Max Chronicles : Time Remix
Difficile de commencer à parler de Life is Strange sans d'abord évoquer le studio qui en est à l'origine: DONTNOD, studio français de son état ayant pondu le très bon Remember Me qui n'a malheureusement pas eu le succès escompté. Après un redressement judiciaire, un abandon de Capcom et une menace de faillite qui planait au dessus de leur tête comme une épée de Damoclès, DONTNOD a eu la volonté de se remettre en question, a malheureusement dû licencier pour perdurer car une société c'est comme une montgolfière (sigh)... Et grâce à l'apport financier de Square Enix, ils ont pu accoucher de leur nouveau bébé à qui je souhaite le plus grand bien: Life is Strange.
Je tiens à préciser avant de commencer les hostilités que le début de la critique portera sur l'ossature commune des différents épisodes, je continuerai avec une critique des épisodes en eux-mêmes, chacun aura donc droit à un traitement particulier. Et enfin je terminerai par une conclusion du jeu dans son ensemble une fois tous les épisodes sortis.
D'un point de vue de la réalisation technique, Life is Strange ne s'en sort pas trop mal. Certes on est loin du photo-réalisme mais le but des développeurs n'était pas là. Les textures sont bien détaillées, la modélisation des décors est très correcte. Pour les personnages ça souffle le chaud et le froid. En effet, si leur modélisation et leurs textures sont très bonnes, il n'en est pas de même de leurs cheveux qui ressemblent à des boudins, mais bon là je pinaille. Les animations des personnages sont aussi très rigides et ils sont assez inexpressifs, c'est vraiment dommage car pour un jeu qui veut mettre en avant la narration et les émotions, avoir un manque d'expression sur les visages des protagonistes ça fait un peu tache.
Au niveau artistique, le jeu ne fera pas l'unanimité (comme tout jeu ayant une patte graphique originale). Life is Strange est très réussi à ce niveau là, d'ailleurs il ressemble à une toile tantôt peinte à l'aquarelle tantôt crayonnée au pastel. En fait on dirait qu'on a appliqué un filtre Instagram. Que ce soit au niveau des couleurs utilisées comme dans la mise en scène ou du choix des musiques (j'y reviendrai), on a constamment l'impression d'être face à un film indépendant, vous savez ce genre de films où on a l'habitude de voir Michael Cera.
Et oui je parle bien de films car le gameplay n'est pas centré sur la dextérité du joueur mais sur les choix de dialogues effectués et l'utilisation de la faculté de Maxine à revenir dans le temps. Faculté qu'elle acquiert pour la première fois au début du jeu comme par hasard juste après son 18ème anniversaire et qu'elle apprendra à maitriser tout le long de l'histoire, peut-être une métaphore au passage de l'adolescence à la vie d'adulte.
Le gameplay quand à lui est très simple puisqu'il se limite à déplacer le personnage, choisir sa réponse dans les dialogues et remonter le temps pour résoudre quelques énigmes faisant avancer l'histoire. En gros, prenez Heavy Rain, enlevez les QTE et rajoutez-y les remix mémoriels de Remember Me et vous obtenez Life is Strange. Les musiques quant à elles sont vraiment très belles et bien choisies, elles collent parfaitement à l'ambiance du soft et ça donne envie de télécharger l'OST pour le coup. Prendre de l'indie folk pour un jeu indé s'inspirant de films indé, c'était une évidence après tout.
Et l'histoire, quand est-il ? Sans trop en dévoiler, il faut avouer que le scénario fait le boulot. C'est intéressant, bien écrit et on a envie d'en savoir plus. Les personnages sont des clichés comme on en voit souvent dans les films depuis The Breakfast Club, on y retrouve la pouf de service, le sportif populaire, la rebelle, des grosses têtes, un prof populaire auprès des filles,... En gros, on y voit les groupes sociaux habituels. Cela dit ils sont intéressants et plus profonds qu'ils n'y paraissent, et c'est amusant d'essayer d'apprendre à les découvrir car on a parfois des surprises, l'habit ne fait pas le moine comme on dit.
Épisode 1 - Chrysalis :
Comme d'habitude avec les productions à format épisodique, il y a inévitablement un cliffhanger à la fin de l'épisode (que je ne vous ferai pas l'affront de spoiler ici). La promesse des développeurs était que les actions et les choix effectués auront une incidence sur le déroulement des événements. Est-elle tenue ? Difficile de le préciser pour le moment mais on voit que les bases sont posées et on sent que certains événements auront bien une influence sur le futur. C'est amusant d'essayer d'imaginer dans quelles proportions. Il suffit de regarder le résumé à la fin de l'épisode (comme les productions Telltale) pour s'en rendre compte, surtout vu le nombre de choses que j'ai loupé malgré mes fouilles. Donc ma réponse serait "Non pas encore mais il ne faut pas oublier qu'il ne s'agit là que du premier épisode." Globalement je dois dire que j'ai été séduit par l'enrobage et j'ai hâte de voir la suite, en espérant que mes bonnes impressions ne se transformeront pas en vendetta. Le rendez-vous est pris pour le mois de mars.