Avant de commencer Little Nightmares, je n’avais pas d’attente particulière. En vrai, je ne savais même pas à quoi ressemblait le gameplay du jeu. Tout ce que je savais, c’était que j’aimais l’esthétique Tim Burton-esque de cet univers et que cette licence a su développer une petite fanbase sur le net. J’ai éventuellement trouvé des soldes sur le 1er épisode dans sa version complète et j’ai donc décidé de me lancer dans cette courte aventure.
S’il y a bien quelque chose qui saute aux yeux dans Little Nightmares, c’est le minimalisme à tout instant. Il n’y a quasiment aucune musique, il n’y a quasi pas de lignes de texte, il n’y a pas non plus de synopsis ou courte intro qui ajoutera du contexte à l’histoire. Le jeu commence et vous êtes livré à vous même avec le personnage de Six, un petit être ressemblant à un (très) jeune enfant portant un ensemble jaune. Son visage est masqué, il se réveille dans l’obscurité, et le jeu commence. Comme dit précédemment, il n’y a aucune explication. À vous de découvrir les touches, la physique du jeu ou bien même le chemin à prendre.
Little Nightmares est un jeu somme toute linéaire qui se décompose en un certain nombre de salles par chapitre. Chaque chapitre a son propre thème et tous se suivent de manière logique - tels une BD. Les salles regorgent de puzzles qui viendront freiner votre progression par certains moments. Ces puzzles ne sont pas bien compliqués et exploitent le moteur physique du jeu qui est selon moi très bien réussi et qui nous donne l’impression que chaque objet peut être la clé d’une salle donnant du fil à retordre. Les effets de lumière sont superbes et les lieux représentés se complexifient au fur et à mesure du jeu pour donner lieu à certaines scènes marquantes qui vous resteront en tête pendant des jours durant.
L’ambiance de ce jeu est selon moi l’aspect le plus important de Little Nightmares. Aimer ce jeu, c’est se laisser être immergé dans son ambiance - très souvent bien glauque et inattendue. C’est se laisser porter dans l’histoire qui révèle ses mystères au fur et à mesure que les chapitres passent - sans jamais avoir le moindre dialogue. C’est le storytelling par les décors et le game design. C’est un jeu qui évoque l’effroi par ses bruitages et les rares notes de piano ou mélodies glauques que l’on entend loin dans le background. Little Nightmares, c’est un jeu qui se veut d’être vécu dans le noir complet avec des écouteurs. C’est un jeu qui sait vous angoisser sans imposer le moindre jumpscare. C’est d’une poésie et d’une réussite à couper le souffle pour un jeu avec un si faible budget. L’ambiance; c’est bien ça, sa grande force.
Si le jeu semble particulièrement bon dans ce qu’il fait, il a cependant quelques lacunes qui je l’espère seront corrigées dans sa suite. Tout d’abord, les puzzles ne sont pas toujours instinctifs. Le jeu a le parti pris de jouer le minimalisme jusqu’au bout - ce qui pourra décontenancer certains joueurs face à des puzzles pas tout le temps logiques. Un exemple : dans le chapitre 3, en arrivant dans une chambre et en y faisant le tour, je ne trouvais absolument pas quoi faire. Au milieu de cette chambre se trouve l’interrupteur d’une lampe, pendu par un fil qui se trouve à une distance parfaite de notre personnage. Cela me conduit à penser que m’accrocher à cet interrupteur pour l’activer est la solution. Sauter sur des câbles pour déclencher des événements était une mécanique déjà introduite jusque là et cet interrupteur est tellement mis en évidence qu’il me semblait obligatoire qu’il s’agissait de ce qu’il fallait faire. Hélas, il n’avait aucun intérêt et la solution était ailleurs. C’est ce genre de petits détails qui créent la frustration. On est pas toujours certains de ce avec quoi on peut interagir, et tout n’est pas tout le temps clair dû à quelques maladresses de game design.
Little Nightmares a beaucoup de moments “die and retry”, aka des imprévus qui vous tomberont dessus sans prévenir et vous tueront. Ce problème est peut être lié à la version Nintendo Switch seulement, mais les chargements prennent 30 secondes à chaque mort. Ça paraît faible, mais pour un jeu sur lequel les morts s’enchaînent extrêmement vites à la façon d’un Limbo, cela devient vite embêtant, couplé aux problèmes de game design expliqués plus haut. En testant plusieurs choses sur un puzzle imprécis qui vous conduiront à votre mort de manière répétée, vous allez vite avoir envie de consulter une soluce simplement pour ne plus avoir à faire à ces temps de chargement abominables. Dernier point qui fâche : les plans de caméra sont parfois très imprécis et certains passages vous tueront seulement dû à l’emplacement de la caméra et le manque de visibilité de votre personnage. Il m’est arrivé pleins de fois de tomber dans le vide juste parce que la caméra était très mal placée et que je ne savais pas si je marchais en ligne droite sur un tuyau. Ce manque de précision est très frustrant, notamment lorsque vous enchaînez des scènes d’anthologie à toute allure, et que vous vous tuez de la plus bête des façons juste après un feu d’artifice d’animation. Ça casse un peu l’immersion et c’est regrettable.
Le jeu a un DLC d’une longueur quasiment similaire à l’histoire de Six. Je ne peux que vous le conseiller pour revivre toute cette histoire sous un point de vue alternatif avec plus de puzzles, salles et scènes très creepy. De tout ça s’en résulte une expérience quand même très courte. Entre 3 et 5 heures max pour l’histoire de Six, et très légèrement moins pour le DLC, soit un bon total de ~8/10 heures. Il est vrai que ça peut paraître peu pour un jeu de ce prix (hors soldes), mais l’expérience est si originale et captivante que ça serait dommage de se priver.J’ai adoré mon aventure dans Little Nightmares et pleins de mystères vis à vis du lore du jeu restent encore en suspension. J’ai pris connaissance de spin-off qui explorent davantage le lore de cette série, dont une application pour smartphone qui permet de vivre le prequel de Little Nightmares sous forme de BD animée. Il y a également un autre prequel, sous forme de jeu pour smartphone là encore, du nom de Very Little Nightmares. Je vais me plonger dans ces nouvelles expériences pour en découvrir un peu plus sur cette univers et avant de me lancer dans Little Nightmares 2, dont mes attentes sont plus élevées.
Coup d’essai réussi pour Tarsier Studios qui ont réussi à créer une licence hypnotique et dont le lore fascine tout comme il angoisse. Little Nightmares n’est pas un jeu d’horreur comme les autres - c’est une expérience complètement à part qui doit se vivre pour être comprise. Je ne risque pas d’en faire des cauchemars de si tôt, car la nuit blanche se profile devant moi avec Little Nightmares 2.