Little Nightmares II, énième jeu au nom dégueulasse en anglais, mais qu’on ne traduit plus dans notre beau pays par solidarité charnelle avec l’oncle Sam, j’imagine. Il s’agit d’une suite indirecte au premier opus sortie en 2021. Indirecte, car c’est une nouvelle histoire, avec d’autres personnages dont les mécaniques et l’esprit général reprennent beaucoup ce qui avait été entrepris dans Little Nightmares (2017). Comme dans un conte, vous incarnez un petit garçon perdu prénommé Mono, abandonné dans un monde étrange et sinistre qu’il vous faudra parcourir de gauche à droite dans des environnements 2,5D particulièrement réussis. Tout le charme du titre se trouve dans sa direction artistique. Les monstres et autres hostiles prêts à vous dévorer possèdent un design proche de l’horreur grotesque, à mi-chemin entre une marionnette et une poupée en chiffon. La patte graphique de Little Nightmares II est unique et particulièrement réussie à n’en pas douter. La dimension horrifique n’est pas en reste non plus, si le jeu n’a pas pour objectif de vous tétaniser dans votre canapé ou siège de gamer à 150 € chez Conforama, il vous filera néanmoins quelques frissons d’épouvante en particulier grâce à une mise en scène mémorable de certains ennemis. Je pense à la maîtresse d’école et sa compétence spéciale…

Dans cette deuxième itération, votre petit personnage sera accompagné d’une fille répondant au nom moisi de Six. Mono et Six, tels Orphée et Eurydice, devront s’entraider tout au long de l’aventure par le biais d’actions contextuelles favorables à la coopération afin de sortir de cet enfer. Sachez qu’il n’est pas possible de jouer à deux, c’est une coopération avec l’IA. Le point fort de Little Nightmares II demeure sa mise en scène et son ambiance. Si vous avez apprécié le premier opus pour ces raisons-là, vous devriez aimer cet épisode. Côté scénario, au départ, on ne comprend pas grand-chose car comme la plupart des jeux du genre (Limbo, Inside etc.), il n’y pas de dialogues, pas de note à ramasser vous expliquant l’histoire. Puis lorsqu’arrive la fin, tout fait sens. J’ai beaucoup apprécié la conclusion, on ne s’attend pas du tout à cela, du moins, pas sur la forme. D’ailleurs, le titre des équipes de Tarsier Studios se termine un peu comme dans la tragédie grecque précitée, avec un Orphée cédant à la tentation à l’origine de son malheur. Je n’en dirai pas plus.

Beaucoup d’éloges finalement pour un jeu noté 7/10, en effet, le bât blesse lorsqu’on aborde la maniabilité. Pour ma part, j’ai vraiment du mal avec cette inertie et cette lourdeur caractéristique de la franchise. Le personnage est pourtant petit et agile, mais à la manette, vous avez l’impression de contrôler un camion-benne. Pareil au niveau des contrôles, certaines actions sont peu instinctives, peu précises et difficiles à réaliser : les combats, sauter d’une corde, jeter un objet etc. Il faut en permanence jauger le délai entre ce qu’on veut faire et le temps que le personnage va mettre pour réaliser l’action. Enfin, l’aspect « die & retry » m’a fait souffler à certains moments. Vous êtes parfois obligés de vous faire péter la rondelle pour comprendre ce qu’il faut faire. Voilà. C’est bête et méchant mais j’imagine que c’est un passage obligé si les développeurs ne souhaitent pas vous voir terminer leur titre en moins de 3h. Terminé en 6h30, il y a des passages peu évidents. Je pense à la cuisine avec les autres enfants, j’ai mis du temps à comprendre ce qu’il faut faire pour se fondre dans la masse. Non pas que je sois bête ou peu concentré, mais la mécanique en question n’est pas du tout instinctive et peu lisible. En réalité, si les niveaux et la direction artistique sont sublimes, ces deux aspects chers aux développeurs suédois prennent le pas sur la lecture et la compréhension du joueur.


En conclusion, j’ai tout de même passé un très bon moment en compagnie de Little Nightmares II, un titre à l’ambiance exceptionnelle et à la mise en scène quasi-cinématographique. C’est très joli, inquiétant, finement réalisé grâce à des effets d’éclairage de toute beauté, mais on finit par s’ennuyer un peu dans le dernier segment car le gameplay est monotone et lourdingue. Heureusement que le titre ne dure pas 10h et que le scénario élève l’ensemble. L’aspect épouvante est très bien senti et plus marquant que dans le premier opus, c’est très appréciable. Allons à l’essentiel : si vous avez aimé le premier, sachez que Little Nightames II reprend à la lettre les mécaniques, la maniabilité et l’ambiance. Si vous n’avez pas particulièrement aimé la proposition pour les raisons évoquées ci-dessus, pas la peine de l’essayer, vous allez être déçus. A vous de jouer !

silaxe
7
Écrit par

Créée

il y a 9 heures

silaxe

Écrit par

D'autres avis sur Little Nightmares II

Little Nightmares II
orugari
5

Toujours aussi beau, toujours aussi médiocre

Grand amateur de média glauque, ce little nightmare 2, que je n'attendais absolument pas m'as convaincu de m'y pencher... On retrouve donc une ambiance aussi sale que le premier, plus inspirée et on...

le 14 mars 2021

14 j'aime

Little Nightmares II
phulos
6

Critique de Little Nightmares II par phulos

Première chose qui me vient en tête : le travail sur le son est vraiment incroyable, c'est digne d'un gros AAA et je vous en conjure : jouez avec un casque ! Faites gaffe cela dit, le début du jeu...

le 14 févr. 2021

7 j'aime

Little Nightmares II
So-chan
8

Petits cauchemars entre amis

Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog. Tarsier Studio avait su frapper fort et juste avec Little Nightmares, un jeu horrifique misant sur les peurs infantiles...

le 15 févr. 2021

6 j'aime

Du même critique

Fondation - Le Cycle de Fondation, tome 1
silaxe
5

Il était une fois dans une lointaine galaxie...la déception.

Je vais probablement fâcher beaucoup d'entre vous mais personnellement je n'ai pris aucun plaisir à la lecture de ce premier tome du célèbre cycle d'Asimov. N'étant pas un lecteur adepte de...

le 19 juil. 2015

20 j'aime

7

La Domination masculine
silaxe
8

À lire et à relire !

Il faut dire qu'on fait difficilement plus efficace, plus fort et plus clair que l'écriture de Pierre Bourdieu. Un professeur de sociologie absolument brillant qui s'attaque ici à un sujet difficile...

le 17 janv. 2015

19 j'aime

7