa dimension dans les dialogues. Pour chaque choix, on peut revenir en arrière et décider en connaissance de cause.
Max encourage d’ailleurs le joueur à essayer tous les choix possibles en se demander via une voix off si elle a pris la bonne décision.
Cet élément de gameplay apporte un peu de fraîcheur à un genre bien exploité mais ne change finalement pas fondamentalement son fonctionnement. En effet, on peut connaître les conséquences à court terme d’un choix grâce aux dialogues et revenir en arrière dans le cadre de la scène. Les effets à long terme, les plus importants sont imprévisibles et ne peuvent être corrigés. C’est une bonne chose car le joueur doit de toutes façons assumer ses décisions. Le pouvoir pourrait du coup passer pour un simple gimmick mais cette contradiction est l’un des thèmes importants de l’histoire. Même si Max peut modifier des évènements, elle doit assumer ses décisions à un moment ou un autre, sans revenir en arrière.
Finalement c’est dans le déroulement de l’histoire que le voyage dans le temps aura le plus d’importance et il donne lieu à des séquences inoubliables.
Gossip Girl
Life is Strange fait le pari de la narration environnementale. Chaque tableau est parsemé de documents à lire, de photos, de panneaux et d’objets avec lesquels interagir. Même si ces éléments nous en apprennent beaucoup sur l’univers et les personnages, ils sont souvent trop nombreux et redondants. Le jeu essaie de faire prendre son temps au joueur mais impose également un rythme un peu haché. Certaines séquences et dialogues s’étirent un peu en longueur et rendent les cinq chapitres de l’aventure assez inégaux. Le jeu aurait bénéficié à se concentrer parfois plus sur son histoire et à arracher encore plus le contrôle au joueur. Une scène du jeu nous en apprend un peu sur le passé de Chloe en guidant le joueur vers une cabane au milieu d’une décharge à la recherche de bouteilles en verre bien planquées. La logique d’exploration est louable mais peu palpitante manette en main là. On finit par trouver le lieu en question mais l’instant est un peu gâché par l’impatience suscitée par la recherche peu passionnante des bouteilles. C’est un exemple parmi d’autres, Life is Strange comporte malheureusement pas mal d’exploration dans le style. Le jeu est long (15h environ) et aurait mérité un peu d’écrémage.
De la même manière, le dernier chapitre comporte de superbes idées narratives et mais pèche un peu sur leur exécution. De nombreux couloirs, un petit jeu du chat et de la souris dépourvu de challenge et trop long. On arrive dans la dernière ligne droite un peu agacé mais heureusement la conclusion est à la hauteur.
Au final, Life is Strange est un jeu qui a marqué et continuera de marquer les esprits pour son écriture en or. DONTNOD a vraiment touché quelque chose avec son duo d’adolescentes et les différents éléments empruntés au cinoche indépendant. Certes, l’exécution est imparfaite et on trouvera parfois le temps un peu long. Ce serait cependant passer à côté de l’intérêt du soft que de le juger sur les quelques errances de son gameplay. Life is Strange est un jeu qui a du cœur et Max et Chloe ont désormais une place dans le mien.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs jeux de la PlayStation 3 (PS3) et Les meilleurs scénarios de jeux vidéo
Créée
le 9 avr. 2018
Critique lue 201 fois
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