2 ans. Voilà deux années que j'attendais ce jeu avec la plus grande impatience. Pourquoi ? Eh bien, ma réponse se résumerait à ce seul nom : Sakaguchi. Le créateur des Final Fantasy jusqu'au neuvième opus, une série qui m'aura fait rêver de longues années. 22 Février 2008, je me tiens devant le seuil de mon magasin préféré. Lost Odyssey est enfin mien. Mais, en entendant les avis d'un certain site commencent par jeuxvideo et finissant par com, je me suis demandé si le testeur était pas un gros bourrin qui n'a aucun sentiment et aucune imagination. Je me suis mis a le maudire, le haïr car il a osé mettre un 11 à ce jeu. Mais lorsque j'insère la galette dans la bobox, et après avoir joué longuement, je me suis dit : « il a peut être pas tort ».
Ca commence en demi-teinte...
Pourtant, au lancement de l'impressionnante cinématique d'intro, la fameuse bataille introduisant Kaim Argonar l'immortel, tout laisse à penser que ce jeu promet beaucoup. Mais déjà les premiers signes d'un jeu inégal apparaissent : mais qui a bien pu mettre un casque toque à ces pauvres soldats ? Que viennent faire des théières géantes munies d'une épée gigantesque sur le champ de bataille ? Et surtout, comment M. Sakaguchi a pu laisser passer cette faute de goût ? Mais reconnaissons qu'en dehors de ce gros problème de design, la cinématique est très efficace. Le pire, c'est que les personnages principaux sont également très inégaux , surtout les femmes, qui sont vêtues d'accoutrements qu'on pourrait décrire comme une mixture indigeste entre les habits style époque napoléonienne et tenue de clown d'un cirque bas de gamme. Les designers seraient-ils sexistes ? Pas tant que ça quand on voit la tronche de Tolten, censé être l'héritier du trône de Uhra, avec son armure saint Seyia et sa tête de gros bébé. Heureusement que le héros (enfin pas vraiment le héros principal, j'y reviendrais plus tard) bénéficie d'un bon design, sans réelle faute de goût.
M. final fantasy sait toujours raconter une bonne histoire
En effet, l'histoire se révèle (et heureusement pour un rpg) assez intéressante, quoique reposant sur des bases classiques : Kaim argonar, immortel ayant vécu plus de mille ans, est devenu soudain amnésique, un peu chiant pour mille années de souvenirs. Il tentera donc de connaître ses origines car, à l'évidence, il ne vient pas de cette planète (qui n'a pas de nom) et surtout pourquoi et comment s'est il retrouvé sur cette dernière. C'est aussi le cas d'autres immortels, comme Satie Balmore, pirate redoutée voguant sans vrai but dans les océans, possédant un fils, du nom de Sed, qui n'est pas immortel, lui. Ensuite vient la reine Ming, gouvernant Numara, sublime ville portuaire pacifique. Enfin, Sarah Sisulart, amour de Kaim depuis mille ans (ça doit être lourd au bout de 1000 ans). Bien le grand méchant est présent, il se nomme Gongora, prénom magnifique (ou pas...) et il a un méchant plan pas gentil : il cherche a rendre tous les immortels amnésiques pour pouvoir ainsi leur cacher la vraie raison de leur venue dans ce monde, et ainsi pouvoir dominer le monde grâce au pouvoir de l'immortalité. Je vous ai prévenu c'est du classique ! Mais l'histoire, c'est aussi la psychologie très profonde des personnages du jeu, et on en saura plus grâce aux rêves de Kaim et 'autres intervenants : sous forme de texte enrobé de dessins et de motifs donnant une touche graphique nouvel très agréable, ces textes sont aussi magnifiquement écrits, et constituent peut être l'une des grandes réussites de ce jeu, notamment leur musique discrète mais souvent très en adéquation avec les moments du texte. Tantôt triste, tantôt joyeux, inquiétant voire effrayant quelquefois, ces textes m'ont procuré beaucoup de sensations, que je ne pensais malheureusement pas trouver dans ce jeu.
Techniquement très hétérogène
C'est sûrement le point noir, le truc qui va vraiment tout massacrer dans ce jeu, je parle évidemment des temps de chargement : comment, en mettant le jeu sur quatre DVD, les développeurs nous imposent des loadings de 20 secondes et au mieux de 10 ? Je me le demande. Et ne croyez pas qu'ils peu nombreux oula non ! On rentre dans une auberge paf ! 10 secondes. Une cutscene se déclenche 20 secondes, et il ne faut pas oublier que même entre ces cutscenes des loadings apparaissent. Sans compter que le jeu se permet en outre d'avoir un frame au mieux passable, au pire désastreux. Pourtant, l'unreal engine 3 n'est pas sujet à ces tares techniques.
