A la recherche du scénario perdu
Un petit garçon perdu dans les Limbes part à la recherche de sa soeur...
Dans "Limbo", les limbes, concept théologiquement flou propice à la représentation d'artiste, sont dépeintes comme un univers mi-organique, mi-mécanique, sorte de forêt-usine gigantesque et délabrée, baignant dans un noir et blanc brumeux. L'ambiance et l'aspect graphique, très réussis, évoquent un croisement de "Sa majesté des mouches" et de "Coraline", revisité par un cinéaste expressionniste allemand. Un univers inquiétant donc,et à la tranquillité toute apparente, les rares silhouettes qu'on y croise (insectes géants, lucioles mangeuses de cerveaux, enfants aux jeux sadiques...) étant presque toutes hostiles au héros.
Notre garçonnet, astucieux, athlétique et inexpressif, sorte d'intermédiaire entre un androïde et une poupée de chiffon, doit donc traverser cet endroit en contournant obstacles et autres pièges mortels.
Outre sa beauté singulière et son ambiance immersive, Limbo séduit par son gameplay savamment étudié, judicieux mélange d'adresse pure, de temporisation et de résolution d'énigmes. Cette dernière partie atteint par moments des sommets d'inventivité, sur la seule base des lois de la physique élémentaire (mécanique, électro-magnétisme, gravitation) : celles que même un enfant de l'âge du personnage ne peut ignorer.
C'est simple, c'est beau, c'est prenant, c'est redoutablement bien animé. Cà se veut poétique, et çà réussit à l'être assez souvent.
Oui, mais çà coûte approximativement 15 euros.
A ce prix là, on pourra déjà regretter que l'aventure ne dure pas un peu plus longtemps (4h de jeu acharnées suffiront pour en venir à bout).
Pour ma part, je déplore plus encore le minimalisme frustrant de la séquence de fin, et sur ce qu'il révèle après coup : beaucoup d'inspiration et de recherche pour l'ambiance... mais pas le moindre scénario.