Rassurez vous c'est différent au niveau graphique, mais encore une fois inégal (a croire chérissent ce mot). On peut passer d'un niveau magnifique, tel la cité de Gothza, immense et très impressionnante au point de vue graphique, avec des effets de lumières à tomber et un design somptueux, à un niveau atroce, comme les cavernes noires, remplies de combats biens lourds et difficiles, mais cela dit pas très nombreux, avec des graphismes sans inspiration : on se croirait devant un assemblage de décors en carton pâte, qui feraient trembler davilex ! Un terrible souvenir. Mais, pour conclure ce bilan des graphismes, disons que c'est globalement plutôt beau. Je ne ferais pas de bilan du cote technique, vous savez ce que j'en pense ^^
3, 2, 1 : fight !
finissons sur un point qui est plutôt positif : les combats se déroulent d'une manière classique, mais grâce a certaines très bonnes idées, le jeu se démarque d'un FF par son cote posé et surtout très tactique : signalons tout d'abord un système de tour par tour qui rejette le traditionnel ATB, en clair vous choisissez tranquillement vos actions pour chacun des persos, sachant que l'ordre de passage est important pour espérer survivre a certains affrontements, par exemple si Kaim attaque avec son épée, il interviendra dans les premiers tours, si il utilise un objet, il aura le premier tour du combat . En revanche pour les gros sorts, ce sera en dernier que le perso agira, voire passera son tour si le sort est puissant. Notons aussi le système de mur : il faudra en fait mettre les combattants qui ont le plus de pv devant et les mages derrière : ainsi, si les monstres attaquent ces derniers, ils feront peu de dégâts. Par contre si le mur défensif est anéanti ils subiront de plus gros dégâts. Et ce n'est pas un système inutile, il faut vraiment en prendre compte ! Enfin le système de lien de compétence, qui permettra aux immortels d'apprendre les techniques et sorts des mortels (curieusement, excepté Tolten, ils ont un bon design surtout le pirate Sed qui a une super tête !). C'est aussi simple que ça, la petite subtilité étant que vous avez un nombre limité de compétences disponibles en combat (mais vous pourrez en avoir plus après. Il faut savoir qu'on peut apprendre également les compétences des accessoires.
Enfin pour finir vous aurez des anneaux qui vous permettront d'infliger des dégâts variant selon le type d'anneau, et permettant un petit jeu d'adresse sympa, qui permet d'apporter du dynamisme aux combats qui en ont vraiment besoin. Ils ne sont pas mauvais, loin de là, mais lors des actions des personnages, c'est vraiment mou du genou.
Terminons sur la bande son : c'est très bon, même excellent, Uematsu oblige. Il nous gratifie toujours de ses musique associant des instruments a priori incompatibles (des guitares électriques avec un piano faut savoir le faire !) Et d'une musique de combat final démentiel.
Graphismes : 13/20
Une note sévère mais qui traduit mon exaspération face aux loadings intempestifs et affreusement longs ainsi que du frame rate moyen. En revanche graphiquement c'est vraiment chouette, quoique inégal par moments. Le jeu perd aussi des points à cause character design souvent immonde des personnages alors que les décors sont souvent très beaux.
Gameplay : 12/20
Un système de combat bien rodé mais un peu mou, des phases d'exploration plaisantes et une histoire qui accroche bien comme il faut. Cela aurait été très bon si le level design n'était pas aussi loupé au niveau des donjons.
Durée de vie : 17/20
Rien à dire il faut environ 40-50 heures pour en venir à bout, rajoutez en environ 30 de plus et ça fait une excellente durée de jeu de 80 heures
Bande son : 17/20
Ah bah c'est Uematsu, donc c'est forcément génialissime ! Malgré quelques musiques un peu ratées, c'est du tout bon ! Les voix sont quant à elles correctes sans plus pour la vf, très bonne pour la version us. Les bruitages remplissent leur mission
Scénario : 18/20
Si je mets une note aussi élevée, c'est pas grâce à son histoire en général, qui est de bonne qualité, mais c'est surtout les nouvelles de Shigematsu qui m'ont scotché par leur beauté et leur tourbillon de sentiments, très rare dans un jeu de vraiment être triste face à une scène, ce jeu y arrive, et réussit la prouesse de ne pas conter ces nouvelles par une cinématique sans âme. Bravo !
Conclusion : ce jeu m'a déçu, c'est certain ; alors que je pensais avoir en face de moi une aventure palpitante, pleine de moments épiques ou tristes, avec des graphismes à pleurer et une technique sans faille, le tout agrémenté d'un système de combat avec une excellente mise en scène, je me retrouve avec un jeu qui est loin de mes attentes : aventure qui accroche mais ne délivre presque aucun moment vraiment épique ( mis à part le combat final, dantesque ), ni même drôle ( Jansen, le rigolo de service, ne fait rire que par sa tête à claques ) , des graphismes inégaux mais réservant quelques magnifiques plans, et un système de combat bien foutu mais lent, on peut dire que donner une note à ce jeu est vraiment difficile, tant il se révèle inégal ( tiens, moi aussi j'aime ce mot ).
Si le jeu avait été de la qualité de ses nouvelles, je lui aurais mis un beau 18/20, malheureusement ce n'est pas vraiment le cas. Reste un bon jeu, mais qui ne marquera que peu de gens. Dommage.
Note : 13/20